« La misère »
Je marche la tête basse, le cœur en colère, Jetant mon pied dans les cailloux esseulés, Les envoyant hors de mon chemin de galère, Les imaginant êtres, cette société éhontée.
Je ne suis qu'un miséreux de tous rejeté, Entouré d'êtres vaniteux et narcissiques, Tenant déjà en main la pierre à me jeter Si jamais, leur aide, je venais à demander.
Me voir les incommode. Alors ils circulent, Le regard rivé sur les bouts de leurs souliers. Mais cette gêne, dernier relent d'humanité, passera, Lorsque, au chaud, chez eux, ils entreront souper.
Après tout se disent-ils, cyniques et bienheureux ! Ne faut-il pas, en ce monde, un peu de miséreux ? Pour que l'aumône désintéressée que nous leur faisons, Amoindrisse le montant des impôts que nous payons !
Et puis franchement, se disent-ils hypocrites encore, Pourquoi y aurait-il à redire qu'ils soient là en dehors, Si, le bien qu'ils se font en tapant du pied dans les cailloux, Nous évitent d'être obligés de les traiter comme des voyous.
Hier, comme eux, je m'accommodais des miséreux. Pétri d'indifférence, d'eux, je détournais mes yeux. Perdre ce qu'on a construit sans en être responsable, Aujourd'hui c'est sur moi que ce malheur s'installe, Demain, peut-être, cette souffrance sera pour eux.
Je marche toujours la tête basse, le cœur en colère, Jetant plus fort mon pied dans les cailloux esseulés, Les envoyant plus loin hors de mon chemin de galère Imaginant cette fois que mon pied frappe tous ces blasés de ma misère, prêts à me lancer la première pierre.
Johan (JR.).
Je dédie cette poésie à « Annie » et à « Mondo », rejetés de la société des hommes, et même des rues de ses villes ! A vous deux, avec toute ma profonde et amicale admiration pour votre courage et votre dignité ! Je vous aime !
Image du film : " les Amants du Pont Neuf "
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