J’ai atteint le bout de la route, avec la pluie et le vent en bruit de fond. La fureur de la ville et ses démons de papier ne peuvent plus me toucher. Une voix métallique s’insinue dans ma tête.
« C’est la fin. Viens tenter ta chance avec nous. La fin est ton amie. N'en ai pas peur. Elle va te prendre, t'emmener haut et loin. »
J’aime ce chant de métal. Il m’apaise, me couvre de ses paroles fanées. Je me demande où aller.
« Au commencement, le cœur des éléments, dans la furie de l'air, la terre, l'eau et le feu. La terre t'appelle. L’entends-tu ? Elle veut son fils. La fin lui apporte son enfant. »
Ma bouche sent le goudron, mes jambes pèsent des tonnes. Le tonnerre crie à l’horizon. La route va m’avaler.
« Fais l'amour avec l'air. Fond toi avec l'eau. Bois le feu de tes lèvres. »
Le goût du pétrole m’enivre. Le ciel gronde une dernière fois.
« Bois l'air. Fais l'amour avec le feu. Accueille l'eau dans tes bras. Fais l'amour avec l'eau. Laisse le feu t'envahir. Deviens l'air toi aussi. »
J’aime ce chant de métal. J’aime son lit de paroles fanées.
« Tu es la terre, maintenant. Le début et la fin. »
L’orage s’illumine d’un torrent de lumières. Un signe fabuleux, la réponse à mes questions. Je m’allonge.
« Le début et la fin. La fin, la fin, la fin, la fin. »
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