Le rapide train chatoyant me trimballe
Dans les soubresauts de ce faste dédale
Les doux paysages me mitraillent en rafale
Et mes yeux s’écarquillent à ce beau festival
Chaque village se dévoile théâtre royal
Au détour escarpé d’un coteau vallonné
Qu’aborde l’orée d’un riche bois sculpté
On a peine à croire que l’on ne fera escale
Le soleil dans les ombres joue à cache-cache
Il me fait un clin d’oeil embrasant la nature
Je badine avec lui et de sa raie trop pure
Il me rattrape et me tutoie de sa sombre tache
Le paysage coure et me laisse bien seul
Dans ma rêverie de ces gens, tant d’amis
Ils pourraient l’être si mon train sans préavis
Pouvait s’arrêter prés de ces champs d’éteule
La mélopée de ses roues d’acier me berce
Et ma pensée conduit l’orchestre silencieux
Des images de mon passé le plus précieux
Endormi je me dévoile un avenir que je perce
Quand je m’éveille, les yeux fixés à l’horizon
J’aperçois au très loin cette silhouette trapue
Elle dessine la grande courbe toute émue
De traîner ce monde des voyages trop longs
La nuit a effacé le jour, s’entrechoque les essieux
Le ralentissement interprète le prochain repos
De la BB sur les quais de la gare où les badauds
Sourires aux lèvres attendent pressés leurs aïeux
Æ’C