Chapitre 23 : DDTX Théodore le prudent se sentait libéré, il venait de finir de solder sa dette à l’égard d’Alphonse. Ainsi il ne serait plus obligé de se montrer obéissant en toutes circonstances. Cependant d’un autre côté il éprouvait un malaise à cause de la violation de son serment solennel. Il transgressa sa promesse de ne plus dérober des objets. Cependant il détestait atrocement les dettes financières contraignantes. Alors il replongea en tant que voleur pour accumuler rapidement des fonds. Il commit d’ailleurs une attaque très audacieuse au musée du Louvres à Paris pour mettre fin rapidement à sa créance. Il vola le célèbre tableau de la Joconde. Il persuada des sbires écologistes que cela constituait un moyen d’entrer dans les annales, et les doterait de moyens financiers très utiles. L’œuvre d’art bénéficiait de mesures de sécurité particulièrement développées, elle possédait une réputation d’inviolabilité. Elle se trouvait sur un mur avec un blindage qui résisterait à un tir de missile. La Joconde était surveillée par des vigiles armés de pistolets et de mitraillettes. En désespoir de cause, des diffuseurs de gaz soporifique entraient en action. Néanmoins le prudent mit au point plusieurs parades, il entra avec plusieurs subordonnés dans le Louvre et il menaça de brûler le musée au lance-flammes. Des gardes se firent complices et aidèrent à cause de proches qui servaient d’otages. Théodore s’empara du tableau, mais il se souviendrait très longtemps des moyens déployés pour l’attraper. Il s’attendit à un comité d’accueil impressionnant, mais il ne pensait pas que plus de mille policiers essayeraient de le traquer durant la course poursuite. Heureusement il prévit des dizaines de plans de secours, il n’arriva à semer les forces de l’ordre qu’en recourant au plan Z. Il demanda à un de ses subalternes de se faire sauter dans un attentat suicide. Le sbire bourré d’explosifs emporta avec lui plus de dix policiers. Devant les moyens extrêmes mis en place pour attraper le prudent et ses subordonnés, ceux-ci décidèrent de faire profil bas, de ne pas se vanter de leur coup réussi, et de vendre très discrètement la Joconde. Le prudent fit croire à Alphonse que ses richesses venaient d’un héritage de famille. Albert : Pourquoi est-il nécessaire de faire sauter le centre d’enregistrement clandestin ? Alphonse : Pour deux raisons, une explosion fera plus de dégâts, et surtout le centre est protégé contre les virus informatiques et, les attaques magnétiques. Albert : Je croyais que ceux qui inventaient des virus avaient toujours un coup d’avance sur les concepteurs d’anti-virus. Alphonse : Généralement oui, mais le centre possède un système anti-virus très spécial. Albert : Qu’est-ce que le centre a de particulier ? Alphonse : Il est protégé par une intelligence artificielle, qui le jour comme la nuit renforce les protocoles de sécurité informatique. Albert : Comment va-t-on neutraliser l’intelligence artificielle ? Alphonse : Elle ne représentera pas un danger, si nous agissons avec célérité, en assommant rapidement les six informaticiens du centre. Albert : Autrement, cela va bientôt être le cinquième anniversaire de la fondation des chevaliers de Gaïa. Ce serait bien de marquer le coup. Alphonse : Je préfèrerais attendre le dixième anniversaire, pour mettre en place des festivités particulières. Albert : Théodore tu es avec moi ou avec Alphonse ? Théodore : Plutôt que de commémorer une date, je serais plus pour fêter l’adhésion du centième chevalier à notre organisation. Alphonse : Étant donné qu’il y a quatre-vingts chevaliers actuellement, et que nous recrutons deux à trois nouveaux membres par mois ; il faudrait théoriquement attendre plus de six mois avant que ton idée se concrétise, Théodore. Albert : Sept à huit mois d’attente c’est beaucoup moins long que cinq ans, de plus je trouve originale l’idée de Théodore, je vote pour. Alphonse : Après réflexions je donne aussi mon accord. Théodore : Merci les gars, il reste maintenant à définir la question des dépenses pour la fête, et de l’endroit où elle se déroulera. Alphonse : On verra cela plus tard, on arrive bientôt à notre cible. Après quelques minutes de lutte, les chevaliers prirent le contrôle du centre d’enregistrement. Alphonse le modéré fut surpris par la facilité de l’attaque. Il savait que Dominique Bollet choisissait parfois la discrétion au détriment de la sécurité. Mais le modéré ne pouvait s’empêcher de sentir qu’un piège se refermait sur lui et ses compagnons. En effet il trouvait un peu trop calculées les réactions des sbires, comme si ceux-ci avaient reçu l’ordre d’opposer le moins de résistance possible. Théodore lui ressentait autre chose que la peur d’un traquenard. Il devait lutter contre l’envie de tuer par derrière ses amis, pour prendre le contrôle des chevaliers. Albert était encore plus instable, sa partie sombre lui soufflait de manger ses camarades, puis de dévorer un de ses bras comme dessert. Albert : Plus que quelques fils à connecter, et la bombe sera prête. Mais que ? Des portes se ferment. On est coincés, qu’est-ce que cela veut dire ? Un téléphone se mit à sonner. Je vais répondre. Dominique : Bonjour messieurs les chevaliers, je dois vous informer que vous êtes repérés, et que plusieurs équipes de mercenaires convergent là où vous vous trouvez. Vous avez deux choix, le suicide ou la capture, au revoir. Albert : Dominique Bollet, sale enflure, si je m’en sors, je jure de te faire regretter tes fanfaronnades. Avez-vous une idée les gars, pour nous tirer du guêpier dans lequel nous sommes ? Théodore : Il n’y a pas de fenêtre dans cette pièce, et il nous faudrait vraisemblablement des heures voire des jours, pour ouvrir les portes blindées. Je crois que nous allons devoir nous suicider. Albert : Alphonse tu n’as pas une suggestion pour nous sortir de là ? Alphonse : J’ai bien un plan mais il est dingue, il consiste à chanter. Hého le soleil brille, brille, la pluie n’est pas prête de tomber. Les portes blindées s’ouvrirent. Albert : Ça marche l’alarme est désactivée, et nous pouvons nous en aller. Ah oui il faut aussi régler le compte à rebours de la bombe. Maintenant partons. Dominique Bollet le président n’en revenait pas, que les chevaliers s’en soient tirés, et aient réussi à faire exploser leur bombe. Dominique prit pourtant un maximum de précautions pour que son plan ne soit pas trahi. La seule personne au courant de ses intentions d’après lui était Xavier Cého le pape, et celui-ci jura qu’il ne dévoilerait aucun détail du stratagème destiné à capturer les chevaliers. Cého s’avérait une personne qui pouvait trahir sans vergogne ses promesses, mais cependant cette fois il respecta ses engagements. Pour Bollet il y avait une seule explication possible à l’évasion des chevaliers, ceux-ci disposaient de la faculté de lire dans les pensées. Le président pensait que son raisonnement s’avérait plausible. Des êtres avec une intelligence inférieure à la sienne, n’avaient aucune chance de l’emporter sur lui, sauf s’ils possédaient des pouvoirs surnaturels puissants. Alors Dominique se décida lui aussi à développer des capacités magiques, il suivit des entraînements pour développer son potentiel psychique. En outre il créa un département spécial au sein de sa multinationale, le bureau des facultés spéciales. Cette structure devait traquer tous les individus, qui se vantaient de pouvoir lire dans les esprits, et les mettre à mort. Le président ne supportait pas qu’il soit possible de découvrir ce qui se passait dans sa tête. Il craignait plus que tout que ses ennemis, en découvrant ses véritables intentions, ne s’unissent, et ne fassent échouer ses nombreux projets. Pourtant aucun chevalier n’était capable de lire le contenu des esprits. Il y avait bien certains d’entre eux qui s’intéressaient à la magie, et aux phénomènes surnaturels. Cependant la capacité de deviner les pensées d’autrui, demeurait une faculté inaccessible pour Alphonse, Albert et Théodore. Théodore : Alphonse comment as-tu deviné que ta phrase chantée nous délivrerait du piège que nous subissions ? Alphonse : Gaïa m’a informé du mot de passe, qui provoquait la désactivation du système de sécurité du centre. Albert : Tu es vraiment béni, c’est une excellente nouvelle. Cela prouve que notre cause sert vraiment les intérêts de la nature. Théodore : Je suis d’accord sur le fait que nous sommes des défenseurs de la nature, mais je demeure sceptique sur l’existence des divinités. Albert : Théodore tu es l’éternel sceptique. Même si Gaïa apparaissait physiquement devant toi, tu douterais de tes yeux et de tes oreilles. Alphonse : Quoiqu’il en soit je suis pour que les chevaliers se mettent à honorer Gaïa. Celle-ci nous a rendu de nombreux services, elle mérite notre reconnaissance. Théodore : Je suis absolument contre l’idée d’un culte officiel chez les chevaliers. Cela risque de rendre plus difficile le recrutement de nouveaux membres. Alphonse : Ne t’en fais, prier Gaïa ne sera pas obligatoire. Ceux qui refuseront de la vénérer ne seront pas sanctionnés. Théodore : Ce n’est pas suffisant, je suis certain que nous perdrons de l’influence et de la popularité, si la majorité des chevaliers s’adonne au mysticisme. Alphonse : Il est possible que nous heurtions la sensibilité de quelques chevaliers, toutefois le droit d’avoir une religion s’avère fondamental. Beaucoup de nos ancêtres sont morts pour garantir la liberté religieuse en France. Albert : Théodore, tu as le droit de ne pas aimer les religions. Mais c’est de la tyrannie de vouloir que ses amis renoncent à leur foi. Théodore : Très bien je m’incline, toutefois je continue à penser que vous faites une belle erreur. Théodore le prudent considérait la religion comme une stupidité, si cela ne tenait qu’à lui, l’ensemble des cultes serait interdit. Il voyait les dieux comme une invention qui servait à excuser des carnages et des actes odieux. Il estimait qu’un monde sans divinité serait une excellente chose. Il se forçait à agir subtilement devant ses amis. En présence d’Alphonse, il modérait ses propos, il argumentait calmement. Cependant il appelait régulièrement à la haine contre les religieux, peu importe leur bord, aussi bien les catholiques, les musulmans, les juifs et les païens. Ainsi il fonda un des sites internet les plus agressifs qui soit contre les prêtres. Il diffusa des centaines de rumeurs mensongères uniquement dans le but de rabaisser la réputation de personnes pieuses influentes. Il salit dans la boue, couvrit d’opprobre sans remords des dizaines de gens qu’il ne connaissait que de nom. Il appelait souvent à mettre à mort le pape catholique, à saccager le Vatican, et à d’autres horreurs. Théodore voyait les religieux comme de la vermine à éradiquer, une nuisance encore pire que des maladies comme le cancer ou le sida. Le prudent se montrait extrémiste à cause d’un rêve très marquant. Il voyait la planète Terre disparaître à cause du combat entre une croix chrétienne, une étoile juive, et des dizaines d’autres symboles religieux. Il finit par estimer son songe comme un avertissement dont il fallait tenir compte. Résultat Théodore se mit à considérer la religion comme un fléau absolu, au même rang que la pollution. Il pensait que les actions des chevaliers n’apporteraient qu’un répit passager à la nature, tant qu’il existera des prêtres célèbres et estimés. Le prudent voyait comme une nécessité absolue pour la survie de l’humanité, l’établissement d’un monde sans religion. Dominique : Monsieur Cého je suis désolé. Les chevaliers non seulement ont échappé à la capture, mais ils ont détruit une structure très utile pour discréditer nos ennemis les Verts. Je suis prêt à subir toutes les sanctions que vous jugerez utiles. Xavier : Dominique je ne vais pas te punir, au contraire tu seras récompensé. Tu as essuyé quelques revers, néanmoins dans l’ensemble tu as accompli un excellent travail. Dominique : Je ne suis pas digne de vos félicitations. À cause de ma volonté d’économiser de l’argent, les chevaliers ont pu porter un rude coup à la cause méthaniste. Xavier : Il n’empêche que grâce à toi des millions de personnes sont tombées malades par la faute de la pollution, que des centaines d’espèces animales ont disparu, et que plusieurs forêts importantes ont été détruites. Dominique : J’ai réalisé quelques coups d’éclat, toutefois j’ai subi quand même une liste impressionnante d’échecs à cause des chevaliers. Xavier : Ton palmarès est plus qu’honorable, malgré les interventions énervantes des chevaliers. Je suis fermement décidé à te nommer évêque. Dominique : Merci monsieur Cého, je me montrerai digne de votre confiance. Je fais le serment d’ici moins de deux ans de détruire complètement les chevaliers. Xavier : Passons à autre chose, je voudrais que tu uses de ton influence politique pour répandre des insecticides tueurs de biodiversité. Dominique : Vous voulez sans doute que je rende de nouveau légal l’usage du DDTX. Xavier : En effet grâce au DDTX, la population de papillons et d’abeilles, a diminué de moitié en quatre ans en France. Malheureusement ces maudits écologistes ont réussi à le faire interdire. Dominique : Pour détourner l’attention des médias, je m’arrangerai pour que la baisse du nombre d’insectes pollinisateurs soit attribuée au frelon asiatique, ou à un parasite. S’il le faut j’inventerai une menace imaginaire. Xavier : C’est une bonne idée, je vais demander aux experts et scientifiques méthanistes de t’assister. Si les abeilles et les papillons disparaissent de France, nous infligerons une terrible raclée à Gaïa. Dominique : Je sais, la France fait partie des derniers bastions avec une nature luxuriante qui nous nargue. Si le nombre d’insectes pollinisateurs devient faible, tous les efforts des écologistes pour protéger l’environnement de la France seront vains. Xavier : Bien sûr le DDTX favorisera la disette voire la famine pour les français. Cependant les desseins de Méthane sont prioritaires sur le reste. Les chevaliers réfléchirent intensément, dès qu’ils apprirent la volonté des méthanistes de légaliser une nouvelle fois le DDTX. Alphonse : Les gars, je me pose une question. Comment est-il possible que les députés nationaux ou européens votent en connaissance de cause, la légalisation d’un insecticide extrêmement néfaste comme le DDTX ? Albert : Grâce à la technique de l’amendement caché, c’est possible. Alphonse : Je ne connais pas cette ruse, donnes moi donc des détails s’il te plaît. Albert : Quand un député corrompu veut qu’une loi néfaste pour le plus grand nombre passe, il propose un projet comportant des centaines d’amendements. Avec de la chance, son objectif nuisible ne sera pas détecté. Alphonse : La majorité des députés doit surveiller avec application les textes qu’on leur propose normalement. Albert : Oui mais ils n’ont pas de dictionnaire ou, de traducteur de vocabulaire technique sous la main. Résultat si un individu retors utilise des mots très compliqués ou ambigus, il peut tromper des élus honnêtes. Alphonse : C’est quand même une pratique très risquée, de chercher à manipuler les députés avec des termes savants. Albert : C’est une tradition bien établie dans les gouvernements, les banques, et des dizaines d’autres institutions de chercher à manipuler ceux qui vous surveillent, ou ceux à qui vous proposez des contrats. Alphonse : Albert tu dois me prendre pour un naïf. Albert : Non c’est normal de penser qu’un minimum de franchise et, de vocabulaire compréhensible est utilisé par les politiques pour les décisions importantes. Sinon la plupart des gens se sentirait désespérée. Théodore : Quel endroit allons-nous cambrioler pour contrer les méthanistes, cette fois? Alphonse : Le lieu de diffusion du journal national de France 3 et France 2. Jérôme Chameau le premier ministre, ayant entendu parler du dernier projet de Dominique Bollet, voulut discuter avec celui-ci. Jérôme : Monsieur Bollet il y a une rumeur sur internet selon laquelle vous voulez rétablir l’utilisation du DDTX. Rassurez moi s’il vous plaît, vous n’avez pas l’intention de commettre de folie dangereuse ? Dominique : Je suis bien conscient des effets du DDTX, même si je n’aime pas les Verts je les rejoins dans leur combat sur ce point. Jérôme : C’est une bonne chose, si vous aviez commis l’erreur de défendre un projet aussi fou que la légalisation du DDTX, j’aurai été contraint de vous abandonner, de ne plus collaborer avec vous. Dominique : Ne vous en faites pas, j’aime l’argent et le pouvoir, mais je suis aussi conscient que la famine ne profite à personne. Jérôme : C’est certain, quelques années de recours du DDTX aux États-Unis ont suffi à conduire à des récoltes désastreuses. Résultat des millions d’états-uniens ont fui leur pays pour le Mexique ou le Canada, afin de pouvoir se nourrir. Dominique : Je sais, si le Canada a été plus accueillant que le Mexique, il n’empêche que l’afflux d’émigrés états-uniens a débouché sur de sacrés conflits. Jérôme : Les Etats-Unis sont passés de puissance majeure, à pays du tiers-monde durant cinq ans, juste à cause du DDTX. Le prix de la nourriture a flambé dramatiquement, un peu de pain est devenu un motif d’attaque armée. Dominique : Inutile de chercher à me rappeler l’histoire, je suis très bien au courant des méfaits du DDTX.
Jérôme : Cela me rassure de constater, que vous considérez le DDTX comme un fléau abominable.
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