Muni de mon petit pécule des vacances
Je quittais cette IIe de ma tendre jeunesse
Pour investir un appartement de pauvresse
Il était vide et resterai vide sans médisance
Puis un jour j’acquis deux tréteaux et une planche
Elle me serait fidèle pendant cinq ans durant
M’écoutant au quotidien pour lui conter rêvant
Mon avenir lointain que je laminerai par tranche
Ma planche me veillait sérieuse et respectueuse
Je lui laissais le témoignage de mes belles réussites
Mes années universitaires, accoudée à leur poursuite
Elle était fière de moi comme je l’étais d’elle la silencieuse
*
Les jours s’avéraient durs et au tard du soir je m’effondrais
Ma planche tranquille me servait de bon reposoir
Elle tissait mes rêves pour mieux me consoler du noir
Et quand l’heure venait elle me réveillait de sa fraîcheur aisée
*
Pendant deux ans ma planche m’a suivi et pris son poste
Elle m’aidait à transmettre mes connaissances à la nouvelle
Cette génération qui me remplace inquiète dans cette nacelle
De l’éducation que nous avons apprise sans riposte
*
Je vais devoir me fixer sage à mon nouveau rang social
Car ma planche me supplie chaque jour de sa lourdeur
De toutes ces nouvelles connaissances elle a peur
De devoir plier après tant d’années de ce service loyal
Mon inédite décision j’en fais mon principal but
Oui! Mon aimable planche l’heure va être de se séparer
J’ai honte, toi ma fidèle dans la peine ou le bonheur d’idée
Mais vois-tu, ta liquidation va me mener tout droit chez but
*
Eh bien Non ma planche, ne te frise pas je te garerai prés de moi
Tu resteras ce porte bonheur de mon temps de demain
Ensemble nous ferons tant de choses avec ce bel entrain
Qui ne nous a jamais quitté, tout au long de ces joyeux émois
Æ’C