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Nouvelles confirmées : Un air en tête (réponse au défi de Donald)
Publié par couscous le 05-06-2017 19:18:06 ( 946 lectures ) Articles du même auteur



Tout a commencé subitement. La secrétaire m'appelle en me déclarant :
– Ton rendez-vous est là !
– Merci.
Je raccroche et dans ma tête résonne « Rendez-vous, rendez-vous au prochain règlement, rendez-vous, rendez-vous aux prochaines règles » de Stromae. J'invite un homme grisonnant à entrer dans un bureau d'entretien. Il s'assied et sort ses documents en me disant :
– J'ai plein de papiers !
Et là, Régine me crie dans l'oreille « Laissez parler les petits papiers ». L'homme enchaîne :
– Et plein de problèmes !
« J'ai un problème je sens bien que je t'aime » me susurre Sylvie Vartan. Mais je ne l'aime pas ce gars.
– J'ai acheté ma maison…
« Dans sa maison un grand cerf regardait par la fenêtre… » et vous connaissez la suite de cette chanson enfantine. Qu'est-ce qui se passe ? Tous ces airs m'empêchent d'écouter cet homme. Je le scrute mais dès qu'il parle, ses mots sont transformés en paroles qui résonnent dans ma tête comme si les musiciens et l'interprète avaient installé leur studio entre mes deux oreilles. Je suis incapable de mener à bien mon entretien. Je prends rapidement les justificatifs de ce pauvre homme et m'enfuis dans le local de la photocopieuse. Là, il n'y a aucun bruit, ni dans ni hors de ma caboche. Je souffle un peu.
Je retourne voir mon client. Dès qu'il ouvre la bouche, ça recommence. Je ne peux que mettre un terme à notre conversation en m'excusant d'un malaise passager, prête à lui crier « Je suis malaaaade, complètement malaaade ».
J’évoque une vilaine migraine à ma chef afin de pouvoir partir plus tôt.
Dans la voiture, je coupe de suite la radio, il ne faut pas aggraver mon mal. Je me rends directement chez mon médecin. La salle d'attente est comble ! Je me pose sur le dernier siège libre, à côté d’une maman et son jeune enfant qui lui dit doucement :
– Le docteur va regarder ton bobo.
« Allô maman bobo, qu’est-ce que t’as fait ? J’suis pas beau. » chante Souchon. Je sens que l’attente va être pénible. En face de moi, un homme lit un magazine qui titre : « Torremolinos, destination préférée des belges »… « Tous tous tous à Torremolinos ! » m’exhorte Sttellla. Je finis par baisser le regard et me boucher discrètement les oreilles. Je le fais si bien que lorsque c’est mon tour, une dame me touche discrètement le bras pour me le signifier. Je la remercie sèchement avant de me précipiter vers le praticien qui me fait entrer dans son cabinet.
– Comment ça va ? Me demande-t’il naturellement.
« Comment ça va, comment ça va, Comment ça va pour vous ? Parce que pour moi, oh oui pour moi, Ça va pas, mais pas, mais pas du tout. » Patrick a si bien résumé la situation.
– J’en peux plus ! Vous devez m’aider !
– Bien sûr. Quel est votre problème ?
– Je sens bien que je t’aime… Mais non ! Je deviens totalement folle. J’ai toujours des chansons et des paroles qui m’envahissent la tête. Je ne parviens plus à me concentrer.
– Je vois. Vous êtes atteinte d’un mal assez rare.
– Vous avez eu des cas similaires ?
– Un seul dans toute ma carrière.
– Et comment a-t’il guéri ?
– Jamais !
– Pardon ?
– Il vit avec. Mais il y a moyen d’atténuer les symptômes.
– Comment ?
– En participant à des karaokés.
– C’est une blague ? Cessez de vous moquer.
– Je ne me moque pas. D’ailleurs, la victime de ce mal dont je vous parlais, c’est moi !
– NON ! Et comment s’appelle-t-il ?
– Je m’présente. Je m’appelle Henri. J’voudrais bien réussir ma vie, être aimé !
– Ah je vois. Sinon le mal, il s’appelle comment ?
– La chansonite aigüe.
– Cela ne fait pas très sérieux.
– Est-ce que ce monde est sérieux ? vous dirait Francis (en mimant un jeu de guitare)
Je fonds en larme.
– Ne pleure pas, non, ne pleure pas. Tu as toujours les yeux d'autrefois. Ne pleure pas, non, ne pleure pas.
– Merci Hugues. Mais que dois-je faire ?
Le médecin scribouille sur un papier qu’il me remet.
– Voici ma prescription. Rendez-vous ce soir à vingt heures au Hiboux Hurlant. Je vous ai noté l’adresse.
Je trouve l’établissement indiqué. C’est une ancienne boîte de nuit transformée en karaoké. Le parking est rempli et l’intérieur est bondé. Dans un coin, je remarque mon médecin qui m’invite à sa table.
– Qu’est-ce que vous buvez ?
– Une menthe à l’eau.
Et d’une même voix, nous chantons : La fille aux yeux menthe à l'eau, Hollywood est dans sa tête, Tout' seule elle répète.
– Maintenant va falloir vous lancer pour combattre le mal par le mal.
– Mais je suis trop timide !
– Je vais vous accompagner. Je suis malaaade !
– OK, on y va.
Nous entamons alors un duo sur « Besoin de rien, envie de toi ». Je commence avec pudeur puis je gesticule, prise par la chanson puis terminer par embrasser fougueusement mon partenaire.
Voilà ! Vous l’aurez compris. Plusieurs fois par semaine, je me rends au Hiboux Hurlant pour ma thérapie. J’y suis obligée, c’est prescrit pas mon médecin et il surveille si je suis bien mon traitement.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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