Chapitre 9 : Tension
Alphonse le chevalier commençait à paniquer, il devait protéger ses amis Théodore et Albert des tentatives d’attaque contre leur hélicoptère. Problème il sous-estima le répondant des autorités. Il pensait que l’armée américaine par patriotisme achèterait du matériel produit aux États-Unis. Cependant elle se fournit auprès de chinois récemment. Résultat contrôler l’avion de chasse envoyé pour dégommer l’engin volant des écologistes se révélait beaucoup plus ardu que prévu. Alphonse sentait l’anxiété l’envahir un peu plus à chaque seconde. Il avait beau pianoter de manière frénétique sur ses claviers d’ordinateur portable, il ne parvenait pas à surpasser les protocoles de sécurité mis au point par des chinois, les habitants de la première puissance mondiale au point de vue financier et informatique. Pourtant il était impératif qu’il réussisse à maîtriser l’avion, sinon ses amis finiront par être implosés, et des mois de préparation pour protéger la nature n’auront servi à rien. Alors Alphonse se concentra et se força à modifier son état d’esprit, il chassa la peur, mais cela ne suffit pas. En effet l’avion tira quand même un missile sur l’hélicoptère malgré des efforts intenses pour bloquer son système d’armement. D’ici une minute deux chevaliers importants finiront par trépasser, sauf si une intervention particulièrement brillante était effectuée. L’ennui venait du fait qu’Alphonse travaillait moins bien que d’habitude, or il s’attaquait à un domaine très complexe. Arriver à détourner un missile de sa cible grâce à un ordinateur ne constituait pas une impossibilité. Mais il s’agissait quand même d’une opération particulièrement difficile. Seule une poignée de pirates informatiques disposaient des compétences pour réaliser ce tour de force.
Albert et Théodore étaient assez tentés de faire zigzaguer leur engin volant, ou d’effectuer des loopings et d’autres figures acrobatiques pour échapper au missile les pistant. Mais ils s’abstinrent parce qu’ils savaient que ce genre de comportement ne les mèneraient nulle part. En effet tous deux se retrouvaient victimes d’une arme à tête chercheuse, un engin capable de modifier sa trajectoire en fonction des mouvements de l’appareil ennemi. Tous deux eurent bien l’idée d’atterrir pour échapper au missile, mais cela ne servait pas à grand-chose sauf à les rendre plus vulnérables, s’ils quittaient leur hélicoptère, ils deviendraient des proies faciles pour les mitrailleuses lourdes de l’avion adverse. Autrement dit les options de fuite des deux chevaliers se révélaient très limitées pour ne pas dire inexistantes, ils ne pouvaient que compter sur les facultés de pirate de leur ami Alphonse qui n’arrivait pas à modifier le trajet du missile. Tous deux se retinrent de pleurer et diffusèrent un magnifique plaidoyer avec la radio de leur engin volant. Ils appelaient leurs subordonnés à rester forts, à militer de toutes leurs forces pour protéger la nature et à lutter contre l’oppression des multinationales, ces structures concentraient tellement de pouvoir économique et politique que leurs dirigeants méritaient le qualificatif de roi absolu sans couronne. Or le pouvoir absolu corrompait de manière irrévocable sur le long terme même les plus vertueux. Albert promit qu’il veillerait sur ses subordonnés depuis l’au-delà , qu’il ferait le maximum pour que la cause de la nature triomphe sur celle du capitalisme. Théodore déclama un poème très émouvant qui stipulait que l’argent pouvait rendre des services, mais que l’humanité ne devait pas oublier que la protection de la nature compte plus pour garantir la survie des humains, que les plus grandes richesses monétaires.
Il ne restait que dix secondes avant l’impact du missile contre l’hélicoptère, et il y avait encore trop à faire pour qu’Alphonse le modéré puisse espérer modifier la trajectoire de l’arme explosive ou la désactiver. Il se lamentait sincèrement de la perte probable de deux amis très chers. Même si sa partie orgueilleuse et méchante trépignait de joie à la perspective d’être le seul maître des chevaliers de Gaïa, de pouvoir contrôler entièrement l’organisation sans avoir de compte à rendre. En effet le seul obstacle à une mainmise presque totale d’Alphonse sur ses subordonnés, était la présence d’Albert et de Théodore, or tous deux allaient probablement se faire atomiser. Alphonse prévit bien des remplaçants à ses deux amis en cas de disparition ou d’emprisonnement, mais il choisit des personnes plutôt dévouées à lui. Autrement dit il y avait peu de chances qu’il soit contré souvent par des opinions divergentes, sauf s’il défendait des énormités. De toute façon les courants minoritaires au sein des chevaliers incarnés par Albert et Théodore, ne pesaient pas lourds face au mouvement majoritaire d’Alphonse qui recueillait plus de quatre-vingt pour cent d’adhésions positives. Le modéré n’était pas un modèle de charisme absolu, mais il était beaucoup moins sournois qu’Albert et aussi plus tolérant que Théodore, résultat il arrivait à canaliser autour de lui nettement plus de sympathie. Il se mit à prier énergiquement pour qu’une solution se présente à lui, il se sentait même prêt pendant une seconde à vendre son âme à Méthane le dieu de la pollution pour sauver ses amis, mais il se reprit. Son désir de protéger la nature l’emporta sur son amitié. Albert regrettait vivement de n’avoir pas concrétisés son projet de construction d’un immense temple en l’honneur de Gaïa la divinité de la nature, tandis que Théodore se lamentait que Bollet s’en tire une nouvelle fois. Mais finalement l’explosion de l’hélicoptère n’eut pas lieu, car un tir d’armes anti-projectiles perturba le missile, et le fit dévier vers l’océan. Alphonse parvint à prendre le contrôle d’une batterie anti-aérienne de l’armée américaine.
Dans un monde juste, Dominique Bollet le président aurait dû être envoyé en prison pour toute sa vie, voire mis à mort, vu les preuves irréfutables présentées par les chevaliers, et la liste très impressionnante de crimes recensés contre lui. Mais Bollet était le roi pour manipuler le système, il rappela discrètement que s’il chutait, il entraînera la faillite de l’état américain, alors il échappa à la sanction. Il dut démanteler ses silos à missiles, et signer quelques gros chèques pour des œuvres caritatives, mais il s’en tira sans punition. Quant aux écologistes qui contribuèrent à sauver les États-Unis d’un âge de terreur et du terrible attentat contre la Maison blanche, ils furent traqués sans relâche par les organisations gouvernementales américaines. Ainsi Guatanamo et d’autres camps de concentrations ne servirent plus seulement à enfermer principalement des musulmans mais aussi des défenseurs de la nature. L’organisation les chevaliers de Gaïa devint la cible numéro deux des opérations de la CIA, du FBI et de la NSA. Des dizaines de partisans d’Alphonse connurent les joies de l’enfermement dans des conditions inhumaines, pas de droit à une douche sans dénoncer des camarades, le recours à la torture dans le cas où le prisonnier jouait les fortes têtes. Ceux qui disaient que Guatanamo était un lieu de détention pour des criminels dangereux oubliaient deux ou trois choses. Comme par exemple que les autorités américaines interdisent à l’ONU d’enquêter dessus, qu’elles avaient tellement peur des révélations sur les prisons spéciales comme Guatanamo que le simple fait de mener des investigations et, de chercher à publier les résultats de l’enquête pouvait signifier des ennuis graves comme de la prison.
Albert : Je regrette presque d'avoir sauvé les États-Unis du dernier attentat de Bollet. La police et l'armée américaine traquent désormais les écologistes en remerciement de notre acte de bravoure. Théodore : C'est vraiment rageant au point que je suis très chaud à l'idée de tuer Bollet. Vu les ennuis qu'ont les écologistes aux Etats-Unis, je doute qu'un assassinat modifie un contexte déplorable. Alphonse : Au contraire, Bollet possède des centaines de journaux, sa mort signifiera pendant des semaines la diffusion d'une propagande pro-libérale et anti-écologique partout dans le monde. Albert : Peut-être, mais j'ai quand même très envie de le dégommer pour venger nos camarades emprisonnés. Alphonse : je ne propose pas non plus de rester inactifs, nous allons marquer un grand coup, je propose de prendre d'assaut Guatanamo. Théodore : Nous n'avons ni les effectifs, ni l'équipement pour s'attaquer à cette prison. Alphonse : Il y a quelques semaines tu aurais eu raison, mais ils ont remplacés par des robots la majorité du personnel de Guatanamo. Théodore : Il y a peut-être moins de monde, mais d’après ce que j’ai entendu les machines chargées de surveiller les prisonniers sont des bijoux de technologie, elles ne connaissent pas le doute ou la fatigue, et surtout valent facilement dix gardiens humains dans un combat. Elles ont des réflexes bien plus développées que ceux de soldats d’élite. Alphonse : Les robots ont un point faible de taille, ils peuvent être piratés par des programmes informatiques. Albert : Même si le risque de se faire prendre est grand, je suis d’avis de chercher à délivrer nos compagnons détenus à Guatanamo. Alphonse : Je suis confiant dans mon plan, les chances de réussite sont importantes. Théodore : Très bien je vous soutiens dans ce cas. De toute façon vous aurez bien besoin de ma présence pour éviter de jouer les téméraires.
Guatanamo portait différents noms, l’un des meilleurs pour illustrer le contexte d’enferment dans ce camp de concentration, serait prison de la honte absolue. Le secret défense était utilisé à tort et à travers pour protéger les dérives commises. Ainsi quand un avocat ou un journaliste cherchait à dénicher des renseignements sur le traitement d’un prisonnier, il aura à faire à des interlocuteurs souffrant de sérieux problèmes de mémoire, ou qui invoqueront le secret militaire pour justifier le droit de ne pas répondre à des questions simples ; notamment « est-ce que ce détenu a été battu, privé de sommeil pendant plusieurs jours pour obtenir des aveux, obligé d’être nu ? ». Guatanamo était une structure gérée par l’armée américaine, et appartenait au territoire des États-Unis, mais grâce à un super tour de passe-passe, un culot monstrueux et une absence totale de scrupules, aucune loi ne s’appliquait à cette prison spéciale y compris celle sur le traitement des prisonniers antérieures à 1900. En effet au nom de la lutte contre le terrorisme beaucoup de politiques américains sacrifièrent le droit à la dignité humaine pour une pseudo-sécurité, et des résultats lamentables. Les proches des détenus de Guatanamo se révélaient dans un état souvent proche de la fureur, quand ils apprenaient quelque chose sur leurs parents ou amis, ce qui renforçait leur volonté de commettre des actes terroristes. Guatanamo constituait une souillure sans précédent dans l’honneur des États-Unis. Ce camp avait une existence légale, mais cela ne voulait pas dire qu’il ne représentait pas une faillite morale, une abdication du droit face à la peur. Le pire venait du fait que Guatanamo ne figurait pas comme un exemple isolé. Il existait une multitude de prisons spéciales à travers le monde aux mains de l’armée américaine, où la torture et d’autres actes abjects étaient pratiqués.
Même s’il existait une discipline plutôt stricte chez les bourreaux et le reste du personnel militaire de Guatanamo, il arrivait de temps à autre que des gens rechignent à la tâche, ce qui faisait une très mauvaise publicité. Alors pour parer à ce genre de déconvenue, le gouvernement américain prévit de modifier le personnel du camp. Ainsi il ne restait que 10% d’humains à travailler, 90% des effectifs restants étaient composés de robots. Ce genre d’expérience avec du matériel de haute technologie servait à tenter de redorer l’image de la prison. Les politiques pro-sécurité espéraient ainsi que les médias se désintéressent des exactions commises à Guatanamo, pour se focaliser sur les machines de surveillance. Il s’agissait d’une tentative pitoyable mais compréhensible. Le camp était un échec majeur, il ne permettait pas de lutter contre le terrorisme, au contraire il le favorisait. D’un autre côté reconnaître cette erreur revenait à dire que les millions de vies tuées au nom de la défense des États-Unis, était un pur gâchis. En effet Guatanamo était un symbole de la lutte contre le terrorisme. Si cet étendard vacillait, tout l’argumentaire et les mensonges proférés ne vaudraient plus grand-chose. Des années de conditionnement de l’opinion au moyen de reportages télévisés, de campagnes de propagande, et d’autres outils de contrôle des masses risquaient de se retourner contre les politiques. Alors il était impératif pour la carrière de nombreux politiques américains que Guatanamo ne soit pas démantelé, et que le camp continue d’accueillir des prisonniers envers et contre tout, y compris au détriment des lois les plus élémentaires, comme les droits de l’homme. Des milliers de vies humaines sacrifiées contre la possibilité pour quelques personnes de continuer à être influentes, voici la principale fonction de Guatanamo.
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