Mon amie, je continue à cheminer au cœur de cette plaine sans fin. Mes pas foulent une terre désolée et aride. A chacune de les enjambée, de la poussière se soulève du sol, avant d'y retomber, créant derrière moi durant quelques secondes un nuage grisâtre et nauséabond. Mais peu m'importe. L'arme à la main, je poursuis ma route en direction de cette Citadelle couleur de Nuit. Et même si, désormais, la pluie tombe à verse, fouettant mon visage avec fureur, je sais qu'aucun élément ne me détournera de mon but : ni les éclairs de plus en plus nombreux se fracassant au loin sur la steppe ; ni le fracas assourdissant du tonnerre roulant dans les Cieux ; ni les Créatures ailées que je devine en train de se mouvoir dans l'obscurité du firmament, prêtes à fondre sur moi, ne me dissuaderont de changer de destination. Maintenant, je dépasse donc l'amas pierreux situé à moins d'une demi-douzaine de mètres de moi. Lorsque je jette un coup d’œil dans sa direction, j'ai l'impression de discerner un empilement de cranes humains en partie recouvert de moisissures multicolores ; à certains endroits de celui-ci, je devine des monceaux de ronces aux épines empoisonnées. Un second frisson me parcourt l'échine ; de gouttelettes de sueur se mettent à perler de mon front ; et mes doigts se resserrent instinctivement davantage encore, autour du pommeau de mon épée. Je suis du regard les ombres ailées qui guettent avidement le moindre signe de distraction de ma part. Je ne leur ferai pas ce plaisir. Et, mon esprit concentré sur le moyen de te sortir du piège dans lequel tu t'es enferrée, mon amie, je progresse un peu plus encore en direction de cette Tour dont les contours se discernent désormais de manière de plus en plus détaillée...
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