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Nouvelles confirmées : Tout est permis (défi du 18 mars)
Publié par couscous le 18-03-2017 16:57:27 ( 745 lectures ) Articles du même auteur



Lucie suit des cours d’auto-école depuis plusieurs mois. Les débuts peuvent être aisément qualifiés de laborieux. Elle a passé cinq fois l’examen théorique avant de l’obtenir. Elle ne réussissait valablement que le test de vision ! Ah, ces questions pièges ! Elle tombait toujours dans le panneau (de signalisation, bien sûr). Et ces règles de priorité particulières avec les trams ou les bus. Ils n’ont qu’à supprimer les trams, il y a quand même le métro ! Et lui au moins il ne vient pas perturber le trafic en ville.
Un jour de chance, elle est tout de même parvenue (oh miracle !) à obtenir suffisamment de bonnes réponses pour passer à l’étape suivante. Et non des moindres ! D’abord, l’apprentissage de la maîtrise de l’alchimie subtile de l’équilibre des gaz. Elle qui n’est pas scientifique pour un sou ! (C’est pour cela qu’elle a choisi des études sociales.) La voiture a souvent eu des soubresauts, comme prise d’un hoquet maladif, avant de s’immobiliser en plein milieu du parking. Trois cours pour lui apprendre à avancer sans caler, le moniteur n’avait jamais connu cela.
Viennent ensuite les sacro saintes manœuvres, à effectuer en sécurité sur le terrain privé de l’auto-école. Le pare-chocs de la petite Opel a plusieurs fois vu de très près les différents murs alentours. La pire épreuve fut le créneau. Là, pas moins de cinq leçons lui furent nécessaires. Son moniteur, prénommé Bernard, plutôt expérimenté, poussait un long soupir à chaque arrivée de Lucie. Il pria même le Saint Patron des chauffeurs, Saint Christophe, de lui prodiguer patience et protection lorsque les choses sérieuses commencèrent avec l’apprentissage en ville. Le moniteur était assez nerveux, ce qui ne rassurait pas Lucie. Etonnamment, elle se débrouilla plutôt bien. Elle oublia juste une priorité de droite et faillit emboutir un camion, si Bernard n’avait pas actionné son frein. Ah, il y eut aussi la petite mémé que Lucie n’avait pas vu traverser tout doucement, trop doucement, car son regard était attiré par la publicité pour le nouveau Centre commercial. Là encore Bernard aurait pu être canonisé pour avoir sauvé une vie : « Saint Bernard, protège Lucie ! ».
Finalement, après le financement du double du nombre de leçons habituel, Lucie est fin prête pour l’épreuve finale. Elle est très anxieuse et s’en remet entre les mains du Docteur Matamba et ses cachets qui rendent zen. Après les formalités courantes, Lucie prend place derrière le volant. L’examinatrice, une dame d’une cinquantaine d’années, s’assied à l’arrière du véhicule. Sa bouche ridée reste pincée comme si elle allait embrasser le pare-brise. Ses yeux, cachés derrière ses lunettes en demi-lune, sont mi-clos, ce qui lui donne un air de poulette de basse cour. Lucie prend une grande inspiration, remonte ses lunettes sur le haut de son nez et tourne la clé de contact. C’est parti ! Les consignes sont simples : tout droit sauf si ce n’est pas possible ou si l’examinatrice donne une direction précise. À côté, Bernard égrène un chapelet. Non pour que Lucie obtienne son permis, mais pour qu’aucune victime ne soit à déplorer à la fin de l’épreuve, surtout lui qui se trouve à la « place du mort ». La jeune conductrice évite d’emboutir le véhicule devant elle qui pile, laisse traverser les piétons et respecte les priorités. Elle s’avance dans une petite route lorsque l’examinatrice lui demande de stopper le véhicule sur le côté.
– Ah, c’est déjà fini ? Je pensais qu’on retournait au centre d’examen.
La dame affiche un petit rictus en lui déclarant :
– Mais c’est terminé. Vous avez échoué, Mademoiselle.
Lucie repasse en vitesse dans sa tête le parcours effectué pour déceler ses erreurs, sans en trouver une assez grave pour se voir éjectée de la sorte. La femme à tête de poule coche diverses cases sur un formulaire. Lucie la questionne :
– Pourquoi ?
– Mais, vous venez d’entrer dans un sens interdit ! C’est une faute grave. Veuillez faire demi-tour et retourner au Centre, je vous prie.
Lucie reste bouche bée quelques secondes. Comment a-t-elle pu commettre une telle erreur ? Ce n’est pas la faute du Docteur Matamba ! De ses lunettes peut-être ? De sa distraction le plus sûrement. Dans la vie, malheureusement pas de marche arrière possible comme dans une voiture.
La petite Opel retrouve sa place devant le grand bâtiment gris sans âme. Une profonde déception se lit sur son visage quand l’examinatrice lui tend le feuillet rose où la case « échec » est cochée en lui adressant un au revoir des plus glacials.
Bernard pose la main sur son épaule en déclarant avec plein de regrets (pour lui, non pour Lucie) :
– Ce sera pour la prochaine fois. Va reprendre un rendez-vous.
Lucie attrape son sac et s’extirpe de la petite cylindrée. Sur le chemin vers le bureau d’accueil, elle remarque une jeune fille en béquilles arborant un large sourire, signe probant d’une réussite*. Lucie n’en revient pas : « S’ils commencent à donner le permis à des estropiés, ils vont bientôt le délivrer aux aveugles ! »
Les sentiments de colère et d’injustice prennent place dans son esprit et des larmes naissent au bord de ses paupières. Non ! Lucie n’était pas de celles qui se laissent abattre. Prochain rendez-vous dans six semaines ? OK, elle prend. Et là, ils verront. Lucie, la fille spirituelle de Senna et du commissaire Quisquater.

https://www.youtube.com/watch?v=0KrpViC3Bqg&list=PL53DCDB619E6F2862

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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