| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Accueil >> xnews >> L'arrivant XXIV - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : L'arrivant XXIV
Publié par Loriane le 16-08-2012 22:00:00 ( 1170 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



Je m'étais réfugiée dans notre bungalow, la fraîcheur y était douce et la lumière filtrée par le haut toit en forme de hutte, reposait les yeux éblouis par la forte luminosité extérieure.
JF arrivait peu après avec un large sourire.
"Comment on peut être têtu comme ça ? il est pas doué ce pauvre homme ! j'avais peur que ce soit Rodéric qui se moque et c'est toi qui exploses de rire devant tout le monde"
"Tu avoueras que je me suis bien tenue pendant un long moment mais la remarque de Rod c'était trop ! on va faire un tour dans le village avant le restaurant ?"
"Oui, j'avais promis une balade en Calèche aux trois petits et à Rodéric, je me douche et on y va ? ... Appelle les enfants que tout le monde passe à la douche avant de sortir"
Plutôt que d’appeler je sortis et trouvai toute notre nichée dans la piscine.
"Oh salut Régine comment vas-tu ? vous venez d'arriver que maintenant ?"
"Non, on a pris le ferry de midi hier mais on est allé à la pêche au gros avec un copain, je suis éreintée, je ne sais même pas si on ira manger ce soir"
C'est vrai que la distribution de bises était plus molle que d'habitude et je vis son compagnon et leur fille écroulés littéralement sur la plage.
J'éclatai de rire devant le tableau qu'ils offraient, ils dormaient sous les pandanus, couchés sur le dos, la bouche grande ouverte.
"Ben dis donc ! ils ne sont pas bien en forme ! vous êtes allés à la pêche avec le voisin du prof de math ?
"Non, avec un copain de Jean-Charles, c'est un prof qui est en poste aux Australes, il est à Tahiti pour les vacances, mais tu le connais un peu !"
"Non, je ne pense pas, c'est qui ?"
" C'est le champion de ski nautique qui a failli te faire pisser aux culottes tout à l'heure"
"Oh non, zut, tu étais dans la piscine, excusez moi, j'suis vraiment désolée"
"Arrête, tu crois que j'étais pas aussi écroulée que toi, et ton fils comme il est mignon plein de compassion, il a cru qu'il voulait se suicider ! non c'est marrant et on s'en fout !!! "
"Bon alors, on mange ensemble ce soir ? avec le champion ? tu crois qu'il sera fâché ?"
"D'accord, mais pour Teeri faut pas de faire de souci, il prend ça à la rigolade, mais on sera nombreux parce que les Nédelec sont là aussi avec leur belle-mère, ils sont arrivés ce matin"
"Alors à tout à l'heure on va se promener avec les enfants, on se retrouve au restaurant."
Un instant le miroitement de l'eau de la piscine m'aveugla, je chancelai une fraction de seconde , et je me ressaisis très vite. Je m'éloignas en me disant pour moi-même, et voilà, c'est bien ma chance, je vais devoir passer la soirée avec quelqu'un dont je me suis moqué tout à l'heure, mais Régine a raison, on s'en fout. Et après tout, il faut admettre que "s'en foutre", traiter ce petit incident avec désinvolture et philosophie était la plus sage des solutions.
En entrant dans le bungalow, je fus saisi par le bruit et la vapeur qui envahissait l'air ambiant.
"Mais qu'est-ce que vous faites à trois dans la douche ? ça va pas ?"
La pomme de douche comme toutes celles que l'on trouve aux Etat-Unis, pays grand fournisseur des matériels locaux, ne pouvait être prise à la main, elle était fixée, rivée au plafond.
Le puritanisme américain, frémissait d'horreur à l'idée que la douche soit au bout d'un flexible et permette de cette façon à des personnes mal intentionnées, de gros cochons avides de sensations et possédés du démon , de se faire des pulvérisations locales, des massages d'eau tiède dans des endroits innommables et pourtant gourmands de caresses.
La volupté était un pêché mortel et les petits coins de notre corps devaient se faire oublier. Je considérais cette pudeur extrême, cet esprit victorien comme une forme de terrorisme moral.
Et je pouvais me mettre en rogne et disserter des heures sur le sujet sans épargner une seconde "ces frigides abrutis malsains ...Mais pour le moment j'avais sous les yeux, sous le jet de la pomme de douche large comme une assiette, et donc au flux abondant, un tas d'enfants qui se frottait les uns les autres comme une troupe de petits singes.
Ils ne m'avaient même pas vue, même pas entendue. Je m'appuyai contre le mur, je réfléchis : je dis quelque chose ? je ne dis rien ? j'interviens ? j'interviens pas ? ...
Ils riaient tous très fort, seul le rire aiguë de Sacha montait plus haut que les autres.
JF sortit à ce moment de notre salle de bain avec Rodéric dans ses bras, il l'avait enroulé dans une serviette, le bungalow entier sentait la savonnette au monoï.|
"Mais qu'est-ce qu'ils ont à gueuler comme ça, ils sont lavés ?"
Je ne répondis pas, si il avait envie de leur savonner les oreilles à coup de remontrances, ma décision était prise, qu'il le fasse lui même, il faut avoir le courage d'être lâche de temps en temps.
J'abandonnais le terrain et je m'enfermai dans notre salle de bain. Mais moi, j'étais seule sous ma douche, alors pour faire bonne mesure et rééquilibrer le bruit ambiant je me mis à chanter à tue-tête.
Chanter sous la douche, chanter faux, mais chanter fort, avec une voix fausse, chanter mal et résonner comme une casserole, bon et alors ? mais quel plaisir.
Quel merveilleux plaisir, plaisir pas cher, simple et à la porté de tous. Je braillais, car soyons raisonnable on ne dit pas chanter dans ces cas là,
"Parler moi d'amour, redite moi des chose tendres, votre beau discours, mon coeur n'est pas las de l'ent..."
"Maman c'est moche ta vieille chanson, arrête !"
"Ah ! bon ! elle est vieille ? et tu as quelque chose contre les vieilles ? "
Clhoé assise sur la terrasse me regardait sortir de la douche dégoulinante d'eau, juste enveloppée partiellement dans une serviette ;.Elle ne répondit pas à ma question mais remarqua.
"Mais maman tu ne t'essuies jamais "
Tous parfumés au monoï, tous propres comme des sous neufs, les garçons dans leurs bermudas, les filles en paréos nous voici tous partis sur la petite route bordée de plantes, d’hibiscus de toutes les couleurs et de jasmin, de monettes jaunes.
Nous dûmes nous arrêter plusieurs fois pour saluer des amis, voisins ou collègues, mais les enfants nous tiraient devant pour arriver vite au loueur de calèche.
Le vieux cheval promenait les touristes et clients des hôtels depuis bien longtemps et je me demandais si il lui arrivait, malgré toutes les attentions et les caresses, d'être parfois "fiu" ?
La calèche était belle, bien décorée, elle semblait plutôt confortable, bien sûr elle n'appartenait pas aux coutumes locales mais elle faisait si bien sont office de source de plaisir, d'occasion de détente pour tous q'elle fut vite adoptée par les habitants et visiteurs de Moorea.
Lorsque le cheval s’arrêta devant nous, les enfants montèrent très vite dans la voiture, mais un monsieur assez fort, s'interposa, imposant sa forte stature, il s'introduisit avec autorité dans le groupe d'enfants et monta à son tour ce qui fit que la voiture fut complète.
Rodéric qui n'était pas bien haut était resté disons "sur le pavé", c'est à dire sur le sol et se mit à pleurer. Je pensais que le monsieur remarquerait de lui même qu'il était au milieu d'une famille et qu'il céderait sans problème sa place à Rodéric.
Mais en dépit des larmes de l'enfant, l' indélicat intrus resta assis dans la voiture.
Je ne sais pourquoi, je faillis lui parler mais je fus freinée par le regard peu amène du monsieur et son assise ferme, bien installé, indélogeable, freinée aussi par son visage fermé, son attitude me détourna de l'envie d'engager une réclamation aussi aimable fut-elle.
Quelques minutes d'hésitation s'écoulèrent dans les pleurs de Rodéric qui se retrouvait seul.
JF intervins agacé et le ton sec :
"Bon ! descendez les enfants"
"Oh noooon, oh ..."
"Descendez ... tous ! ... et tout de suite !"
La descende se fit en grommelant le plus possible et les enfants se plantèrent devant moi les bras croisé dans la posture " j'en ai marre"
"Pourquoi tu fais descendrrrre les petits ? c'est à cause de ce grrrrand con ?"
"Ouh la la !!"
J'entendis l'interjection, le son d’appréhension que venait d'émettre JF
Il s'inquiétait de la façon qu'avait eu notre tahitien, conducteur "de diligence" de traiter son important client.
"T'inquiète pas il comprrrrends pas le frrrrrrançais, ce conarrrd, qu'est-ce qu'il a besoin de prrrrendrrre la place d'un gosse ?
Puis dans un anglais croquignolet à souhait, incompréhensible pour nous il demanda au monsieur de descendre pour aller acheter son billet au magasin un peu plus loin en face.
Cela nous amusa beaucoup car il venait de le diriger vers un magasin qui bien sûr ne lui vendrait rien, puisque d'une part les billets était toujours vendus par lui-même sur place, et que d'autre part le magasin indiqué n'en avait jamais vendu, et que de plus, comme nous avions pu le constater en passant, cette boutique était fermée depuis un bon quart d’heure.
L'intrus ignorant ces choses, descendit mécontent mais partit à la recherche de son improbable billet.
Aussitôt qu'il fut descendu les enfants se précipitèrent dans la voiture et fouette cocher !
Les rires des enfants s'entendaient de loin et ce qui me réjouit le plus fut de voir sur son visage, la joie du conducteur quand il partit avec pour passagers notre petite troupe.
JF et moi regardions s'éloigner l'attelage main dans la main et bavardant.
" Je suis étonné que tu n'aies rien demandé à ce brave monsieur, que tu n'ais pas insisté pour qu'il descende"
"J'y ai pensé mais il avait l'air si mal aimable, je ne le sentais pas et j'avais pas envie de m'engueuler avec, pour le retrouver en face de moi au restaurant ce soir, merci !"
La nuit tomba le temps que nous rentrâmes au bungalow, les enfants s'amusaient à galoper sur la route en tournant autour de nous comme des indiens en guerre,
A l'instant où nous dépassions la réception, les premiers Puha et toere commencèrent à faire danser les airs.
Je passai enfiler une longue robe tahitienne, j'attachai mes cheveux et portai mes belles perles noires.
JF changea de pantalon et les enfants enfilèrent leurs tee-shirts préférés. Et voilà la coquetterie et les concessions à l'élégance étaient satisfaites.|
La moitié des clients se trouvaient dans l'immense fare au toit de pandanus, le bar était ouvert et chacun se promenait son verre à la main. L'autre partie des clients était, elle, autour du four.
Les tahitiens présents des pelles à la main avaient repoussé la terre qui fermait le four ils l'avait déposée en un tas sur le côté et maintenant Ils s’affairaient à rouler le drap et la protection de feuilles de bananiers qui couvraient la nourriture.
Pendant l'opération d'ouverture du four, le groupe de danseurs et de chanteurs distrayait l'assemblée.
Le grand panier de grillage en fer contenant les aliments cuits fut transporté dans les cuisines pour le découpage et la disposition sur le buffet.
Pendant cette opération, le spectacle se poursuivit en crescendo. Au milieu des clients les danseurs et danseuses chantaient, dansaient, les hanches marquaient le rythme, successivement avec une troublante lascivité clairement évocatrice puis avec une frénésie stupéfiante, l'assemblée était heureuse de cette exubérance qui parlait de bonheur et de vie.
Le paroxysme serait atteint, comme c'est toujours le cas quand arriverait l'instant précieux pour tous, où ces diablesses de merveilleuses danseuses viendraient dans la foule faire leur cueillette de victimes heureuses parmi les hommes de l'assistance, victimes qui devront s'exhiber, livrer aux regards moqueurs devant leur tentative de tamure gauches, empêtrés et si malhabiles
A ce moment les enfants chercheront leur père qui aura, comme il faut s'y attendre, disparu dans une ombre protectrice de la plage.
JF, au moment de notre arrivée, avait comme tout le monde connu la honte suprême de se voir ridicule s'agiter comme un vers au milieu d'une salle sans pitié, pliée sous les rires bruyant en le voyant maladroitement s'essayer à une danse Tahitienne revue à la sauce bourrée auvergnate,
Aussi je ne le cherchais donc plus quand je fus très surprise de le voir parler avec une des danseuses qui était restée à l'écart. Je me dis qu'il devait la connaitre car travaillant à la télé il avait des occasions de rencontrer les groupes de danse.
Quand au milieu des tables je vis arriver la brouette chargée de coco, je fus très heureuse, je montrais toujours beaucoup d’intérêt pour ce numéro de démonstration d'ouverture des cocos
Je ne me suis jamais lassée des chants et des danses mais je reconnais que ce numéro d'ouverture de noix de coco, me séduisais beaucoup.
J'en avais tiré des enseignements pour, à la maison, casser une coco en disposant bien les deux yeux et la bouche de la noix à la bonne place puis en tapant d'un coup sec avec un simple bâton sur l'équateur de la noix.
J'avais retenue et appliquée cette méthode utile mais en revanche je reconnais que jamais, jamais je n'ai essayé de débourrer la noix en arrachant la bourre et la peau avec les dents comme le faisait cet étonnant Maori dont on pouvait dire qu'il avait du vraiment du "mordant".
La nourriture arrivait, portée sur des feuilles de bananiers par les jolies serveuses et les appétissants serveurs.
Chacun dans ses beaux atours allaient s’asseoir autour des grandes tables, nos amis nous avaient rejoints, il faut admettre qu'avec tous nos enfants, nous étions bien visibles, nous avions consacré un moment aux bisous et aux mots de retrouvailles, à la chaleureuse politesse.
Le groupe de danse et les musiciens s'installaient maintenant au centre de la salle, au milieu des tables et mon cœur s'emplit d’allégresse au son de rythmes des puhas et des toeres qui explosaient.
Les hanches tressautaient en mesure, les voix nous emplissaient de leurs harmoniques puissantes et chaudes.
Que ces gens sont beaux, mais beaux, que je suis heureuse !
Je le redirai toujours, toujours avec fierté et bonheur : je n'ai jamais, durant ces années, perdu mon enthousiasme, mon émerveillement, longtemps, longtemps après les premières soirées, après qu'elles fussent devenues nombreuses, elles ne sont jamais devenues habituelles, elles n'ont jamais perdu leur saveur, elles n'ont jamais été gâtées, usées par l'accoutumance.
J'étais toujours inlassablement en découverte, toujours dans l'éblouissement du néophyte, je serai toujours le naïf, la bienheureuse candide.
Je souriais béate et je ne laissais pas un instant de plaisir m'échapper.
Ce fut le moment crucial où les danseuses partir dans la salle et à cet instant je vis un peu surprise, le sourire en coin de JF.
J'en compris la raison en voyant qu'une des danseuses avait attrapé un cavalier pour partager avec elle son tamure, elle tirait un bras d'homme que je ne voyais pas, qu'elle me cachait avec son corps, l'homme résistait, gêné il refusait tout ferme de se livrer à cette exposition, à cette exubérante démonstration publique. Je fus surprise de voir JF suivre ce refus avec intérêt, l'homme résistant était encore assis, alors JF lança soudain avec une voix puissante
"De bout, de bout, de bout"!!"
Immédiatement toute la salle repris et scanda avec force : "DE BOUT, DE BOUT, DE BOUT ..."
Et sous la pression, je vis la victime finir par céder et bien à contre coeur se lever. La danseuse souriait à JF et ramenait toute fière en pleine lumière au milieu des tables le bon gros monsieur pas aimable de la Calèche.|
" papa, maman, c'est le méchant, on le conn...."
" Chuuut Rodéric, ne crie pas, tais toi !"

Loriane Lydia Maleville

Article précédent Article suivant Imprimer Transmettre cet article à un(e) ami(e) Générer un PDF à partir de cet article
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
74 Personne(s) en ligne (17 Personne(s) connectée(s) sur Textes)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 74

Plus ...