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Nouvelles confirmées : Ces gens étranges que nous croisons...
Publié par Bacchus le 11-08-2012 16:00:00 ( 1195 lectures ) Articles du même auteur



Au fil de notre existence, nous croisons parfois des personnages remarquables, étonnants, qui nous laissent perplexes, ahuris, inquiets ou amusés mais jamais indifférents.
J'en ai quelques uns dans mes souvenirs. Tout comme vous, sans doute, et ce serait amusant de se les présenter, à l'occasion de ces pages, justement.

J'étais enfant lorsque j'ai pris conscience qu'une dame avait une particularité étonnante : elle parlait avec un débit étrangement accéléré et, toutefois , parfaitement articulé. La meilleure explication que je puisse donner, c'est qu'elle faisait penser à un disque de 33 tours passé en 78 tours. Vous voyez ? elle se déplaçait d'ailleurs avec la même vivacité.
Dans ma cité, on l'avait surnommée " mitraillette "

Huguette était une femme vive et colorée. Rigoureusement anti-conformiste sur tout, Je m'étais rendu compte que son grand plaisir était de savourer l'état de choc dans lequel elle laissait parfois ses interlocuteurs, au hasard des discussions qu'elle provoquait dans la rue. Avec ses jupes de gitane, vertes, orange ou à fleurs, ses vestes de tailleurs gris et ses bérets jaunes ou rouges, elle ne cherchait pas à passer inaperçue !
Elle entamait des conversations sur les sujets les plus inattendus, laissait son interlocuteur la bouche béante et redémarrait sur un autre sujet dès que le malheureux semblait avoir trouvé le sens du premier sujet. Et puis elle prenait congé, sans préambule, en glissant au creux de la paume de sa victime les bons points ' Huguette '.
Les bons points 'Huguette' étaient de fines rondelles de saucisson d' Arles, artistiquement enveloppées de papier d'aluminium. Le nombre de bons points que l'on retrouvait au creux de sa main renseignait sur l'intérèt que Huguette avait porté à votre écoute.
Le bruit courait qu'Huguette, comme le confirmait sa verve, venait de Paris où elle avait largué un mari important. On prétendait aussi qu'elle avait été rédactrice d'un journal connu et qu'elle avait laissé tout tomber, sur un coup de tête.
Mais, vous savez, les ragots....En tous cas, si, pour beaucoup, elle paraissait givrée, il me semblait, quant à moi, qu'elle s'amusait comme ..une petite folle.

C'est dans la salle d'attente de la gare saint-Lazare que j'ai rencontré le personnage le plus surprenant de ma vie.
J'étais marin et, après une chaude java à Pigalle, j'étais allé y finir la nuit , en attendant le premier train pour Le Havre.
A cette époque, les salles d'attente étaient fréquemment squattées par quelques clochards que le personnel de quai chassait mollement, de temps en temps, sans grand espoir de réussite ni conviction. Il faut dire que nos clochards, en ces temps-là, étaient souvent des personnages intéressants avec, parfois, des particularités amusantes.
Cette nuit-là, à saint-Lazare, il y avait un clochard que je n'ai jamais pû oublier.
Il était assis dans un angle de la salle, la tête tournée vers un coin du mur, et je le voyais de profil. La forme de sa tête m'a tout de suite intrigué : il avait une tête énorme, qui semblait contenir un gigantesque cerveau. Sa seule activité était de frapper son front contre le mur, à intervalles très réguliers.
Il semblait murmurer des mots, à voix basse, sans grand sens . Je commençais à m'assoupir quand une voix claire et sonore s'éleva dans la salle d'attente ! Je réalisais alors que c'était le clochard qui parlait .
Et j'ai entendu ceci, et tant pis pour ceux qui ne le croirons pas :
Je me suis retrouvé en direct dans une salle de tribunal . Un jugement était en cours et le débat était plutôt animé. Les voix des intervenants étaient bien différentes, dans leurs tons et dans leurs expressions, mais j'ai vite compris que le clochard représentait l'avocat de la défense. Il avait une voix plus puissante et j'étais subjugué par la richesse du vocabulaire et la force des arguments du narrateur.
Tout était cohérent et semblait avoir été vécu quelque part , dans le temps. Il s'agissait, je crois d'un procés débattant sur la légitimité de procédures.
On aurait pu penser qu'il s'agissait d'un excellent comédien lisant un scenario avec brio et conviction !
Tout s'échappait des lèvres de ce clochard qui, les yeux fermés, se frappait le front contre le mur, à intervalles réguliers.
Je ne me souviens plus de ce qui à mis fin à cette chose étonnante. L'agitation du petit matin ou l'intervention de la suveillance, mais j'ai toujours dans ma mémoire ces voix si justes et authentiques qui débattaient durant une séance, au tribunal.

J' ai eu un ami, durant quinze ans, qui faisait autant parti de ma vie que ma famille. Nous étions les Laurel et Hardy des nombreux chantiers que nous avons fait ensemble et il ne serait jamais venu à l'esprit d'un employeur de nous séparer. Non pas à cause de notre amitié mais pour l'étonnante faculté que nous avions de nous comprendre dans le déroulement de notre travail, sans avoir, jamais, le besoin d'en établir le déroulement.
En fait, notre activité s'exerçait pendant que nous débitions, du matin au soir, un chapelet ininterrompu de plaisanteries et gags en tous genres. A un point qu'un jeune électricien venait avec un magnétophone pour enregistrer nos délires et les faisait écouter à ses copains, le soir .
Un jour même, dans une salle d'attente d'une boite de main-d'oeuvre temporaire, nous avons occupé l'attente en plaisantant, selon notre habitude. Un jeune arabe , qui nous écoutait, riait, inondé de larmes. Il s'est alors couché sur la banquette, plié, en se tenant le ventre. Nous avons dû interrompre nos plaisanteries devant la réelle douleur du jeune homme qui commençait à hoqueter et semblait étouffer.
Mais ce n'était pas cela, la particularité de mon ami. C'était un homme grand, corpulent, un peu enveloppé et au front dégarni. Il n'avait aucun signe particulier, si ce n'était son sourire gentiment moqueur qu'il arborait en permanence.
Aucune femme ne lui résistait..je me suis souvent dit que je ne comprenais pas pourquoi, mais j'imagine, maintenant que c'était parce qu'il avait, d'instinct, une profonde connaissance et une juste estimation du caractère féminin.Je l'ai vu maintes fois tomber en quelques phrases assurées des jeunes femmes plutôt ' canons '. Mon copain avait une bonne cinquantaines d'années.
Je me souviens d'une jeune mère de famille au visage angélique qui, après un retour chez elle en voiture que mon copain lui avait proposé, parlait de lui en l'appelant: " Mon petit nuage rose " ! textuel.
Quand il parlait de l'accessibilité d'une femme, il avait coutume de dire qu'il n'avait qu'à la cueillir parce qu'elle ' tapait du pied '.
J'ai eu ma part de succès, comme tout le monde, mais je n'ai jamais su ce que voulait dire taper du pied. Je n'en ai qu'une vague idée.
J'ai aussi assisté à la chute de son piedestale lorsque, pour une fois, il était vraiment épris d'une toute jeune femme de 22 ans.
Il l'avait installée dans un petit appartement. A ce moment de l'histoire, il était gérant d'une société que nous avions créée et avait donc , relativement , les moyens 'd'entretenir une danseuse' aux goûts modestes, puisqu'amoureuse.
La chute s'est produite à 06h30 un matin lorsque, rendant une visite inopinée à sa dulcinée, il constata que sa place, dans le lit, était occupée.J' en ai passé, des jours, à le consoler ...
Pas d'happy end. A Montpellier, dans le vieil hopital où nous faisions de la climatisation, nous avons eu le rare privilège de nager dans un mur d'amiante de deux mètres d'épaisseur afin de faire passer des câbles d'un local à un autre, séparé par une galerie murée par un mur d'amiante.
A cetté époque, le risque était peut-être connu mais pas encore porté à la connaissance des travailleurs.
Mon pauvre ami a été emporté par un cancer du poumon, très rapidement.La médecine du travail, aprés quelques fausses alertes, m'a assuré que je ne courais aucun risque et m'a suivi quelques années.
Je suis allé à l'incinération de mon ami. Dans un coin du colombarium, cachée derrière une tombe, avec sa fille, une épouse oubliée très tôt assistait au dépot de l'urne par la compagne officielle de mon vieux partenaire de rigolade .

Bof...j'en ai d'autres, de personnages extraordinaires, mais j'ai comme un coup de flou, là.







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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
saulot
Posté le: 12-08-2012 16:36  Mis à jour: 12-08-2012 16:36
Plume d'Or
Inscrit le: 23-06-2012
De:
Contributions: 445
 Re: Ces gens étranges que nous croisons...
Bon texte, tu as l'air d'avoir connu beaucoup de monde, tu voyages souvent en France ou ailleurs ?
Bacchus
Posté le: 12-08-2012 18:42  Mis à jour: 12-08-2012 18:42
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Ces gens étranges que nous croisons...
J'ai pas mal voyagé, effectivement. Mais tous les gens dont je parle sont ceux qui m'entouraient , le plus souvent, au quotidien.
Merci de me lire
Loriane
Posté le: 12-08-2012 19:23  Mis à jour: 12-08-2012 19:23
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
 Re: Ces gens étranges que nous croisons...
Je viens de lire "ta collection de personnalités" C'est ma récré.
Je pense qu'il y a des catégories parce que certaines de tes rencontres ressemblent beaucoup à ceux que j'ai aussi croisés.
J'aime toujours l'humour qu'il y a derrière ses croquis.
"le petit nuage rose" c'est très mignon, et pourquoi pas ? hein ?
Merci pour la visite.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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