J'ai allumé ma télé, une fois de trop, puis l'ai jetée par la fenêtre.
Vingt heures chaque soir
Le présentateur brun, un gars à coupe obole, Cligne ses petits yeux, plutôt fier de son rôle, Ajuste ses talons pour se grandir un peu, Regarde la régie pour le début du jeu.
Il tape dans le dur, installe la séquence, Alimente mes peurs en début de séance. Est-ce la thérapie réservée aux gogos Par des journalistes du haut de leurs égos ?
Je commence à flipper dès la seconde image, Avec tous ces barbus défilant plein de rage, Des flammes dans les yeux, les armes à la main, Promettant à tous un monde sans lendemain.
Je ne me calme pas, encore moins tranquille, A la vue de rasés se battant dans la ville Pour la mère Russie, patrie du ballon rond, Contre des bedonnants qui ont touché le fond.
Heureusement pour moi, le roi du journalisme, Arrête le massacre, invoque l'extrémisme, Le jaja bon marché, un gros coup de soleil, Pour ne pas effrayer mon cerveau en sommeil.
Le vingt heures finit de façon pacifiste, Sous les couleurs du Tour, une course cycliste, Où des gars maigrichons passent le mur du son Et donnent de la vie une bonne leçon.
Je pourrai terminer, comme c'est la coutume, Par une allocution de notre chef à plume, Sur un sujet bateau où on rase gratis, Histoire d'assurer son élection bis.
Je me sens rassuré par de la statistique, Le petit bedonnant, de son air extatique, Récite des tableaux, des courbes, des totaux, Des chiffres fabuleux avec plein de zéros.
Je vais pouvoir dormir, après la loterie, Où Miss Longues Jambes vend de la féérie, Des rêves de billets, des journées de shopping, L'espoir de rencontrer la reine du camping.
|