Passant le petit chemin, j’ai entendu des rires
Ceux de deux enfants, mendiants affamés
Ils jouaient sur une décharge sauvage remuée
Par leurs vils accoutrements que je ne pus décrire
Leurs yeux trop sales transportaient leur lumière
Dans ce bonheur d’être libre en mouvement
De leur propos je ne compris leur agacement
De les déranger dans leur joie sans manière
Ils me montrèrent leur beau trésor, un trognon
De ce vieux pain sans couleur, ration trop rassis
Laissez là par ces pique-niqueurs bien nantis
De ne connaître le prix de la faim du frisson
Leurs parfums répulsifs déjouaient mon envie d’aider
Vouloir leur donner mais leur crasse salissait mon désir
Aussi ma bonté les lava et les caressa d’un sourire
Et leurs yeux brillèrent d’une prière à vouloir manger
Ensemble nous regagnâmes le village serein
Au coin de la grand’rue chez la boulangère
Ils ne voulurent ces gâteaux à leur goût amer
Ils insistèrent pour une grosse miche de pain
Leur bonheur à se partager la miche m’étourdi
Il était beau comme les anges du paradis
Je me suis approché pour me garantir de leur vie
D’être heureux de ce petit rien qui lient les amis
Je me suis penché vers leur front pour déposer
Ma dernière offrande un baiser d’amitié,
Les reverrai-je un jour sur la route je ne sais
Mais je garderai souvenir de leur belle sincérité.
☼₣€