Requiem pour un doudou
Hippopotame brun, de la fille doudou, Tu protèges son lit, éloignes le vaudou, Barris des compliments, écoutes son histoire, Et de ses sentiments joues bien à l'exutoire.
La gamine te mord les oreilles bien fort, Bave sur tes orteils sans te faire du tort. Maintes fois recousu, tel Frankenstein le frère, Tu ne m'évoques plus un bon gros mammifère.
Pourtant je le sais bien, tu manges ses tracas, Détournes ses frayeurs sans pertes ni fracas. Patron de son coucher, tu n'es pas inutile, Quand il faut assurer un bout de nuit tranquille.
La petite grandit, se lasse des joujoux, Maquille ses sourcils, achète des bijoux. Le bébé devenu cette belle poupée, Combat ses cauchemars par la pharmacopée.
Doudou mon vieil ami, tu finis au placard, Chouchou ne veut gâcher son tout dernier rencard. La poussière te rend la vie un peu pénible, Mais tu restes ici, peluche incorrigible.
La grande a décollé, tu n'es plus qu'un item, Laisse moi te chanter ce dernier requiem. Je scotche le carton, écrit au style bille Une adresse d'Emmaus, ta future famille.
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