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Nouvelles confirmées : Le psychopathe honorable chapitre 3
Publié par saulot le 21-06-2016 15:57:21 ( 897 lectures ) Articles du même auteur



Chapitre 3 :

Je retrouvais Ouisticroc trempé comme une souche dehors près de la bibliothèque. Je me demandais ce que j’avais fait pour mériter cette démonstration de fidélité. J’étais indifférent pour ne pas dire presque hostile à l’égard du singe, pourtant il continuait à me témoigner de la loyauté. Quelque part je me sentais impressionné, puis j’entendis un bruit de grondement d’estomac, c’était Ouisticroc qui devait avoir assez faim. Le soir tombait, et je ne l’avais toujours pas nourri. Problème je ne connaissais pas l’alimentation du singe, je ne savais pas quel type de végétal ou peut-être d’animal, il mangeait. Je dis au singe de chercher à manger, en ponctuant ma phrase d’un idiot et il sembla comprendre mon message, car il se rua sur des bananes. Enfin j’exagère un peu, il n’a pas du saisir le sens de mon insulte, ce serait trop fort. La magie permet beaucoup de choses, mais elle accroît très rarement l’intelligence d’un être vivant. Au contraire une surexposition produit généralement l’effet inverse. Je me souviens de centaines d’histoires disant qu’un mage imprudent, est devenu un imbécile pathologique bouffi d’orgueil, à cause d’un sort mal dosé. Par contre je ne connais qu’un seul récit qui affirme qu’un enchantement a causé un renforcement de l’intelligence, et encore il s’agit d’un conte pour enfants. Je veux bien croire que la magie rende possible beaucoup de choses, mais il existe des domaines où elle est inefficace. Elle apporte de gros bénéfices, cependant un usage abusif de sorts abrutit sauf cas très particulier. En me concentrant je sens de la magie au niveau d’Ouisticroc, il est peut-être capable de recourir à des sorts mineurs. Le facteur principal pour recourir à la magie, est la volonté, la capacité à endurer mentalement. Ainsi il arrive que des imbéciles courageux et déterminés soient plus aptes à jeter des sorts, que des génies peureux et peu motivés.

Je décidais de retour à mon local d’examiner mieux Ouisticroc, sa montre qui faisait le tour de son ventre m’intriguait. Il semblait y attacher une grande importance, et je sentais que l’objet d’horlogerie émettait de l’énergie mystique. Je m’approchais du singe et je tentais de lui enlever la montre, mais il réagit en fuyant. Alors j’essayais une autre approche, j’apportais un biscuit qu’il appréciait hautement afin de l’amadouer. Il mangea le gâteau toutefois Ouisticroc refusa toujours d’abandonner sa montre. Une sourde colère commençait à monter en moi, je n’appréciais pas la résistance de l’animal. J’étais assez tenté de prendre l’outil de force, mais je me retins. Mon instinct me soufflait que ce serait dommage de se priver d’un précieux auxiliaire pour protéger mon matériel. Les singes voleurs pullulaient dans l’île, cependant Ousticroc les dissuadait avec efficacité de s’approcher de moi ou des objets en ma possession. Sa taille plus importante que celle de la majorité de ses congénères, et la puissance de sa voix, intimidaient avec efficacité ses semblables. Alors bien que mon envie de frapper Ouisticroc soit notable, je me forçais à me calmer. Surtout que la montre ne devait sans doute être qu’un objet magique mineur, je sentais de la puissance magique, mais en faible quantité. L’outil devait avoir des applications surnaturelles très mineures, du type servir à allumer une bougie, ou à accélérer légèrement la croissance d’un brin d’herbe. Néanmoins je devais quand même me défouler pour diminuer mon ressentiment, j’allais dehors et je lacérais un arbre pour me passer les nerfs. Je n’éprouvais absolument aucun remords à mon acte de destruction écologique. Je ne respectais pas grand-chose à part moi.
Figue estimait que se limiter à un végétal était un signe de faiblesse, elle me murmura qu’il fallait au moins que je tue un chat pour me défouler efficacement les nerfs. J’étais assez tenté de suivre cette idée, m’en prendre à un arbre ne m’avait pas complètement calmé. Fraise arriva une nouvelle fois pour jouer les trouble-fêtes, et me conseilla de ne pas agir de façon immorale. Rien que pour la faire bisquer, la contrarier, j’avais envie de passer à l’acte sur un matou. Je m’apprêtais à dépecer un chat noir avec un couteau quand j’entendis quelqu’un. Il y avait des témoins gênants, je décidais de reporter à un autre jour mon crime sadique. Je me contentais d’assommer mes trois poursuivants. Cela fut très facile, il me fallut moins de deux secondes pour parvenir à faire perdre conscience aux témoins. Je frappais au même endroit à chaque fois avec un direct au menton. Mes trois adversaires eurent une réaction qui se limita à cligner des yeux d’étonnement, aucun ne para de coup ou n’esquiva une seule fois, ou n’eut le temps de donner un coup. Heureusement je mis un masque pour camoufler mon visage. Figue me dit que j’aurais pu éliminer les gêneurs. C’est vrai mais je n’aime pas tuer les gens avec qui je n’ai pas de contentieux.

Après une nuit de sommeil, j’optais pour explorer une autre partie de l’île, la forêt de la rigolade. Je commencerais par un endroit réputé facile à étudier avant de progresser dans la difficulté. Dans les alentours il existait des lieux ayant des caractéristiques si dangereuses, qu’y survivre plus d’une heure relevait de l’utopie, de l’acte irréalisable sans pouvoirs magiques puissants. Heureusement des barrières surnaturelles maintenaient les éléments les plus agressifs et mortels de l’île hors de portée des gens ordinaires. J’ai compris qu’une activité mystique particulièrement forte avait par moment des incidences fâcheuses sur la faune et la flore, transformait des êtres vivants considérés en temps normal comme inoffensif en véritables calamités pour les humains. Le climat n’était pas ce qu’il y avait de plus périlleux sur l’île. Il existait des menaces bien pires, comme par exemple les escargots mangeurs d’homme. Bien que leur taille et leur apparence extérieure semblaient anodines. Ces créatures s’avéraient d’une vélocité extrême, elles se déplaçaient plus vite qu’une voiture de course lancée à pleine vitesse. Mais surtout une seule de leur morsure venimeuse signifiait la mort instantanée, sauf en cas de protection magique particulièrement puissante. Les escargots de l’île étaient particulièrement craints, car ils faillirent exterminer tous les humains. Heureusement un mage les attira tous dans une forêt, et la scella au moyen d’un enchantement. Depuis les bois où rodent ces créatures sont appelés la zone sans retour, où seul un suicidaire désireux d’avoir une mort atroce oserait s’aventurer. Et encore j’ai choisi une version très abrégée pour mentionner la forêt contenant les escargots. La dénomination la plus longue de ces bois compte plus de trois mille cinq cents mots.

La forêt de la rigolade devait son nom à cause des spectacles souvent comiques qui s’y déroulaient à l’intérieur. Elle se situait à une demi-heure de marche du local où je dormais. Un autre de ses surnoms était le bois des hallucinés, elle comportait de nombreux champignons hallucinogènes, avec un excellent goût mais qui produisait souvent des délires sur le consommateur. Des mages spécialisés dans les prédictions se rendaient de temps à autre dans la forêt afin de consommer des champignons, soit disant pour avoir plus facilement des visions du passé ou de l’avenir. D’après ce que j’ai compris il y avait une grosse part de drogués chez les amateurs de champignons. Ils ne s’intéressaient pas tellement à la perspective de perfectionner leurs pouvoirs mystiques. Ils préféraient plutôt satisfaire leur toxicomanie. D’ailleurs leur capacité à renseigner s’avéraient plutôt décevante. Beaucoup de champignons hallucinogènes de la forêt avaient la fâcheuse propriété d’altérer le langage, de transformer en un charabia incompréhensible les phrases. Même si d’après certains amateurs d’occulte, les performances en matière de prédictions mystiques étaient véritablement augmentées par les champignons. Moi personnellement je m’intéressais aux bois pour d’autres raisons. Je voulais vérifier la portion de vérité affirmée par certains documents historiques, et voir si je pouvais faire confiance aux livres que j’ai consultés à la bibliothèque. Je désirais enquêter sur les sites archéologiques de la forêt, afin de mieux connaître les raisons du climat chaotique de l’île, et tenter d’entrer en contact avec une divinité. Ouisticroc me suivait comme une ombre, passablement énervé par le fait de tourner en rond, je lui jetais une pierre, mais je visais mal, je ne touchais pas ma victime. Il me rapporta docilement le caillou en le tenant dans ses mains. Bien que le singe soit une cible beaucoup plus facile, maintenant qu’il se rapprocha, je choisis de ne pas continuer à le lapider à coup de pierre.

La forêt de la rigolade se composait essentiellement de bouleaux, et de chênes. Par contre comme beaucoup de choses étaient affectées par la magie sur l’île, les arbres des bois développèrent des caractéristiques spéciales. Par exemple les bouleaux étaient généralement beaucoup plus épais que les chênes y compris ceux multi-centenaires. Ils avaient une circonférence très impressionnante, un jeune bouleau d’un an atteignait facilement l’épaisseur d’un immeuble, et une taille supérieure aux plus hautes cathédrales. Les chênes de par leur résistance assez grande à la magie ne mutaient pas comme les autres végétaux, mais comme certains sites de l’île se révélaient gorgés de puissance mystique, certains d’entre eux adoptaient des formes originales. Par exemple en plus de bois, ils développaient des écailles de poisson, ou de la fourrure d’écureuil. Et encore la forêt de la rigolade d’après ce que j’ai compris est le site naturel de l’île le moins exposé à la magie. J’ose à peine imaginer quelles surprises m’attendaient dans les lieux, où la faune et la flore sont imprégnés à de plus hauts niveaux de force surnaturelle. Je m’imaginais presque des végétaux dotés d’une capacité de mouvement extraordinaire, qui coursaient leur proie sur une distance de plusieurs kilomètres. Ou alors des animaux dotés de facultés très spéciales comme la possibilité de cracher de feu, d’envoyer des éclairs. Pendant un moment je regardais d’ailleurs Ouisticroc et je me demandais s’il n’était pas capable de recourir à un sort offensif. Après réflexions je pense que non, cet animal est trop gentil à mon goût pour avoir le cran de répliquer par de la magie de bataille contre quelqu’un. Ce singe se contente de crier et d’agiter les bras quand il sent un de ses semblables s’approcher de mes affaires. Il me semble presque inconcevable qu’il morde quelqu’un un jour.

Holocaust : Hein, Ouisticroc tu es trop nul pour te bagarrer avec un agresseur.

Le singe ne réagit pas, mais je crus percevoir une lueur de malice dans son regard, qui signifiait le plus malin d’entre nous ce n’est pas toi. Je commençais à dérailler, Ouisticroc était un animal peut-être plus malin que ses semblables, mais il n’était pas capable de comprendre une phrase complète. Quoique ? Pendant quelques secondes un doute m’envahit, puis je le réprimais rapidement. Je n’avais pas besoin de champignons hallucinogènes pour délirer, m’imaginer des choses incohérentes. Ouisticroc s’avérait affectueux, cependant il ne pouvait pas avoir une intelligence égale ou supérieure à la mienne. J’étais une personne franchement douée, et lui une bête.
D’ailleurs Figue me conseillait de tuer le singe car il usait peut-être d’une magie pour me faire délirer. Que je me mette à voir un animal comme un être digne de mon intelligence était un signe de faiblesse qu’il valait mieux dissiper. Fraise hurla que tuer un compagnon fidèle était une sacrée manifestation d’immoralité. Encore une fois j’eus envie de passer à l’acte pour contrarier mon côté bon. Même si cela signifiera des ennuis potentiels avec d’autres ouistitis moqueurs sans l’appui d’Ouisticroc. Puis me rappelant que les singes chapardeurs de petite taille pullulaient sur l’île, je décidais finalement d’épargner pour le moment mon animal domestique, qui était très efficace pour protéger mon matériel du larcin.
Mes réflexions m’empêchèrent de déceler tout de suite la présence d’une créature aux intentions hostiles. Heureusement mon ennemi fit craquer une branche derrière moi, et je distinguais un bruce fu, un animal de la taille d’un renard qui ressemblait à un labrador miniature mais avec la capacité de se tenir debout et de saisir avec ses mains des objets. Visiblement vu les traces de poils argentés j’avais affaire à un adversaire plutôt âgé, toutefois il conservait un bon niveau de rapidité et d’agilité. Il fonça vers moi avec un regard rempli de haine, et il tomba par terre, puis il se releva et glissa une nouvelle fois quelques mètres plus loin. Sa troisième tentative se solda par une nouvelle gamelle, sa quatrième aussi. C’était très impressionnant la propension de la bête à être d’une maladresse pathologique. Je finis par être à portée de saut, et elle tenta un coup de patte arrière sur moi, mais elle mit trop de force dans son bond et heurta un arbre. Elle ne se découragea pas, et prit une branche qui traînait par terre, cependant le résultat ne fut pas optimal. Elle s’assomma toute seule en glissant une nouvelle fois.

Je me questionnais sur la nature de l’animal hostile que j’ai croisé, il avait peut-être consommé des champignons hallucinogènes. Oui c’était une explication plausible justifiant de manière rationnelle l’incroyable performance de la bête ennemie. Elle devait avoir mangé quelque chose qui la faisait planer, qui influençait de manière déplorable son comportement, sa précision, et sa capacité à tenir debout. Finalement après quelques autres minutes de marche, je croisais un serpent qui semblait assez belliqueux. Je doute qu’il soit motivé par la faim, cette vipère marron n’était capable d’avaler que des rats, des souris ou des proies plus petites. Je me préparais alors au combat en dégainant mon thermomètre équipé d’une lame rétractable. Je me rassurais même si j’étais mordu, j’avais emporté avec moi une seringue anti-venin, un outil qui permettait de purger du sang les toxines d’un animal venimeux, si la morsure ou la piqûre datait de moins d’une minute. En outre je disposais de facultés de rétablissement très supérieures aux humains. Là où un homme a besoin d’une semaine pour se remettre d’une blessure, une heure de repos me suffit. Mais je n’eus finalement pas besoin de mener un combat. La vipère était un être agressif, mais aussi très maladroit. Elle se tua toute seul en envoyant sur elle-même des éclairs magiques, elle semblait capable de recourir à un sort offensif, mais elle ne maîtrisait pas du tout son pouvoir mystique. Aussi elle s’électrocuta tout seule. Je m’avouais stupéfait par le déroulement des événements, pourtant j’allais de surprise en surprise. Je rencontrais un hérisson lui aussi agressif, mais il ne me fit aucun mal. Par contre quand il prépara une boule de feu, il visa malencontreusement sa tête. Heureusement une flaque d’eau profonde se trouvait près de lui, ce qui lui évita de périr carbonisé.

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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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