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Nouvelles confirmées : Le psychopathe honorable chapitre 2
Publié par saulot le 18-06-2016 10:06:54 ( 820 lectures ) Articles du même auteur



Chapitre 2 :

Je ramenais vers Ouisticroc mon couteau, mais je fus saisi par la profonde intelligence de son regard. Je me sentais mal à l’aise à l’observer, il avait l’air de mettre au défi de continuer, de savoir exactement ce que je voulais faire avec son air implorant. Mais je me rappelais à l’ordre, il était impossible qu’un singe qui appartient à une espèce stupide soit capable de comprendre la menace représentée par une personne armée d’un couteau. Néanmoins j’éprouvais un peu de honte à cause de ce que je m’apprêtais à faire. Je commis de nombreux actes peu recommandables pour me venger. J’ai brûlé des maisons, tué des adultes et des enfants qui se sont moqués de moi, j’ai détruit des universités dont les maîtres de conférence dénigraient mes théories. En outre je n’étais pas un défenseur particulier de la cause animale, j’adorais manger de la viande, et je me moquais royalement des conditions de vie des bêtes dans les élevages. Quant à la notion de sévices sur des animaux, elle ne me révoltait pas, au contraire, je ressentais par moment des frissons quand j’entendais parler de cas de maltraitance abominable sur des bêtes. En outre mes crimes à l’égard d’humains ne m’apportaient pas de regrets, plutôt de la jouissance brutale. Je voyais mes exactions comme un véritable défouloir, un lot de consolation agréable contre les pitoyables imbéciles qui me rejetaient. Je savais que je méritais l’étiquette de dangereux sociopathe, selon les critères de la société où je vis. Mais je m’en moquais totalement. Pourtant je n’arrivais pas finalement à lever la main sur Ouisticroc, je ne parvenais pas à le tuer après réflexions. Je ne saisissais pas la raison de ma miséricorde, mais mon intuition me hurlait de l’épargner. Figue me traitait de dégonflé et de chochotte, elle insistait sur ma couardise, ce qui me vexa profondément. Je me considérais comme quelqu’un de courageux. Puis je me dis qu’il ne fallait pas tenir compte d’une partie de mon esprit très portée sur le sang, qui adorait que je sois cruel et dépravé. Fraise me portait aux nues, louait ma vertu, prenait un ton triomphant. J’eus envie de l’insulter, je n’épargnais sans doute que temporairement Ouisticroc, s’il ne se montrait pas rapidement utile, il finira comme viande dans mon réfrigérateur.

Je décidais de ne pas ôter pour l’instant la vie du singe, même si je me sentais un peu stupide d’agir ainsi, je ne voulais pas contrarier mon instinct. De plus sait-on jamais je tirerai peut-être un profit réel en ne découpant pas Ouisticroc. Pour me changer les idées, je me forçais à me consacrer au travail. J’allais explorer l’île en emportant du matériel et d’autres choses. J’hésitais à porter sur moi des vêtements, vu le climat chaotique des alentours, je voyais mal l’utilité des habits. Soit ils finiront complètements trempés, soit ils contribueront à me déranger en cas d’intense chaleur. Puis je me rappelais que les vêtements avaient un rôle social, que mes recherches sur les phénomènes météorologiques seront plus difficiles à défendre, si je manquais de crédibilité. Or pour les humains la nudité dehors constituait souvent un phénomène mal considéré, voire un tabou. Alors il valait mieux ne pas chercher la petite bête, ne pas causer de troubles et s’habiller. En effet les hommes s’arrêtaient fréquemment aux apparences, peu importe l’utilité des travaux d’un individu, s’il souffrait d’habitudes jugées dérangeantes, il sera beaucoup moins écouté, même s’il apportait une révolution technologique susceptible de rendre service au plus grand nombre. Je pensais par exemple au professeur Yota qui mit au point une machine qui transformait la terre en un carburant écologique, et très performant pour la plupart des véhicules existants. Comme il avait l’habitude de porter un masque en toutes circonstances, il se retrouva accusé de folie par du personnel de la multinationale de la B-Corp, à cause d’une histoire d’argent. Le secret de son invention miraculeuse fut progressivement oublié. Seule une poignée de gens bien informés comme moi se souvient encore de l’existence du carburant génial de Yota.

Ouisticroc me suit toujours, une partie de moi veut le martyriser, voire le tuer. Mais mon intuition continue de me souffler qu’il me sera utile. Je m’approche d’une plage pour prendre quelques mesures avec des instruments notamment deux baromètres, un outil censé indiqué s’il faisait beau, nuageux ou pluvieux. L’un possède un affichage numérique, tandis que l’autre est un vieux modèle avec des inscriptions peintes et une aiguille. Il arrive que le matériel récent subisse plus de perturbations à cause des activités surnaturelles que des appareils anciens. Ce constat n’est pas unanime, mais de temps à autre les vieilles machines sont mieux indiquées pour certaines choses quand une magie intense est à l’œuvre. Il n’y a aucune chance que le climat chaotique de l’île soit dû à un phénomène naturel, un groupe de sorciers, voire même un dieu doit être l’origine des événements météorologiques des environs. Après réflexions, je penche plus pour la divinité, à moins d’être une équipe spécialisée dans les sorts ratés, ou particulièrement folle, je vois mal ce qui pourrait motiver des mages à détraquer à grande échelle le climat. C’est vrai que personne sur l’île d’après ce que j’ai compris n’a vu de dieu, ou quelque chose s’en approchant. Mais bon vu le niveau général d’intelligence de monsieur tout le monde cela ne m’étonne pas. Il y a quand même une probabilité réelle que des mages soient à l’origine de la météo du coin, après tout maîtriser des sorts ne signifie pas être plus intelligent. En outre les techniques surnaturelles peuvent dérègler l’esprit de beaucoup de personnes, surtout quand il s’agit des humains. J’étais plongé dans mes réflexions sérieuses quand je vis un singe femelle en train d’essayer de me faire des avances. Elle se frottait à mon pantalon avec des intentions assez explicites.

Holocaust : Espèce de tarée, je vais te dépecer !

Figue trépignait de joie à la perspective que je maltraite un animal, elle souhaitait que je m’acharne avec énergie sur la dépouille de la femelle, que je la tue très lentement, que j’inflige des outrages sexuels à la ouistiti attirée par moi. Fraise essayait de calmer le jeu, de m’inviter à ne pas céder à mes pulsions agressives, cependant je n’étais pas porté à la clémence en ce moment, mais plutôt à l’envie de tabasser. J’allais frapper l’intruse quand Ouisticroc se chargea de la chasser. Je me demandais d’ailleurs ce qu’il faisait, puis en regardant les alentours. Je vis qu’il tenait en respect un groupe de ses semblables, qu’il empêchait des congénères chapardeurs de s’approcher de mon matériel. Une petite partie de moi m’indiquait qu’il serait poli de récompenser avec un biscuit, ou de caresser Ouisticroc pour le remercier. Mais je n’écoutais pas mon côté gentil, je regardais mon compagnon animal avec indifférence et repris le travail. Je me sentais un peu ingrat mais cela ne dura pas très longtemps. Au bout d’une minute, j’oubliais complètement mes remords, et me replongeais l’esprit clair dans mes recherches. Malheureusement pour moi, les deux baromètres fonctionnaient exactement de la même façon, ils étaient totalement fous, ils indiquaient la neige, puis deux secondes plus tard un temps ensoleillé, et ensuite passé quelques battements de cœur l’averse. Je commençais à comprendre pourquoi il n’existait aucune chaîne de télévision, qui prenait la peine de chercher à prédire le temps sur l’île. Mes autres instruments météorologiques ne me furent pas d’un très grand secours eux aussi, ils se révélaient perturbés, incapables de suivre ce qui ressemblait même de loin à de la logique. Par exemple mon psychromètre, une machine mesurant l’humidité de l’air, m’indiquait un air aussi sec comme dans certains déserts chauds, et une minute après déterminait qu’il régnait une humidité intense, comme dans les pays tropicaux au moment de la saison des pluies. Toutefois l’expédition d’aujourd’hui possédait quand même un côté profitable, rien de tel que l’expérience sur le terrain pour progresser. C’est une chose d’entendre parler de quelque chose, c’en est une autre de la constater de ses yeux. Je ne pus m’empêcher de monologuer à voix haute, suite à mes tests infructueux.

Holocaust : Donc je fais quoi après mes relevés, j’observe les environs ou j’étudie des livres ?

Je décidais de s’instruire, après avoir passé quelques heures à faire des relevés climatiques. J’irais à la Grande bibliothèque météorologique. Il s’agissait d’un endroit qui recensait les écrits et les observations de milliers de personnes dont le travail consistait à étudier le climat. L’île était un vrai paradis pour les météorologues, elle refermait la plus importante base de données écrites sur le climat. En outre la bibliothèque renfermait aussi un musée très intéressant sur l’histoire de la météorologie. L’accès était gratuit pour ceux qui cherchaient à étayer un projet scientifique. Cependant cela ne voulait pas dire que le lieu n’était pas surveillé, au contraire il bénéficiait d’une surveillance plutôt impressionnante. Il contenait des centaines de caméras miniatures, des diffuseurs de gaz soporifiques, et d’autres surprises pour les voleurs et les saccageurs. Ces précautions s’avéraient nécessaires pour préserver de la destruction la bibliothèque. Il existait un mouvement assez répandu au sein de la population de l’île, qui attribuait aux météorologues la faute du chaos climatique dans les environs. En effet d’après quelques rumeurs, le temps se détraquait de plus en plus dans les alentours, à cause des expériences de scientifiques étudiant le climat. Ils profiteraient du temps chaotique de l’île pour tenter de mener des recherches en toute impunité, en usant de dispositifs magiques et technologiques qui modifieront la météo. Problème à force de pratiquer des tests dangereux, la situation empire constamment. Mais avant de pénétrer dans la bibliothèque, je devais résoudre une question grave, dois-je choisir de la mayonnaise ou de la vinaigrette pour assaisonner mes œufs ?

Après un repas durant une vingtaine de minutes, composé de poulet, d’œufs, d’haricots verts et en dessert d’une tarte aux pommes, j’entrais dans la bibliothèque. Ouisticroc m’attendait à l’entrée, les animaux ne pouvaient pas accompagner les visiteurs. Une partie de moi espérait que le singe se lasse de moi, et aille voir ailleurs. Il me rendit quelques services, mais je trouvais quand même sa présence assez irritante. Je comptais faire traîner les choses assez longtemps, pour augmenter les chances qu’Ouisticroc ne soit plus là à mon retour. Ainsi je ferais un grand tour, je ne chercherais pas seulement à consulter quelques livres, j’entrais aussi dans le musée. Ainsi il y aurait de bonnes chances que le singe déguerpisse hors de ma vue. J’appris au cours de ma visite des choses intéressantes grâce à l’exposition. Par exemple il existait déjà il y avait plus d’un millénaire des machines non magiques qui aidaient à comprendre le temps. Les secrets de fabrication du thermomètre au mercure dataient de très longtemps. Même si un seul exemplaire coûtait très cher, et que sa conception n’était pas sans danger, à cause des vapeurs toxiques dues à la manipulation du mercure. La météorologie fut d’abord une science réservée pour les rois et les nobles qui voulaient connaître le temps avant une bataille. Puis elle se démocratisa progressivement, elle devint accessible pour des couches sociales moins prestigieuses, elle finit par servir les buts d’agriculteurs pauvres. Maintenant même un paysan avec des revenus très modérés avait la possibilité de consulter la météo à la télévision, ou sur un journal. Cependant sur l’île le climat infernal rendait pour le moment risibles les tentatives de prévoir le temps.

Il y avait aussi une section intéressante sur les objets météorologiques surnaturels dans le musée. Ainsi il était possible d’admirer des baromètres mystiques. En plus de leur fonction d’instrument de mesure climatique, ils servaient de légers amplificateurs magiques. Ils permettaient d’améliorer de manière mineure la puissance d’un sort. D’après ce qui était écrit dans l’exposition, les objets magiques les plus anciens du musée avaient plus de dix mille ans. Je me demandais s’il ne s’agissait pas d’un mensonge, trouver une relique du passé aussi vieille était généralement extrêmement difficile. Alors la présence de de vingt antiquités aussi anciennes dans le musée me semblait une vaste fumisterie, un piège à touristes. Je sentais en effet une puissante magie à l’œuvre sur les objets surnaturels les plus vieux, et je remarquais que leur aspect les désignait comme des artefacts inestimables. Cependant j’ai appris à me méfier de beaucoup de choses au cours de ma vie. En prime d’après mes connaissances en histoire, il fallait une chance insolente pour rassembler dans le même musée, trois reliques mystiques de plusieurs millénaires. Les censeurs de la multinationale B-Corp avaient mené un véritable travail de saccage historique pour contrôler les témoignages du passé. Résultat exposer au grand jour, trois objets magiques anciens relevaient de la gageure, de l’exploit incroyable de nos jours. Pour arranger les choses, il existait de nombreuses techniques mystiques pour tromper les experts en histoire. Il fallait généralement des mois d’investigations à une équipe nombreuse, pour prouver de manière incontestable l’authenticité d’un vieil artefact magique. Or les autorités de l’île s’arrangèrent pour ne pas pousser trop loin la procédure de vérification de certaines reliques. Elles accélérèrent même tellement l’enquête, que cela donnait une dimension suspecte à leur exposition. Néanmoins même si un certain niveau de fraude existait, la section surnaturelle sur la météo du musée m’apprit quand même des informations valables.
Figue m’invita à voler quelques pièces du musée afin de m’enrichir. J’étais assez tenté de céder aux sirènes du larcin malgré la sécurité des lieux. Je trouvais assez intéressant de voler des escrocs. Encore une fois Fraise joua les casse-bonbons, les défenseuses de la moralité. Je trouvais sa présence difficilement supportable, mais elle suffit quand même à me dissuader de jouer les voleurs. Fraise diminuait ma concentration, et j’avais besoin d’être un état optimal pour commettre sans trop de risques un vol.

Après le musée, j’entrai dans la bibliothèque à proprement parlé. Il fut frappé de la quantité astronomique de livres en rapport avec la météo, qui dépassait allègrement le million. En effet le lieu de savoir comportait plusieurs étages souterrains, et les étagères se révélaient assez grandes, les plus imposantes mesuraient quatre mètres de haut. Il fallait une échelle pour accéder aux livres hauts perchés. Les autorités de l’île mettaient beaucoup d’énergie pour mieux connaître le climat, mais j’ai entendu dire qu’il ne s’agissait pas seulement d’une envie de rendre service aux habitants, de soulager les gens des effets souvent désastreux du climat local. Le gouvernement insulaire est libre d’imposer une fiscalité forte, juste en brandissant l’argument qu’il s’agit d’un moyen d’aider à stabiliser le temps, d’offrir une possibilité de profiter d’une longue accalmie. Le maire change très souvent sur l’île, mais il reste des fonctionnaires qui s’en mettent plein les poches grâce aux aléas climatiques. Bien sûr le privé n’est pas forcément mieux que le public en matière de détournements de fonds. Par exemple certains cadres de la multinationale B-Corp sont des champions toute catégorie, de l’enrichissement frauduleux. Néanmoins je devrais penser à autre chose, me concentrer sur ma tâche de météorologue. Je n’ai ni l’envie, ni les moyens de changer ce monde pourri. Je ne suis qu’une goutte d’eau dans un immense océan. Et s’il arrive parfois que les mers débordent. Il n’empêche une misérable goutte a bien peu d’influence. En cherchant des informations sur les divinités liées au climat, je tombais sur un rituel singulier. Si une personne sur cette île, s’insérait une banane dans une oreille, récitait la formule magique HocusPocus, il pourrait entrer en contact avec le dieu MeTeorama. Poussé par un démon ridicule, je me demandais si un fruit mûr ou vert changeait la donne. Après avoir consulté une vingtaine d’ouvrages, je sortais dehors, et je tombais sur une surprise.

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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