Le bitume
L’été chauffe les rues, le macadam explose. Un jeune à cheveux longs se révolte sans cause. James Dean n’a pas trouvé de digne successeur, Au royaume des fats, des gros et des poseurs.
Juin s’annonce très long, un cortège de pénibles, Du nabot de salon au roi de l’impossible. Les gagneuses de l’Est quittent le boulevard Au cas où la marée devienne rouge et noire.
Le tango des nantis n’avance ni recule Une danse élastique, un mouvement ridicule, Devant un ancien gras et un nain de jardin, Mal élus par la masse en quête de suzerain.
En attendant Juillet, sa fête nationale, Les courses de vélo et peut-être une finale, Les heureux et les pauvres envahissent le métro, Rêvent de jours meilleurs, de gagner au loto.
Paris est une fête dit un poivrot lucide, Un gars nommé Ernest, à moitié apatride. Et l’Enfer c’est les autres, si on en croit Jean-Paul, Un défunt écrivain plus Gorki que Gogol.
Être ou avoir été le plus naïf des hommes, Le prince des Danois ou seulement une pomme, Ne change pas l’affaire et encore moins le temps, Le bitume survit à tous les accidents.
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