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Accueil >> xnews >> Inondation à l'étage (défi du 11/06) - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : Inondation à l'étage (défi du 11/06)
Publié par couscous le 12-06-2016 14:17:18 ( 836 lectures ) Articles du même auteur



Réponse au défi de Donald

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Je vis au rez-de-chaussée d’un immeuble à deux appartements. Mon voisin du dessus s’appelle Hippolyte. Vous pensez qu’avec un tel prénom on sort tout droit d’une bonne famille où l’on a reçu une éducation correcte et un sens du savoir-vivre. Hé bien, mon voisin n’est pas de ce genre-là, pour mon plus grand malheur.
Chaque matin, il descend nu comme un ver pour récupérer son courrier. Il n’est donc pas rare que je le croise en tenue d’Adam, popaul et ses deux copines à l’air libre en train de se balancer joyeusement. Je ne peux empêcher mes joues de s’empourprer, en raison de ma grande pruderie. Mes yeux se baissent pour contempler le carrelage en damier et mes pieds m’amènent le plus vite possible vers la porte de mon appartement.
La nuit, ses ronflements font trembler les murs. Et s’il n’est pas seul, ce sont les cris et les râles de sa copine, qu’il mène apparemment jusqu’à l’extase, qui me tirent de mes songes très sages. Il y a aussi les soirées avec les potes pour n’importe quelle occasion. Que ce soit un match de foot, un anniversaire, le Beaujolais nouveau, la Chimay de Printemps, etc.
La journée, ce n’est pas mieux. Hippolyte, grand fan de hard rock heavy metal, passe en boucle Iron Maiden, Black Sabbath ou encore Judas Priest. Cette musique a le don de me rendre nerveuse, parfois au bord du pétage de plomb. Beethoven et Mozart dont les mélodies enchantent mes pénates ne peuvent couvrir entièrement cette cacophonie.
Chaque semaine, pour éviter de descendre à poil, il jette sa poubelle par la fenêtre. Celle-ci atterrit tant bien que mal sur le trottoir. Elle finit souvent éventrée par les chats du quartier, émettant ainsi une odeur pestilentielle qui ne manque pas de parfumer mon logement si j’ai le malheur d’ouvrir ma fenêtre.
J’ai bien tenté de le raisonner :
« Bonjour, vous me reconnaissez ? Je suis la voisine du dessus. Vous aurez remarqué que l’immeuble est plutôt mal insonorisé. Je ne suis pas du genre à me plaindre mais disons que vous mettez votre musique un peu fort. Ah, et il faudrait que vous consultiez un spécialiste ; vos ronflements réveilleraient un mort ! Je pense à votre santé… c’est inquiétant. Et puis, lorsque vous invitez vos amis, pourriez-vous terminer à une heure disons… raisonnable, du genre minuit ou une heure du matin au lieu de quatre ou cinq heures ? Hein ? »
Hippolyte me jette un regard de veau avant de refermer la porte d’un geste sec sans prononcer une parole.
J’ai fini par m’y faire avec l’aide de mes amis : Boule Quiès, Beethoven, Mozart et Bougies Parfumées. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’un jour, la copine d’Hippolyte emménage.
J’ai d’abord pensé que ce serait une bonne chose, qu’elle apporterait un peu de calme et de savoir-vivre dans sa vie et dans l’immeuble. Ce fut tout le contraire !
Ils descendaient ensemble chercher le courrier en mode naturiste. J’avais l’impression de vivre au Cap D’Adge, sans en avoir la météo. En plus des potes, ils invitèrent les copines toutes aussi bruyantes. Les poubelles étaient plus nombreuses et toujours balancées par la fenêtre. Et l’odeur fait croire aux passants à une grève de longue durée des éboueurs.
Là aussi, j’ai tenté le dialogue. J’ai profité de la sortie d’Hippolyte pour aller discuter avec sa copine, ma nouvelle voisine.
« Bonjour, j’habite en-dessous. Je vous souhaite la bienvenue dans l’immeuble mais il faut qu’on discute…
– Ah ouais, t’es la pouffe d’en-bas. Hippo m’a parlé de toi. T’es la bourge qu’écoute de la musique de vieux et qui bouffe écolo.
– Ecolo ? Vous voulez dire bio ?
– C’est le même. Bon, viens pas nous chercher des noises à mon homme et moi. Là, on est gentils, on te tolère mais faudrait pas pousser la charrette dans le cul du fermier. Sinon tu vas voir qu’on peut être chiants. J’te salue pas ! »
Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder mon vase de patience. J’étais dans l’immeuble avant eux, j’avais le droit d’ancienneté. Il fallait qu’il parte en emmenant madame sous le bras. J’échafaudai donc un plan pour le faire déguerpir.
La météo annonçait des orages cette semaine. Pendant son absence, je profitai de grimper sur une grande échelle pour accéder au toit. Là, je bougeai plusieurs tuiles afin que l’eau puisse s’infiltrer dans l’appartement d’Hippolyte situé en partie dans le grenier.
L’effet ne se fit pas attendre. Les pluies torrentielles inondèrent sa salle de bain. Je les entendais pester et tout en épongeant les dégâts. Lorsque le beau temps revint, je partis à la chasse aux limaces dans le square tout près. Mon sachet bien rempli de ces bêtes gluantes, je montai à l’échelle et les lâchai par la fenêtre entrouverte au premier étage. Je les vis ramper dans le lit conjugal en laissant des trainées de bave gluante bien sympathiques.
Le cri strident de Madame Hippolyte me fit rire comme jamais. Le lendemain, je la vis sortir de l’immeuble, sa valise à la main. Je commençais à gagner du terrain. Il fallait que je continue mon offensive discrète. Régulièrement, j’allai déverser un seau d’eau sale sur le toit afin de nourrir les infiltrations même par temps sec.
Quelques mois plus tard, un camion de déménagement emmena Hippolyte loin de moi, et ce, à ma plus grande joie. Deux jours plus tard, une camionnette se gara devant l’immeuble. J’en vis sortir un homme brun, à la barbe soignée et au sourire d’ange. Il commença à sortir ses affaires. Un carton craqua et déversa son contenu sur le trottoir. Je me précipitai afin de donner un coup de main et de faire connaissance avec mon nouveau voisin. C’est ainsi que je tombai sur des CD de Tchaïkovski et de Chopin. J’appris qu’il se prénommait Kevin.
Pendant son absence, je ne manquai de retourner sur le toit afin de replacer les tuiles. Il a intérêt à avoir un minimum de savoir-vivre sinon il sera inondé même par en cas de canicule.

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Auteur Commentaire en débat
Istenozot
Posté le: 12-06-2016 17:54  Mis à jour: 12-06-2016 17:54
Plume d'Or
Inscrit le: 18-02-2015
De: Dijon
Contributions: 2303
 Re: Inondation à l'étage (défi du 11/06)
Chère Delphine,

Eh bien ta nouvelle est claire comme de l'eau de roche. Cela coule de source, il ne faut pas te chercher des noises sinon il risque d'y avoir de l'eau dans la gaz. Me méfiant de l'eau qui dort, si je vis un jour au dessus de toi, je me jetterai à l'eau et je te proposerai de la belle musique sans trop de bruit. Ne voulant pas me retrouver le bec dans l'eau, je viendra t'informer des bruits probables que je ferai.

Et si par hasard, j'abusais un peu, il ne faudra pas me faire une tempête dans un verre d'eau. Et puis nous ressemblant comme deux gouttes d'eau, je suis sûr que tu les aimeras mes bruits harmonieux.

Merci pour cette délicieuse nouvelle maritime. J'espère que tes voisins sont bien sages!

Je te souhaite ne belle fin d'après midi dominical.

Amitiés depuis ma maison très calme où je me sens comme un poisson dans l'eau.

Jacques
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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