Cette petite fable est ma réponse au défi de notre ami Kjtiti du 29 mai 2016 :

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Qu’ils soient en chair ou en os, les mots d’un poème,
En faire la grève est en somme un vrai dilemme !

Un mot en os qui voulait tant l’éternité
Se plaignait en notre temps de leur vacuité :
Ne voyez vous pas, vous qui êtes si charnu
Tous ces vils dialogues affligeants et saugrenus
Qui enflent les discours et oublient la beauté
Des moments de partage en toute loyauté.
Vous en êtes le héraut rogue et pas très net
Poussant les hommes dans les frasques d’internet.
A quoi bon se livrer au délice des mots,
Dès lors qu’on les aligne tel un camelot.

Mais que reprochez vous donc à ma bonne chair,
J’aime les syntagmes émergeant de beaux éclairs.
Je trouve surement que votre os sature
Et vraiment votre os se ment, je vous l’assure.
Ce monde ci serait bien triste en notre absence.
Dans l’oubli, il passerait dans l’obsolescence.
Dit ou chuchoté dans le vent, on nous oublie,
Ecrit, notre présence est une thérapie.
Vois-tu l’homme là-bas qui déprime ou qui rie,
Il veut de nous pour reconquérir l’euphorie.

Je dis que parfois, il nous faut faire la grève.
Il faut laisser le cœur des hommes aux lettres brèves.
Les mots les plus fins sont ceux que l’on cherche en vain
Laissons donc leurs esprits en être le levain.
Acceptons avec eux de perdre quelques plumes,
Afin qu’un grand bonheur naisse dans cette écume !
On croit ainsi que les écrits sont en recul !
S’ils ne sont pas ce qu’ils doivent être, sans calcul,
Alors promenons nous au delà de nous-même
Et poussons les humains à des plaisirs suprêmes.

Ah, tout comme moi tu recherches la gaité,
Et de la tristesse tu veux être traité.
Je suis un enflammé qui aime la grandeur,
Qui la sème dans les écrits avec ardeur.
Toi, le mot en os, tu es la preuve évidente
Que dans la grève, l’écriture peut être ardente.
J’admets que dans une écriture toute pâle,
Puisse être offert à notre âme une pastorale.

Dans la douceur des mots je désire finir
Notre échange pour assurer notre avenir.
Que nous soyons de chair ou d’os mon cher ami,
Les mots puissants et doux ne sont pas ennemis.
Les uns sont de belles cascades de puissance
Que rafraîchissent les autres avec espérance.
Alors que nous décidions d’une grève ou pas,
Nous resterons toujours pour les hommes des appas.

Jacques Hosotte