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Nouvelles confirmées : L'arrivant XVIII
Publié par Loriane le 30-07-2012 21:20:00 ( 1287 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées




Ce chien était une énigme, un invraisemblable intrigant, un intrigant surnaturel!
Je pensais qu'il allait être nécessaire de faire une recherche détaillée, il nous faudrait faire tout le tour du jardin avec la minutie d'un limier. Il fallait enfin comprendre comment ce chien entrait et sortait si facilement de cet espace bien clos.
" Oh ! les enfants tout le monde s'y met, on fait tous le tour du terrain et on inspecte la clôture centimètre par centimètre, le premier qui trouve un trou m'appelle "
Cela semble parfait pour expliquer ce comportement de passe-muraille, en revanche comprendre pourquoi il voulait absolument rentrer chez nous et pourquoi il tenait tant à y rester, ça c'était encore un autre mystère, un mystère trop épais pour moi, et j'avais déjà renoncé à l'élucider.
"Bon ! les enfants, Étienne et Françoise viennent manger ce soir, il faut que je prépare le repas, qui a encore des devoirs à faire ?"
"On va à Moorea demain maman ?"
"Ben oui, on prendra le bateau de quatre heures, mais j'ai pas d’écho à ma question, qui a du travail à finir ?"
" On a tout fini"
"Et nous on a rien à faire"
Je me dirigeais vers ma cuisine, je mis mentalement ma toque de chef, le cœur à l'attaque, dans une heure la nuit serait là, il fallait que je commence sans tarder.
Je voulais offrir à mes invités et à ma famille un repas de chef. Je commençai donc par le plus important, mettre le son de la radio à fond, pour, comme toujours travailler en musique.
J'avais prévu un rôti de veau Orloff, parce que j'aimais beaucoup ce plat, et que j'ai souvent pensé que le plaisir de mes invités passait par le mien.
J'avais la réputation d'être un fin cordon bleu, et il était vrai que j'avais toujours aimé cuisiner, peut-être pour prendre le contre-pied de ma mère qui elle, avait toujours préparé tous ses repas à l'ouvre-boite.
Découvrir de nouvelles cuisines, inventer, inaugurer, accommoder les goûts, les saveurs, tout cela était presque une passion, mais je devais lutter contre mon point faible, mon handicap était toujours le détail, le dernier centimètre qui faisait qu'une chose est parfaite.
J'avais fort à faire avec moi-même pour me contraindre à apporter le soin, le goût des détails dans la présentation, dans la confection.
Or, je faisais souvent une cuisine de maman, une cuisine "au pif", qui ne nécessite aucune mesure, aucune balance, aucun minuteur, une cuisine de brute, me disais-je souvent. Mais il n'était pas question que l'on me fasse des reproches, que l'on me critique sur ce point car aussitôt je riposte vivement que je ne travaille jamais dans l'infiniment petit, et voilà ! En réalité j'étais sur ce chapitre, la seule, à être autorisé à me critiquer.
Je le savais, il fallait que je force ma nature impatiente de va-vite.
Or le veau Orloff demande une précision dans le geste et une dextérité qui n'était pas ce que je faisais de mieux.
J'avais déjà découpé, mes tranches de viande, de lard, de fromage, je m'étais appliquée comme une écolière pour faire des morceaux de taille fine et régulière.
Je me concentrai et je tirai la langue comme lorsque enfant je peignais et que d'ailleurs, je débordais toujours, toujours ! À tel point que ces maladresses en étaient désespérantes, comme une triste malédiction. Je connais bien ma propension à allait trop vite, et par dérision il m'arrive de dire de moi que ma devise est "vite fait, mal fait". Je fonçais toujours droit au but.
Mais là j'avais décidé de faire bien, très bien même. une cuisine tirée au cordeau. Je devais m'appliquer, aller au mieux.
Bon, me voici au cœur du problème, car maintenant je m'attaque à la confection, de mon rôti, le fil de cuisine à mes côtés.
Je recule, je regarde l'ennemi dans les yeux et j'attaque.
Une tranche de viande, une tranche de fromage, une tranche de lard, une autre tranche de fromage, bon je tiens bien et allez je continue, une autre tranche de viande, de fromage, ... et ZUT, la première tranche s'est sauvée, je tenais mal mon rôti, bon pas grave, calme !
Je continue, une tranche de lard, bon elle est trop grosse, zut, tant pis, la main gauche tenait solidement la partie assemblée, une tranche de .....
OUHOUHOUHOUH OUHOUHOUH !!! !
Je sursautai si fort que ma main s'est ouverte sur le coup, tout près de moi un hurlement d'indien en guerre m'avait empli les oreilles, toutes mes tranches sont en débandade, tout m'a échappé, tout est à refaire.
" NOOON ...!
Ça va pas, non ? qu'est-ce qui se passe ? pourquoi vous hurlez comme ça ? "
Mais bien sûr pas de réponse, faudrait pas rêver et attendre des explications d'une tribu en guerre.
Mais qu'est-ce qu'ils font ?
Avant de reprendre à zéro mon ouvrage, je trouvais plus sage d'aller voir ce qui se passait. Les cris venaient de derrière la maison, je me penchai au dessus de la terrasse et je vis passer la charge des indiens furieux. Ils se couraient après en hurlant, là rien d'anormal, par contre leur accoutrement me fit tout d'abord crier de colère :
Florian avait décroché ma robe, de sur le fil à linge, il l'avait mise à l'envers, il avait mis ses jambes dans les emmanchures et le bas de la robe était rabattue sur sa tête comme une grande cape !!
Ma belle robe en soie peinte ! Quand à la vue de Sacha était pire encore : il traînait derrière lui un de mes draps qu'il portait en jupe et il s'était accroché aux oreilles, les longues chaussettes kaki prises dans le paquetage de l'armée de son père.
Vous avez déjà vu des indiens pareils, vous ? Le spectacle était surréaliste, des fous ! ces gosses sont fous !
J'avais voulu crier mais je n'ai pas pu, devant leur allure folle, je m'étais appuyée à la porte fenêtre, je riais tellement que je glissai lentement jusqu'au sol secoué d'un irrépressible fou-rire.
"Rendez moi mon linge, tout de s..."
Le reste de ma phrase était parti, éteint, étouffé dans ce sacré fou-rire, j'ai du inspiré longuement, pour pouvoir mon ton très ferme, et menaçant, enfin j' essayai, car en fait les deux têtes de clown que j'avais sous les yeux me privaient de toute autorité.
Je changeai tout de suite de méthode, il faut savoir s'adapter, inutile de chercher à impressionner des indiens de cette tribu là ! Ils sont peu connus mais ils peuvent être terribles, je vous l'assure.
Alors je suppliais en hoquetant.
"Soyez gentils, allez mettre le linge dans la machine, et toi Florent va mettre ma robe dans ma salle de bain, il faut que je la relave, soyez sages sans cela le dîner ne sera pas prêt, restez tranquilles !"
Je retournai m'expliquer avec mon veau Orloff, et miracle quelques minutes plus tard, je le ficelai, ouf ! il est beau, allez au four.
On ne change pas une cuisinière qui gagne, donc je m'attelai dans la foulée, sans me refroidir, sans répit aucun, à la fabrication de ma tarte aux poires.
Encore là, je souffris, bien que la pâte ne soit pas un problème, mélanger, mettre du beurre, malaxer, je savais faire ça très bien, c'était mon truc, je possédais ça comme si j'étais née en faisant de la pâte à tarte, mais en revanche il fallait que je rassemble toute ma patience pour faire avec le plus grand soin, la découpe et la pose des fruits.
Je découpai donc avec sérieux, les tranches de fruits, bien fines, et surtout bien régulières, puis je les disposai artistiquement en un rond parfait et soigné, pour cela je tirai encore une fois la langue par application, une tranche, une seconde, je tournai autour du moule, le dessus prenait forme, voilà..
Je reculai pour considérer mon travail.
"Ouah ! Vive moi ! on dirait une tarte de boulanger ! Je suis une vraie professionnelle ! Bravo ! je suis une vedette, quel beau chef d’œuvre !! "
J'admirai avec un amour satisfait ma "tarte maison de professionnelle"
Quand au goût pas de problème je savais que mes invités seraient réjouis.
"Maman ? y'a pas de pâte ?"
Les indiens avaient fumaient le calumet de la paix et réclamaient maintenant leur dû comme c'était la coutume à la maison lorsque je préparais de la pâtisserie,.
Préparer un gâteau, attirait inévitablement une ma petite troupe, j ''avais toujours dans ce cas précis, un public assidu et aidant. Un plat à laver ? un saladier à nettoyer ? Des fouets plein de chantilly, de chocolat ? Pas de problème, d'accord, toujours dans ce cas mes aides bénévoles nettoient, et ils nettoient avec empressement, mais il faut préciser que le nettoyage se fait tout d'abord avec la langue, "tout avec la langue" c'était la devise de mes canailles.
Étés-t-ils attirés par l'odeur ou peut-être un sixième sens ? Je ne savais pas, mais sitôt les plus petits déchiraient ma boule de pâte avec délectation que les grands arrivaient sans tarder;
J'avais, comme toujours dans ce cas, mis une grosse boule de pâte de côté, je la découpais en petits morceaux et je donnais la becquée à mes gros gourmands.
Il y avait là aussi un mystère, les mêmes enfants qui n'avaient jamais assez de pâte crue avant le repas, laissaient dans l'assiette, la pâte cuite des tartes !!!
Le temps passait et je me pressai : les douches, le couvert, les apéritifs, les légumes à cuire, tout fut fait dans les temps lorsque j'entendis dans la rue le bruit du moteur de la voiture de JF, suivi d'une autre voiture, nos invités arrivaient sur ses talons.
Cela me contraria légèrement, j'aurais préféré que JF arrivât quelques minutes avant eux afin que nous puissions bavarder, car j'attendais depuis le matin d'avoir une discussion avec lui, j'étais intriguée et je voulais savoir quel était son plan d'action pour Gaston, notre Gaston le pot de colle.
Il faut dire que je ne m'illusionnais pas, je ne pensais pas un instant qu'il eut l'intention de garder ce chien.
Au moment où j’entendis les véhicules se garer, les enfants avaient disparus, je ne voyais pas les invités arriver, il faisait nuit noire et de la terrasse on n'apercevait pas la partie du jardin, sous la terrasse car trop proche de la maison.
Du bas de l'escalier, des bribes de conversation venaient à moi portées par le vent, bien qu'occupée à mes derniers préparatifs je dressai l'oreille, et je sus très vite que la conversation roulait autour de la préoccupation du jour, c'est à dire bien évidemment, le héros Gaston.
" ... avez un ... Chien Ils avaient ... Chien ..;"
Quand j'entendis les premiers pas sur la terrasse, je posais mes outils ménagers pour, en bonne maîtresse de maison, accueillir nos amis, et voilà que Gaston fut l'objet des premiers mots échangés.
" Il a raison JF c'est vraiment un problème, il est à qui ce chien ? "
" Bonjour Étienne, Bonjour Françoise, à qui ? mais on n'en sait rien, rien de rien sur lui, la seule chose que je sais est que à RFO tout le monde est mort de rire quand j'y vais pour passer une annonce, et que cette bête de chien est comme un élastique : plus tu le lances loin, plus vite il revient"
" On l’emmène avec nous à Moorea demain, j'ai appelé mon pote le capitaine de gendarmerie, il m'a rappelé tout à l'heure, il a trouvé quelqu'un"
"Ah ? c'était donc ça ton idée, pourquoi pas ? C'est pas idiot et c'est sûrement la solution à notre problème"
Tout le monde était d'avis que c'était la seule solution, une fois sur une autre île, le problème serait définitivement réglé, je ne l'imaginais pas revenir à la nage et traverser les 18 Kms d'océan agité.
Pendant le repas Françoise intriguée revint sur la présence de Gaston.
" Mais comment a il fait pour revenir aussi vite ? c'est loin la presqu'île !"
"Ben, je pense qu'il monte dans un truck ou sur un pick-up, il doit faire du stop, il n'y a pas d'autre explication à mon avis "
Les assiette vidées, je fus félicitée, mes talents de cuisinière furent salués, j'étais si ravie, si comblée et j'étais fière de leur offrir mon chef-œuvre du jour, "la cerise sur le gâteau" ma belle tarte aux poires, "professionnelle"
J'allais desservir et apporter le dessert, Nous étions tous autour de la grande table de la terrasse. Cette immense table aurait pu recevoir facilement une vingtaine de personne et se trouvait à l'extrémité de la terrasse, face à la mer et au cimetière.
J' étais assise, heureuse, le visage tourné vers le jardin, j'avais sous les yeux la silhouette sombre de la montagne, du pic rouge, dans mon dos la maison allumée et son mur de portes fenêtres, la dernière, là-bas au fond, après l'escalier était celle de la cuisine.
"Maman j'apporte la tarte!"
"Oui, Florian merci Cow-boy mais tu es pressé ?"
Oui, il devait l'être car, en regardant vers la porte de la cuisine, je vis de profil, d'abord la plaque à tarte apparaître, les bras tendus de Florian apparaître, puis un début de Florian qui sortait de la cuisine, un Florian qui, qui ... qui ...sèchement butait dans le rail de la porte, déséquilibré il eut une forte secousse vers l' avant, nous vîmes très bien, la tarte s'envoler toute droite, comme un lancer de disque, comme une soucoupe volante qui s'enfuit, elle fit un vol parfait, un envol de frisbee droit rapide et HOP en bas , dans la jardin !
Mon chef-d’œuvre disparu d'un coup, d'un seul dans les aupuis, les autis, dans les hautes fleurs de gingembres rouges le buisson de jasmin, dans les pervenches de Madagascar, les orchidées, enfin dans la mini jungle qui constituait le parterre sous la terrasse.
Florian dans son élan suivit un moment la tarte et alla se cogner sur la rambarde, mais grâce à ses mains soudain libres il se protégea de la rampe, sur laquelle il aurait pu donner du nez.
Il y eut un très gros silence . Un ange passait.
"Euh ! ... maman ... je crois qu'elle est tombée en bas ! "
Un enfant qui a l'air penaud c'est comme ça, comme Florian ce jour là.
Pendant le vol plané de mon chef d’œuvre, je ne l'avais pas quitté des yeux, j'avais visualisé les jolies rondelles bien rangées, bien sages, je les ais vue s'envoler et je mesurais le temps passé à m'appliquer pour les découper avec précision et mes soins à former un dessin parfait.
"Ah bon , tu crois ???
Voilà pourquoi ça sert à rien de se casser la tête, voilà !!"
"Maman j'ai pas fait exprès"
"Ah , bon ! t'as pas fait exprès ? ben, heureusement ! manquerait plus que ça que tu l'aies fait exprès en plus !!!"
La voix de JF tonnait.
"Je vais aller la chercher"
Florian avait pris un petit ton arrangeant, rassurant, réparateur, il aurait aussi bien pu ajouter en tahitien "aïta pea pea" c'est à dire en français il n'y a pas de problème.
"C'est ça , bonne idée !!!"
JF avait le ton sarcastique mais il est vrai que si l'intention était louable, le but lui n'était pas assuré, ce n'était pas gagné.
Et voici toute la tablée debout, tout le monde descendit l'escalier partit "à la cueillette" de la tarte sauvage, les autres enfants avaient la bouche ouverte, sidérés par la scène de la tarte qui vole, pendant qu' Étienne et Françoise n'en pouvaient plus de rire,
Nous étions tous en train de fouiller dans l'ombre, nous écartions les plantes, et là au milieu dans le noir, noir et frisé, Gaston fouissait le sol avec sa truffe en faisait des petits bruits de plaisir, des petits grognements et avalait à toute vitesse et goulûment tous les morceaux de la tarte explosée.
" Ben ça y est, voilà l'explication, pourquoi Gaston revient toujours ici ? mais parce qu'il sait qu'il y a quelqu'un qui va lui offrir une délicieuse tarte aux poires"
Ce cher Gaston n’est pas que noir et frisé mais il est également aussi gourmand que têtu.
Loriane Lydia Maleville

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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