Quand mon être est sensible aux prémices du temps, Qui doucement se hâte, en préservant l’instant, J’aime à me reposer, ne rien faire et rêver, Entendre la rivière rouler sur les galets. Contempler la campagne, ou les champs de blés mûrs, Bercés par le vent doux, se balancent à l’azur. J’observe la fourmi, affaneur incessant, Qui besogne sans cesse et vole en passant Un grain d’orge à l’épi, prévoyante avisée, Elle hait cette cigale au chant de désœuvrée. La mésange, en son bec un lombric appétant, Rejoint ses oisillons qui piaillent bruyamment. L’abeille solitaire hésite, et puis se pose Sur l’épiaire sauvage aux tendres teintes roses. Là , pour passer le temps, je m’étends sur la mousse Le soir tend à venir et la clarté s’émousse, Les nuages ouatés font un ciel ombré gris Évadé d’un tableau de François Daubigny, Le bruit de l’onde proche, me semble somnifère, Je sommeille et m’endors sur cette fraîche terre, Puis m’exhibe à Morphée, ce jeune homme aux pavots, Qui sait d’un cauchemar, faire un songe fort beau.
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