Le chasseur ne sait pas que son temps est compté Que la nuit au-dedans, le vide et le dévore Ressent-il autrement tout ce qu’ils ont manqué ? Ce silence pesant qui souffle sans effort. Le poète le sait, mais ne le lui dit pas Dans sa gorge serrée tous les vers se sont tus Il rêve à cette étreinte et que s’ouvrent les bras Que s’échappent les mots qu’ils avaient retenus. Le chasseur ne dit pas qu’il est soudain trop tard Que son fils n’est pas insensible à ce froid Le poète a le cœur qui sous l’ombre se fard Son père ne comprend pas qu’il puisse être une proie. Le poète ne voit que ce qui les sépare Pas l’amour silencieux qui dit ce que nous sommes Il maudit cet enfant que tout semblait déchoir Et le sort qui ne sait que se moquer des hommes. Le chasseur a souffert d’autant de différences D’un amour maladroit, de ne pas recevoir Le poète n’y vit que de l’indifférence Deux destins abîmés s’aimant sans le savoir.
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