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Nouvelles : Gorrotoa – La statuette maudite – La paroisse St-Antoine
Publié par christianr le 24-04-2016 01:35:43 ( 857 lectures ) Articles du même auteur



La nouvelle manifestation de Gorrotoa m’est apparue sous une lettre. En effet, elle venait sous le nom d’Augustine Lecompte, une femme de 78 ans, qui a été assistante paroissiale pour le curé Boivin. N’étant pas une fervente d’internet, elle a préféré m’envoyer son témoignage par écrit. Voici le contenu de la fameuse lettre :

Bonjour Dr Mousavi,

C’est après grande hésitation que j’ai décidé de vous donner ma version des faits sur l’avènement de la paroisse St-Antoine en 25 mai 2007. Il y a beaucoup de théories sur le sujet vu l’exceptionnalité du phénomène, mais je vous jure que ce que je vous écris est la vérité ayant été témoin principale de celui-ci. On m’a traité de toutes les façons. On me croyait folle, bonne pour l’asile. Même mes enfants, qui m’ont toujours aimé, doutaient de mon équilibre mental. Pourtant j’avais et j’ai encore tout mon esprit.

La paroisse St-Antoine se trouve en Beauce-Sud près des frontières américaines. Nous étions une des rares paroisses suffisamment actives au Québec, grâce à la célébrité du Saint qu’il représente. Saint-Antoine est célèbre pour ses guérisons miraculeuses. Beaucoup pensent que l’église en a guéri quelques-uns dans son passé. Nous avions donc notre lot de pèlerin. Je dis bien au passé, car à ce moment-là nous commencions à être victimes de la perte grandissante de la foi chez nos contemporains québécois.

Cela attristait beaucoup le curé Boivin qui y a pratiqué depuis 40 ans. Il avait assisté à son déclin davantage que moi, car je n’étais dans la région que depuis 20 ans. Il faisait beaucoup d’efforts pour continuer d’attirer les croyants, mais force est d’admettre que ceux-ci se convertissaient de plus en plus vers l’athéisme. Les fidèles vieillissaient et ne se renouvelaient pas.

Avant que le drame ne survienne, le prêtre devenait de plus en plus déprimé, malgré mes tentatives pour lui remonter le moral. Tout cela a changé du jour au lendemain.

En effet, ce matin-là, j’eus le grand plaisir de le voir souriant. Il sifflait de bonheur. Je le lui fis remarquer et il me révéla : « Prépare-toi, ma chère Augustine, car à partir de demain, l’affluence de l’église prendra des proportions inégalées! » J’ai voulu en savoir plus, mais il resta avare de détails. Il me dit que je le constaterais par moi-même, je ne pourrais pas le manquer.

La suite vous la connaissez. Saint-Antoine apparut lui-même devant l’église tel un géant, il n’avait pas de couleur si ce n’est qu’il était d’un vert étrange. L’apparition s’exclama d’une voix forte : « Repentez-vous, mes fidèles. Repentez-vous chez moi, dans la paroisse St-Antoine pour le salut de vos âmes. »

L’onde de choc se répandit comme une traînée de poudre. Certains témoins avaient filmé la scène. La séquence avait fait le tour des médias et du Web. Évidemment, beaucoup de sceptiques crièrent à la supercherie, mais tout comme le curé Boivin l’avait prédit, l’événement avait attiré une foule monstre dans les jours qui suivirent. Certains arrivaient même de l’Europe pour avoir la chance d’assister au phénomène ou voir un miracle s’exécuter devant eux.

J’ai été moi-même bouleversée. Je suis tout de suite allé rencontrer le curé Boivin pour connaître son opinion sur le sujet. Il m’annonça qu’il avait eu une vision et que celle-ci s’était réalisée. J’ai voulu en savoir plus. C’est là qu’il me l’a montrée. Une statuette qu’il croyait venir de Dieu lui-même. J’avoue que je ne comprenais pas, elle avait l’air de tout à part divine. En fait, j’avais une répulsion inexplicable vis-à-vis d’elle.

Je demandais au curé où il l’avait trouvé. Il me révéla que quelqu’un l’avait laissé dans la chute où les gens donnent des vêtements pour les pauvres. Il me dit que dès qu’il l’aperçut, il était persuadé que c’était un don du divin. Moi je n’étais pas si convaincu. Il le remarqua et devint vite agressif. Il me chassa en déclarant qu’il n’avait pas besoin d’une brebis galeuse en tant qu’assistante paroissiale.

Ça m’a ébranlée. Je ne l’avais jamais vu comme cela. C’était un homme posé et rationnel. Là, il était tout le contraire. J’ai décidé de m’absenter pour une semaine le temps que les choses se calment.

Après celle-ci, certaines personnes commençaient à s’impatienter, on parlait de plus en plus d’arnaque dans la ville. Comme pour répondre à leurs incertitudes, le curé Boivin passa de nombreux fascicules à travers la cité. Il demanda à tous de se présenter à l’église le lendemain après-midi pour un événement unissant les croyants à tous jamais.

L’enthousiasme revint dans la ville, et le message se propagea à travers le monde de nouveau. On reçut un nombre élevé de visiteurs au point que les hôtels du coin furent tous complets. Certains campèrent en face de l’église pour pouvoir assister à ce qui serait un grand événement.

Étant une fervente croyante moi-même, vous pourriez croire que je faisais partie de ce mouvement. C’était le contraire. J’étais inquiète. Je savais d’où venait le phénomène et ce n’était pas de bon augure.

Je me suis présentée tout de même, car je voulais voir ce qui se produirait. Tous les bancs étaient pleins, j’ai dû me contenter d’être debout au fond. Beaucoup se sont cogné le nez à la porte.

Une ambiance étrange régnait dans la pièce, je ne pourrais dire si cela provenait de l’orgue ou de l’atmosphère en général, mais j’avais l’impression qu’une énergie paralysante tentait de me contrôler. Je luttais de toutes mes forces pour lui résister. J’aurais dû quitter l’église en constatant cela, mais une voix intérieure insistait pour que j’assiste à ce qui allait se passer.

Si moi je luttais, on ne pouvait en affirmer autant des autres dans la salle. C’était surréaliste, beaucoup chantaient, d’autres criaient, certains se jetaient à terre. Jamais je n’avais observé une telle démonstration de foi, les fidèles s’abandonnaient complètement. Le curé Boivin se présenta à tous, il avait teint sa toge en vert. Les gens se taisèrent et le regardèrent comme s’ils avaient aperçu Dieu lui-même. La force qui voulait me contrôler était de plus en plus puissante. La fuite était l’option la plus évidente encore une fois, mais je devais voir.

Le curé Boivin leva les mains et il prit la parole. Je remarquai tout de suite qu’il n’y avait pas de bible devant lui. « Mes fidèles, Dieu lui-même est venu me parler. Dieu m’a montré son vrai visage. Dieu en fera de même avec vous aujourd’hui. Vous tous qui avez répondu à l’appel du divin. »

Le curé Boivin sortit la statuette et il la souleva dans les airs. Personne n’omit d’objections, malgré la situation grotesque. En fait, au contraire, tous furent subjugués par celle-ci. Tous à part moi. Le curé continua :

« Voici Gorrotoa, le vrai nom de Dieu. Mettez-vous à genou devant Gorrotoa. Gorrotoa le tout-puissant. »

Comme des robots, tous se mirent à répéter ce nom maudit. On aurait dit qu’une voix grave parlait par-dessus eux. Elle prononçait le même nom.

Le curé, qui avait les yeux fermés, continua son sermon : « Il est temps de rejoindre Dieu, mes fidèles. Il a des merveilles à nous montrer. Soyons tous unis à Gorrotoa pour toujours. »

Une lumière verte partit de la statuette dans toutes les directions. C’est alors que j’ai vu qu’elle aspirait le curé Boivin. Son être entier disparut dans l’incandescence. Je me suis mise à hurler. J’ai crié à toutes personnes présentes dans la salle de se sauver, mais aucune ne m’écoutait. Tous étaient dans un état second et se dirigeaient vers la lumière. Chacun se fit aspirer à leur tour. Dans cette lumière, j’ai vu l’enfer lui-même, les âmes aspirées étaient toutes engluées l’une sur l’autre et la lumière les digérait vivantes. Je savais que je serais la prochaine si je restais plus longtemps. Cette fois, je m’enfuis. Mais la force tenta de m’attirer vers la lumière.

Je suai toute l’eau de mon corps. C’était peine perdue jusqu’à ce que quelqu’un ouvre la porte. La lumière et la force se dissipèrent en même temps. J’ai pu sortir.

On me demanda où était tout le monde. Je leur racontai le calvaire, mais comme je le disais personne ne m’a cru. On chercha partout où étaient passés les disparus. Évidemment, on ne les retrouva jamais. Pas plus que la statue d’ailleurs.

Il y eut beaucoup de théories sur le sujet. La plus populaire était que le curé et les personnes présentes sont partis pour se cacher de la civilisation. C’était tellement plus rassurant pour la société que de voir la vérité : qu’ils eussent disparu à jamais.

Aujourd’hui, j’ai des regrets. J’aurais dû avertir les gens sur l’existence de cette statuette bien avant. Peut-être que ce ne serait jamais arrivé. Je devrais vivre avec ce remords le restant de mes jours.

Je sais que c’était le diable lui-même qui était derrière cela. Ce n’était certes pas divin. J’ignore ce que vous pouvez faire M. Mousavi, mais si celui-ci continue ce qu’il fait, il faut l’arrêter.

Cordialement, Augustine.

La révélation d’Augustine sur un monde où Gorrotoa engloutit les âmes est plus qu’inquiétante. On ne parle plus que de vies ici, mais de consciences emprisonnées possiblement même détruites. Pour le salut de celles-ci, je me dois de la retrouver.Où s’arrête le pouvoir de Gorrotoa?

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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