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Nouvelles confirmées : Cinquante fleurs
Publié par Donaldo75 le 19-04-2016 19:45:26 ( 1103 lectures ) Articles du même auteur



Cinquante fleurs


Jon activa la sonde. La procédure d’exploration imposait cette manœuvre de contrôle avant tout atterrissage sur une planète inconnue. Découvrir un nouveau monde rendait parfois les spationautes imprudents, transformait des scientifiques aguerris en petits garçons assis devant le sapin le jour de Noël, et finissait alors en drame.

La sonde partie dans les limbes atmosphériques, Jon convoqua son équipage. Commandant de bord d’une mission internationale, il n’avait pas eu le choix de ses coéquipiers. Ian, le baroudeur irlandais, lui servait de pilote. Kim, la douce coréenne, remplissait la fonction de médecin et d’exobiologiste. Lev, le pointilleux ukrainien, s’acquittait des tâches dévolues aux astrophysiciens. Enfin, Pol, un esprit rond dans un corps carré, plus français que Clovis, était le navigateur. Ces cinq humains vivaient ensemble depuis déjà trois ans et leur départ de la base guyanaise. Ils dépendaient les uns des autres, et aussi de deux intelligences artificielles embarquées, le cerveau-moteur du vaisseau SPHYNX, et l’ordinateur de bord appelé ToX.
— Faisons le point, ordonna Jon. La sonde est en route vers la surface de PRX-123d. Dans douze heures, nous aurons les résultats de ses dernières analyses.
— Honneur aux dames, lança Pol.
— Merci Pol, répondit Kim. Les analyses télémétriques confirment la viabilité de PRX-123d. Cette planète est composée de terres et d’océans, le tout enchâssé dans une atmosphère proche de nos standards terrestres. La vie biologique semble exister, du moins par des signaux chimiques, à défaut de communication. Elle parait d’ailleurs assez homogène.
— C’est un problème ?
— Non, juste une remarque. En général, au début de la vie, la diversité est de mise. Ici, on dirait que la biologie est rationalisée, qu’il y a peu d’espèces, comme si la planète gérait la balance entre ses besoins et ses ressources.
— L’inverse de l’homme, en quelque sorte, ricana Ian.

Le navigateur soulignait un point crucial, la raison de leur expédition. La Terre commençait à fatiguer avec ses quinze milliards d’habitants, ce malgré des mesures drastiques en termes de contrôle des naissances. Contrairement aux prédictions fatalistes du vingtième siècle, elle avait survécu aux différentes crises écologiques et énergétiques, aux guerres et à l’atome. Le vingt-cinquième siècle avait débuté avec de bonnes résolutions, déclamées en trente langues par les leaders mondiaux. « Trouvons ensemble de nouveaux territoires où pourrons s’épanouir nos enfants ! » avait chanté un président américain au faîte de sa gloire, en plein dernier mandat. Les autres avaient applaudi des deux mains, cela d’autant plus que la technologie spatiale était largement dominée par l’Oncle Sam. Cent ans plus tard, les grands cerveaux du monde entier avaient achevé la partie technique et scientifique du programme d’exploration. Il ne restait plus qu’à lancer la phase humaine, avec sa cohorte d’équipages conditionnés et de vaisseaux intelligents. Jon, Ian, Kim et les autres en constituaient la seconde vague.

Le reste de la réunion permit de définir les rôles de chacun lors du premier pas sur PRX-123d. En tant que commandant de bord, Jon pouvait se réserver ce privilège. Il en avait l’expérience, de par ses précédentes missions sur Callisto et Triton, des lunes peu hospitalières où le zéro degré absolu et les effluves magnétiques faisaient souvent regretter les six semaines de voyage. Cependant, Ian pouvait également invoquer ses nombreuses incursions sur Ganymède et Néréide pour obtenir le droit de poser une chaussure sur le sol de PRX-123d. En réalité, Jon et Ian étaient interchangeables, capables l’un comme l’autre de piloter SPHYNX, de commander un équipage et d’affronter des conditions de vie improbables.

Jon décida de soumettre la question au vote. La gloire ne l’intéressait pas outre-mesure et il ne voulait surtout pas frustrer Ian.
— Vous devriez être le premier sur PRX-123d, remarqua Ian.
— Pas plus que vous.
— La commission internationale vous a nommé commandant de cette mission.
— Je ne suis qu’une goutte d’eau dans un océan de missions.
— Et ce n’est pas le sujet, précisa Lev. Nous devons avant tout découvrir de nouveaux mondes habitables, en évaluer les conditions de colonisation, établir les fondations à une première vague d’arrivants et permettre à l’Humanité de perdurer au-delà de la Terre. Nos petits égos rabougris ne comptent pas. Personne ne se rappellera qui a foulé le premier le sol de telle planète, quand nous aurons essaimé à travers l’espace.
— Amen, ironisa Pol.
— Votons à main levée, proposa Kim.

Le résultat ne surprit personne. Jon obtint une confortable majorité de quatre voix, la sienne incluse. Ian ne montra aucun signe de déception et admit sa défaite. Le reste de la journée fut consacré aux détails. Ian positionnerait SPHYNX en orbite haute puis Jon utiliserait la petite navette, BABY-S, pour atterrir sur PRX-123d. Il serait en liaison permanente avec SPHYNX, assisté par une version mobile de ToX embarquée dans sa combinaison. Ainsi, il bénéficierait des mêmes moyens technologiques que ses pairs en orbite, et d’une communication en temps réel. Son séjour sur place durerait trois jours maximum, avec de nombreux arrêts sur des sites précis, à des fins d’analyse.

A la fin de la journée, la sonde envoya ses derniers résultats. Ils confirmaient largement l’hypothèse d’une planète hospitalière, à l’atmosphère compatible avec des organismes humains et à la biologie basée sur le carbone. Les clichés montraient des étendues d’eau agitées par des vents tempérés, de larges continents riches en végétation, mais aucun signe de vie animale, même microscopique. Ce dernier point intrigua Kim.
— C’est quand même étrange. Des plantes et pas d’animaux.
— C’est le jardin d’Eden, plaisanta Pol.
— On aurait du voir un serpent, répliqua Lev.
— Il n’est pas encore arrivé.
— Je veux bien jouer Adam si Kim fait Eve, ironisa Ian.
— Revenons au sujet, dit Jon. Quel est le problème, selon toi, Kim ?
— Je ne sais pas. C’est seulement étrange, loin de mes certitudes de biologiste. Il n’y a même pas une bactérie ou un organisme monocellulaire. Sur la Terre, même les végétaux cohabitent avec des bactéries.
— Et si la vie végétale était la norme sur PRX-123d ? Je ne plaisante pas, précisa Pol. C’est une évolution possible. Peut-être que ces végétaux ont développé une forme d’intelligence, ce sont adaptés aux transformations de la planète, ont survécu à différents cataclysmes et sont devenus l’espèce dominante.
— Le pouvoir des fleurs, comme dans les anciennes chansons de Joan Baez, plaisanta Kim.
— On verra sur place, conclut Jon. Allons-nous reposer avant d’aller discuter salades et cucurbitacées avec sa majesté les fleurs.

L’équipage accepta la proposition. La journée avait été longue. La mission touchait à son but. Non seulement PRX-123d semblait habitable, mais en plus elle s’apparentait à une gigantesque serre, sans menace animale ou virale. Personne n’aurait imaginé un tel scénario, même dans ses rêves les plus fous. L’image du jardin d’Eden en témoignait.

Le lendemain matin, Jon affréta BABY-S. Pol vérifia les équipements, Kim procéda aux derniers contrôles médicaux et Ian prépara la manœuvre de sortie. Tout se déroula comme dans le manuel du parfait explorateur. BABY-S plongea vers l’inconnue, en direction de la planète PRX-123d. Jon garda le contact avec SPHYNX via sa version embarquée de ToX.
— Contact dans trois minutes, signala BABY-S.
— Combien de temps pour traverser l’atmosphère ?
— Trente minutes.
— Rien d’anormal à signaler ?
— Non.
— Allons-y !

BABY-S entra violemment dans l’atmosphère dense de PRX-123d. Jon lutta contre le stress mais rendit les armes au bout de cinq minutes. ToX régla la combinaison pour laisser Jon respirer facilement pendant sa phase inconsciente. Les deux intelligences artificielles gérèrent seules le reste jusqu’à l’atterrissage. BABY-S se posa sans encombre sur un sol végétal, une sorte de pelouse humide, à cent kilomètres du premier océan. ToX lança la procédure de réanimation progressive puis laissa le corps humain reprendre son activité consciente.

Jon se réveilla doucement. Lors de ses précédentes missions spatiales, il avait toujours détesté la dernière phase, quand il s’agissait de rentrer sur Terre, de frapper l’atmosphère terrestre tel un boulet projeté contre un mur gazeux. S’évanouir faisait partie de la procédure, une sorte de protection naturelle contre la violence du choc. Pourtant, à chaque fois, Jon avait l’impression de mourir, de disperser ses molécules aux quatre coins de l’habitacle. Contrairement aux périodes de sommeil contrôlé, il ne rêvait pas, pas même un fragment d’inconscient. Il n’existait plus.
— Tout va bien, Jon ? Nous avons réussi l’atterrissage, confirma BABY-S.
— Combien de temps suis-je resté dans les vapes ?
— Deux heures, répondit ToX.
— Si longtemps ? Ce n’est pas normal.
— Il n’y a pas de normes.
— Je ne me suis jamais évanoui aussi longtemps.
— Vous ne connaissez que le retour dans l’atmosphère terrestre. Ici, les conditions sont différentes et nous ne les avons conjecturées qu’en théorie, via des modèles mathématiques. Cet atterrissage servira de référence pour les prochains. J’ai enregistré l’intégralité de vos constantes physiologiques.
— Dans combien de temps est prévue la première sortie ?
— Dans soixante-douze minutes, le temps de programmer votre combinaison.
— Je suis impatient de voir à quoi ressemble cette planète.

Jon laissa ToX préparer son équipement. Il regarda par l’un des hublots latéraux. Le paysage le stupéfia : à perte de vue se dressait une sorte de jardin, avec une herbe verte et uniforme, quelques arbres dispersés ça et là, et surtout des milliers de fleurs disposées en cercles. Le tableau lui rappelait des images de l’Angleterre ancienne, le pays de ses aïeuls avant qu’ils ne partent s’installer en Amérique. Il s’en dégageait une quiétude singulière, une hospitalité naturelle, comme si les éléments et les végétaux invitaient les promeneurs à prendre leur temps, à profiter de ces moments privilégiés, loin des contraintes quotidiennes. Jon se sentit attiré par cette nature. Il ne sentit pas les soixante-douze minutes passer. ToX le ramena à la réalité, après plusieurs tentatives infructueuses. « Jon, le matériel est prêt. Il ne manque plus que votre accord pour la première sortie. » lui souffla doucement l’intelligence artificielle.

Jon descendit de la navette, lentement, toujours sous le charme du nouveau monde. Son équipement s’ajustait progressivement aux variations de l’environnement immédiat. ToX s’était répliqué dans le réseau neuronal de sa combinaison, garantissant ainsi la sécurité du fragile organisme humain en cas d’agression extérieure. Guidé par sa seule intuition, le commandant marcha en direction des fleurs. Chacun de ses pas lui apportait un peu plus de joie. Il percevait les odeurs du jardin, un mélange d’herbe vivace et de fleurs fraiches. Le vent soufflait faiblement, dans une atmosphère humide. Le ciel était bleu, avec quelques nuages épars. L’étoile PRX-123 ne prenait pas autant de place que le soleil sur la Terre. On aurait dit qu’elle aussi se sentait humble devant une nature si tranquille, au milieu des fleurs et des arbres. Les éléments respiraient l’harmonie, simplement.
— Jon, comment se passent vos premiers pas ?

Le commandant ressentit cette question comme une agression sonore dans un univers de perfection. Il reconnut cependant la voix de Kim, pourtant si douce et attentionnée d’habitude. Jon repoussa une envie de jurer, d’envoyer paître son équipière.
— Je découvre le jardin.
— Avez-vous posé une balise ?
— Pas encore.
— Vous seul pouvez le faire. N’oubliez pas. C’est important.
— Je sais, Kim.
— Vous avez l’air irrité, Jon.
— Vous me dérangez.
— C’est mon job. Nous ne sommes pas sur PRX-123d pour le plaisir.
— Je sais. Je vais régler le système visuel pour que vous soyez presqu’à ma place, en caméra subjective. Vous n’aurez plus à me poser de questions. ToX vous transmettra les informations en temps réel.
— Ce n’est pas la procédure.
— Oubliez un instant la procédure, Kim !

Jon coupa la communication. Kim commençait sérieusement à l’ennuyer avec ses questions. La procédure n’avait jamais prévu le jardin, les fleurs, l’herbe verte et les arbres. La procédure ne connaissait pas l’harmonie d’une nature en paix avec les éléments. La procédure mettait des croix dans des cases, transformait les montagnes en équations, quantifiait le vent en unités de mesure. La procédure ne savait pas qualifier le beau.

Le jardin l’appelait. Jon se dirigea vers un cercle de fleurs, des blanches et rouges, des oranges et des roses. Elles lui rappelaient son enfance dans le Maine, quand il accompagnait sa grand-mère au cimetière pour visiter la tombe du grand-père. Marnie, sa grand-mère, sentait bon la rose d’antan. Elle parlait d’une voix douce, lentement, avec des mots choisis, sans jamais prendre Jon pour un bébé. Marnie lui racontait sa jeunesse, les livres qu’elle avait lus, sa rencontre avec Bernie, la naissance de son premier et seul enfant, la mère de Jon. Le petit garçon écoutait attentivement sa mamie, lui posait des questions et récoltait de belles réponses enrobées de sourires. Jon se pencha et huma le parfum des fleurs. Son cerveau ne put s’empêcher de les compter, comme si chacune d’elles représentait une individualité. « Ainsi, vous êtes cinquante dans ce cercle » se surprit-il à penser. Les cinquante fleurs lui répondirent instantanément par un effluve olfactif, une déclinaison de senteurs. Jon ne sursauta même pas à cette réaction inattendue. Il se rappela juste des mots de sa grand-mère quand elle lui parlait de botanique, des arbres qui pleuraient, des fleurs amoureuses des bourdons et du cri des champignons le soir au fond des bois.

ToX rétablit la communication entre SPHYNX et l’explorateur. La voix de Kim revint à la charge, toujours aussi douce et attentionnée.
— Jon, cela fait deux heures que vous contemplez ce massif de fleurs.
— Elles me parlent, Kim.
— Nous n’entendons rien.
— Ce ne sont pas des paroles, juste des odeurs.
— Que disent-elles ?
— Que nous sommes les bienvenus dans ce monde végétal.
— Vous comprenez ce langage olfactif ?
— Je crois, oui. Ces effluves me renvoient à des images de mon passé, quand ma grand-mère me tenait la main le long des bosquets.
— Vous appelez ça comprendre ?
— J’appelle ça communiquer.
— Dans les deux sens ?
— Apparemment oui.
— Pourquoi avez-vous coupé la communication ?
— Vos questions m’ennuyaient.

Jon aimait beaucoup Kim. Si sa vie avait été différente, il aurait rêvé d’une femme comme elle. Malheureusement, le destin en avait décidé autrement. Au bout de deux divorces, Jon s’était résolu à une existence sans bonheur. Explorer l’immensité du cosmos lui semblait une bonne occupation avant de mélanger ses atomes avec l’infiniment grand.
— Je suis désolé d’être aussi abrupt, Kim.
— Ce n’est pas grave. Je ne suis pas à votre place sur ce monde inconnu, au milieu des fleurs et des arbres.
— Vous ne m’en voulez pas ?
— Non. Je m’inquiète pour vous, simplement. Heureusement, ToX mesure en permanence vos constantes physiologiques. Il semble que jamais vous n’avez été en aussi bonne santé. Cette ballade vous donne un petit coup de jeune. Profitez-en !
— Merci, Kim.
— ToX va monitorer les analyses. A chacun de vos pas, il laissera une signature temporaire. Vous n’avez rien d’autre à faire que de marcher dans ce magnifique jardin. Je vous laisse.

Kim coupa la communication. Jon savait pourquoi elle avait lancé cette procédure. Dans une section du manuel, il était question des épisodes mystiques rencontrés par les premiers explorateurs. Certains étaient devenus fous après leur voyage, d’autres s’étaient découverts une passion pour Dieu. Aucun n’avait encore saboté une mission en cours. Le manuel prévoyait ce dernier cas de figure. Sur ce point, il était clair : préserver les objectifs initiaux, quitte à sacrifier l’humain qui partait dans la folie. Vu de l’extérieur, ce principe paraissait barbare. Vu de l’intérieur d’un vaisseau spatial, dans l’immensité du cosmos, un environnement hostile à la vie, il devenait rapidement évident. L’espace ne faisait pas bon ménage avec les fous. Préserver la mission rimait avec sauver les autres membres d’équipage. Le fou restait sur sa colline, à déblatérer ses vérités ultimes et à chercher le signe du divin.

Jon ne se posa pas de question. La procédure ne l’intéressait pas, elle n’était qu’un outil pour les gestionnaires de projet, les constructeurs de navettes et les techniciens restés bien au chaud sur la Terre. La procédure n’avait pas d’âme. Si Kim voulait appliquer la procédure, libre à elle de choisir la voie la plus douce, de laisser le fou partir dans les montagnes. ToX gérait les signatures et les analyses, au profit de la mission et de ses objectifs.

Les cinquante fleurs brillèrent simultanément. Jon sentit de nouvelles effluves, plus doucereuses, presque écœurantes. L’image de sa grand-mère lui revint à l’esprit. Il la vit dans son costume de bois, un froid matin d’automne. Elle semblait lui sourire, lui dire que ce n’était pas grave, qu’il y avait toujours un début, un milieu et une fin. Marnie lui manquait depuis cette fameuse matinée. Quand il regardait les étoiles dans le ciel terrestre, il pensait à Marnie. Quand il montait des tubes hydrauliques sur Callisto, il se souvenait de Marnie en train de planter de jeunes arbres. Quand il collectait des cailloux d’azote gelé sur Triton, il imaginait Marnie lui préparer des cocktails glacés. Marnie l’avait accompagné pendant ses nombreux mois de stase, telle une présence invisible dans un théâtre nocturne aux personnages agités. Marnie lui tenait toujours la main pendant ses cauchemars. Marnie ne lui parlait jamais, mais elle était là. A chaque fois.

Jon ignora les différents messages de ToX. Il déconnecta sa combinaison puis la dégrafa progressivement Pour la première fois depuis son arrivée dans le jardin, il sentit l’atmosphère couler sur sa peau, l’humidité ambiante prendre possession de ses pores, la chaleur de l’air parfumé flatter son épiderme, le doux frôlement du vent sur ses bras. Respirer ces effluves lui paraissait finalement naturel, comme s’il était né dans ce jardin, un arbre parmi les fleurs, parti il y a longtemps loin dans les étoiles puis revenu fusionner avec les éléments. Les cinquante fleurs se couvrirent de bleu. L’odeur ambiante se déchargea, devint plus fraiche, perdit son côté écœurant. Jon comprit alors le message. Il devait dorénavant partir, quitter les cinquante fleurs, découvrir les autres merveilles de ce monde nouveau. Il se déchaussa, sentit une sorte de rosée de fin de journée, inspira une bonne rasade d’air frais, puis avança en direction des arbres.

Les cinquante fleurs brillèrent de mille couleurs dans la nuit tombante. Des nuages noirs commencèrent à s’amonceler dans le ciel, annonciateurs d’un orage prochain. La terre se mit à frémir autour de la navette. L’herbe verte s’irisa, signe d’une tempête électrique, un phénomène fréquent sur ce type de planète.
— ToX au rapport, rapporta une onde magnétique. Nous avons perdu tout signal du commandant Jon. Un grave événement climatique s’annonce pour les prochaines heures. L’intégrité de la navette est compromise si nous restons. Les communications avec SPHYNX sont coupées, pour des raisons inconnues. Il nous est impossible de les rétablir dans un temps suffisamment court. Nous entamons la manœuvre de mise en orbite telle que décrite dans la procédure de sauvegarde. L’envoi des dernières données d’analyse est terminé. Fin du rapport.

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Auteur Commentaire en débat
Anonymes
Posté le: 08-06-2016 20:34  Mis à jour: 08-06-2016 20:34
 Re: Cinquante fleurs
C'est magique bravo
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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