Flot qui se ragaillardit sous le rythme D’une pendule dans sa cage obscure, bouge comme un embryon Dans ses eaux. Éternel escadron de deux aiguilles dans un cadre simple mais Aux les chiffres indiquant le temps. Cabrée dans l’écho sur un clou, Là , planté si profond dans la pierre D’un mur pour soutenir Le poids du temps que tu portes. Ton bruit et ton rythme Immortel me comblent. Pareil à ton rival Fait de sable qui s’écoule. Mais vous êtes jumeaux Dans le temps qui roule Dans le vide, cruelle bascule. Dans vos sillons mouvants submergés Par vos cimes vous bercez et Endormez vos victimes. Dans vos sons éclos Le remoud se creuse. De toutes vos voix le temps s’impose Ignorant la vie et sa crête, Dissimulées sous le désir d’une vie éternelle. Dans la nuit qui s’épaissit, Ou le jour qui se lève, avec les deux en détresse, Vous vrombissez de loin Apportant l’angoisse. Se mêlant aux rumeurs du temps disséminé, Les soupirs inconnus, les voix de ceux qui en pleurent, Là votre, toujours monotone, Le rythme insolant, sourd et étouffant Dans votre cage d’ébène, vous gardez Une harmonie accablante.
Flots sacrés ! Votre univers est encore la prison. Nous pouvons chercher à vous remplacer Mais vous restez , doute, énigme, illusion, mystère.
Zoran Savic
|