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Nouvelles : Ma France à moi — Dernière partie — La retraite
Publié par christianr le 05-04-2016 00:45:33 ( 1172 lectures ) Articles du même auteur



On était dans un TGV… vers ce qui serait notre dernière destination et qui avait été aussi la première : Paris. Il ne restait qu’une journée avant le retour au bercail. C’est à ce moment qu’on réalisa tous ce qu’on avait loupé jusqu’à maintenant. Avoir pu, on aurait tout fait la même journée, mais c’était physiquement impossible, il fallut faire des choix. On avait manqué le Louvre, les catacombes, le cimetière Père-Lachaise et tellement plein d’autres choses, et ça, cela n’incluait que Paris !

Il fallut d’abord arriver à notre auberge de jeunesse qui nous abritait pour la nuit. On avait choisi une autre que la dernière, je crois pour faire différent. À ma grande stupéfaction, l’immeuble était moderne. L’auberge Le D’Artagnan possédait une façade avant-gardiste, l’architecte avait tout construit sur des lignes diagonales. Tout était gris pâle. L’intérieur était aussi bien entretenu. Je me doutais bien qu’on n’aurait pas les problèmes de tuyauterie du premier. Et puis vers le bas, il y avait une discothèque. Maudit ! Pourquoi n’avions pas pris celle-là au départ ! On avait pourtant l’internet à l’époque, il n’aurait pas été si difficile de voir de quoi les établissements avaient l’air ainsi que les commentaires sur ceux-ci.

Notre horaire était serré, on n’avait pas le temps pour les regrets. On décida de se rendre au Louvre, non pour aller à l’intérieur, mais bien pour admirer l’architecture de cette dernière.
C’était à couper le souffle. La modernité rencontrait l’ancien grâce à la pyramide vitrée face à un bâtiment ressemblant plus à un château qu’à un musée. J’avais l’impression d’être dans un lieu mythique imposant le respect. Ce qui n’est pas faux puisque cet endroit recèle les plus grandes réalisations de l’humanité, dommage qu’on n’eut pas le temps d’aller voir tout cela.

Comme on était à côté, on décida de visiter les Jardins des Tuileries. Un immense espace vert en plein milieu de la ville. Cela me rappelait notre fameux parc Lafontaine à Montréal, mais avec des statues de Dieux grecs ou romains. Après tout, la nature elle-même est une œuvre d’art. Le Québec a certes un passé historique moindre qu’un pays européen, mais question paysage naturel, certains de nos endroits sont durs à battre.

La journée avançait de plus en plus, et on ne s’entendait pas sur ce qu’on allait faire. Il y avait une grosse hésitation entre les catacombes et le cimetière Père-Lachaise. Après beaucoup de tergiversation, on opta pour le dernier. On voulait tous voir la célèbre pierre tombale de Jim Morrison et parapher nos noms sur celle-ci.

On dut donc prendre le métro. Dans une des stations, on a eu une apparition. Des candy-ravers ! Éric eut l’idée d’aller leur demander s’il y avait une fête ce soir. Martin et moi l’avons arrêté, on devait partir tôt pour l’aéroport demain. J’admets que ça m’avait fait mal au cœur tout de même, j’aurais bien aimé vivre une rave française. Où étaient-ils lorsqu’on était à Paris il y a deux semaines ? Le destin est une bitch.

Elle allait nous le prouver à nouveau. On se cogna le nez à la porte du cimetière. On était arrivé trop tard, la grille était fermée. J’étais frustré, je pouvais voir de loin toute la beauté immortelle qui me narguait.

Toutes ces émotions nous avaient creusé l’appétit. On se rendit à un restaurant proche. On avait tous une envie soudaine d’un steak. On le commanda avec la cuisson que l’on désirait, soit bien-cuit pour Éric, médium pour Martin, et saignant pour moi. Notre serveur avait un air perplexe. Il nous rétorquait qu’on ne choisit pas la cuisson à Paris, le chef le fait. Je ne voulais pas insister, mais Éric lui tenait mordicus à avoir ce qu’il souhaitait. Il persista en brandissant un bon pourboire au garçon. Il nous déclara qu’il allait voir ce qu’il pouvait faire. Il revint et nous dit que c’était sans problème.

Satisfaits, on dégusta notre vin tout en relaxant. Nos pièces de bœufs arrivèrent enfin… Il était clair que le cuisinier n’avait aucunement l’habitude d’ajuster la cuisson de sa viande. Le bien-cuit d’Éric était encore sanguinolent. Quant à mon « saignant », il était carrément bleu, à un point qu’il était un peu dur à mastiquer. Je m’étais régalé tout de même. Je n’ai jamais été difficile. De bonne guerre, on donna le pourboire promis au serveur pour le remercier de l’effort.
On retourna à l’auberge de jeunesse pour aller se coucher. On le fit tôt, car sachant ce que le décalage horaire pouvait faire, on voulait un peu de sommeil en banque.

Le lendemain amena un nouveau stress. Quand je suis chez moi, je suis du genre à inspecter trois fois de suite que ma porte soit bien fermée. Je ne fais pas confiance en ma mémoire. J’avais gardé la même habitude. J’avais bien dû faire le tour de la chambre à cinq occasions pour vérifier que je n’avais rien oublié, en particulier les billets d’avion et le passeport.

Même après avoir quitté l’auberge, je n’étais toujours pas sûr. La vie d’un éternel inquiet. Cette fois-ci, on ne prit pas le risque de se perdre dans la toile d’araignée qu’est le métro de Paris. On emprunta un taxi. Les solutions les plus simples sont les meilleures.

Tout allait bien, on était à l’avance. Enfin presque… Lorsqu’on pénétra à l’aéroport, des soldats faisaient le tour de la station. Quand on a voulu passer pour se rendre à notre aire d’attente, un agent nous repoussa vers l’extérieur. En obtempérant, j’avais compris pourquoi. Il y avait un sac abandonné sur un banc. Tout le monde craignait le pire. Je commençai à angoisser. Et si on restait pris ici ? Et si l’aéroport explosait ? L’anxiété jonglait avec mes pensées de façon spectaculaire.
Ça m’a paru une éternité, mais finalement le sac n’était qu’un stupide oubli d’un passager. Cet évènement démontrait bien toute la paranoïa causée par le 11 septembre. Autant on m’avait laissé entrer facilement à mon arrivée à Paris, autant on me fouilla pour passer la sécurité quand je devais partir. Lorsque les États-Unis avaient déclaré la guerre contre le terrorisme en attaquant l’Afghanistan, cela avait mis tout le monde sur les nerfs.

Tout comme notre départ de Montréal, on n’eut pas de difficulté à avoir un siège pour retourner chez nous. En fait, l’avion était pratiquement vide. On aurait pu jouer au football sans déranger personne.

Chose surprenante, l’atterrissage nous fit moins mal aux tympans que le vol vers Paris. Pas qu’on s’en plaignait… Ce fut la même chose pour le décalage horaire. Je crois que c’était dû au fait que j’étais de nouveau chez moi, je n’avais plus l’élément de désorientation de la dernière fois. De retour à mon appart, j’ai pris une douche et je me suis masturbé, car cela faisait deux semaines que je ne l’avais pas fait. Je suis quelqu’un de très prude. Me soulager dans une douche publique, non merci ! Après je me suis effondré dans mon lit même si on était en plein après-midi.

Vers 17 heures, mon ami Éric m’appelle pour me dire qu’il y avait une grosse rave ce soir. J’étais dans la brume et je n’étais pas sûr de vouloir y aller. Il avait insisté énormément me sortant des grands noms de DJ. J’ai fini par me laisser convaincre. Le décalage eut l’effet escompté, j’étais un vrai zombie… Je ne prenais pas de drogue donc je vivais cela pire que les autres.

Finalement, la routine revenait. Le travail, les sorties, et puis encore le travail et les sorties. Maintenant, quand je repense à ce voyage, j’ai réalisé que je n’avais pas envahi la France comme je le désirais. En fait, c’était moi qui avais été conquis.

Je suis une personne différente dorénavant. Tellement de choses se sont passées depuis. Mon burn-out, ma première blonde, la perte de ma virginité, la rencontre de ma conjointe actuelle, la naissance de mes enfants, la mort de mon père. Personne ne ressort de tout cela intact. Je suis un homme plus fort et qui a gagné en maturité. Il est donc de mon devoir de retourner en France avec ma nouvelle vision de la vie. Veni, Vidi, mais pas vici. Ce n’est que partie remise Français !

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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