(Mélanie)
Le problème avec Madison était qu’elle avait tendance à se replier sur elle-même quand elle en avait gros sur le cœur. Je la connaissais depuis assez longtemps pour savoir ses goûts, ses histoires d’amour mais elle ne m’avait jamais vraiment parlée de sa famille ou bien de son passé. Elle éludait la conversation ou répondait de manière floue quand on lui en parlait. Elle prétextait souvent que son histoire n’était pas intéressante. On aurait presque dit que parfois, même elle, elle ne savait pas. Comme si il y avait un chaînon manquant. J’avais la vague impression qu’elle était comme étrangère à son propre passé. Maintenant que j’en avais la preuve, pourquoi le fuyait-elle autant ?
Pourtant, elle avait une mère aimante et elles s’entendaient très bien, elle nous rendait régulièrement visite et ramenait toujours un truc à manger. Du chocolat, l’aliment préféré de Madison ou bien des plats préparés. Son frère Justin venait squatter de temps à autre pour voir des amis sur la ville. Comparé à moi, qui n’avait plus de famille, elle aurait pu me soupçonner une centaine de fois. Mais non. C’était elle qui cachait son jeu depuis le début.
- J’ai tellement de choses à te dire Mélanie…
- C’est quoi cette histoire ? Qu’est-ce qui t’a pris ??! T’es folle !
- Il m’aurait tué si je restais… tenta-t-elle de se justifier.
- Qui ?! Qui ça qui t’aurait tuée ?! Pourquoi t’as pas appelé la police au lieu de partir ?! Hein ! Tu me mets dans ta merde alors y a plutôt intérêt que tu m’expliques bordel !! M’emportai-je exténuée.
- Mais ne parle pas si fort ! M’implora-t-elle l’air paniquée tout à coup. Je n’ai appelé la police car ils m’auraient sûrement arrêtée !
- Pourquoi ?
- Parce que…
Elle stoppa net…et elle prit une grande inspiration. Ses mains tremblaient, elle était sur le point d’exploser. Je connaissais tellement bien ses réactions.
- Parce que… répéta-t-elle la voix sifflante
Par réflexe, je me levai et lui pris ses deux mains pour tenter de la calmer :
- Calme-toi, respire un grand coup.
Elle inspira, expira, fermant les yeux comme pour tenter de se contrôler.
- Parce que…je ne suis pas Madison Denis. Reprit-elle dans un souffle.
(Fin de la deuxième partie)
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