AU FOND DU JARDIN
Au fond du jardin Quand le feu du soleil fuit La vieille femme parle à son chapelet cherchant son passé dans les ourlets de sa jupe plissée.
A côté d’une flamme, Un reflet rose. La vie passée, une histoire morose, Souvenir d’un bouton de rose.
Et tout devient calvaire et douleur Amère dans son regard. Le passé défile plus vite que le supplice. La femme sous son foulard Avait les cheveux blancs Mais son cœur battait encore Comme une fillette Auprès de ses poupées.
Et voilà que le temps, Sous son bavoir, Goûte la vie et impose son pouvoir Sous d’immenses désirs et cruels devoirs Faisant couler ses larmes Comme des gouttes de cristal.
Elle à le dos courbé empruntant de longs chemins sévères, Ses songes cueillant les primevères. Car ici-bas il n’est de mal éternel. Chevauchant sur le dos D’un cheval blanc A la crinière mélangée au vent Sous le chuchotement Des feuilles mortes Comme le printemps tardif La sève descend Dans ses jambes lourdes Enracinées sur ce morceau de terre aride. Profanée par la promesse Des dieux aux cheveux longs, aux yeux bleus, la sagesse au visage. Que dirais-tu ? La femme De ton âge Sans pouvoir changer la couleur De ton corsage.
« Ma blessure ouverte, La vie s’écoule sans trêve. Et mon amour est mort Au bord de l’horizon. Je devrai écouter l’eau qui chante, Dans ces clairières roulant le temps Plus lourd qu’un fleuve Qui déborde, après la fonte des neiges. Descendant plus vite que ma vie Sous la menace du gibet criminel Posé là , dans le jardin sous un arbre Desséché entre la terre et le ciel. Refoulant la terrible colère Sans le déraciner j’ai gravi les douleurs du calvaire »
Zoran Savic
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