Réponse au défi de la semaine :
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« Gino Chance, pray to never cross my path*», c’était le slogan sur ma carte de visite et je n’en étais pas peu fier. Un jour, je croisai Jane Toujourarmé pendant l’exécution d’un gros contrat. Nous avions reçu la même cible. Notre commanditaire ne devait pas être suffisamment sûr de notre talent respectif pour mener à bien cette mission. Nous fûmes vexés mais cette rencontre changea notre vie. La flamme qui naquit dès notre premier échange de regard risquait de s’éteindre si un contrat tournait mal. D’un commun accord, nous remplîmes notre mission pour empocher cette dernière prime avant de nous expatrier de notre Angleterre natale vers la France. Nous jetâmes notre dévolu sur la nouvelle région des Hauts de France, pensant que c’était là que se concentrait le haut du panier de la société des mangeurs de grenouilles. Nous comprîmes vite qu’il n’en était rien mais les gens étaient accueillants et chaleureux. Et le climat n’avait rien à envier à celui de celui que nous venions de quitter. Finie la Mercedes, bonjour la Renault. On abandonna la villa pour une petite maison de rangée au cœur de Roubaix. Nos économies ne pouvaient suffire à vivre jusqu'à notre retraite, d’autant plus que l’âge de cette dernière était repoussé de plus en plus loin par le pouvoir politique. Donc, pour la première fois de ma vie, il me fallut établir un CV. Je notai « expérience dans l’organisation des décès ». Le premier patron que je rencontrai me demanda : « Vous avez donc travaillé dans un funérarium ? ». Je ne démentis pas et il m’embaucha dans son abattoir. Je retrouvai dans ce lieu hors du commun cette odeur si particulière et que certains ne supportent pas : celle de la mort. Mes vacances habituelles dans le Pacifique se transformèrent en séjour au bord de l’Atlantique. De notre amour naquit deux beaux enfants : Thanatos et Echtach. Notre vie avait définitivement pris un autre tournant et nous étions comblés.
Un soir, des bruits étranges nous parvinrent du rez-de-chaussée. Notre instinct de survie s’éveilla. J’empoignai le révolver caché dans le double-fond du tiroir de ma table de nuit. Jane me dit : « Tu ne m’avais pas parlé de ce petit secret… – Déformation professionnelle. » Là , elle sortit un poignard qui était scotché à l’arrière de notre tête de lit. – Moi aussi ! ¬– Pas besoin d’appeler la police, on va régler cela nous-mêmes. On descendit doucement l’escalier, aussi souples que des félins. J’admirai mon épouse qui avait gardé sa silhouette svelte malgré deux grossesses qui l’avaient affligée d’un surplus pondéral d’une trentaine de kilos à chaque fois. Un objet fut brisé dans la salle à manger. Je retins ma respiration quelques instants afin de détecter le déplacement de l’intrus. Un bruissement nous parvint, semblant provenir du canapé. Nous bondîmes à l’unisson en actionnant l’interrupteur, brandissant nos armes en direction d’un être qui nous fixa de ces yeux verts… un pauvre chat de gouttière.
Cette anecdote nous fit comprendre que nous étions en manque de cette poussée d’adrénaline qui réveille vos sens et vous procure une sensation proche de l’extase. C’est pourquoi depuis lors, nous adoptâmes de nouveaux loisirs comme le paint ball et le laser game, pour le plus grand plaisir de nos fils, en espérant qu’ils ne découvrent jamais pourquoi à chaque fois nous finissons vainqueurs !
* priez pour ne jamais croiser mon chemin
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