A mon copain Jeannot, mort de "déraison" Tiré de "Les Vies"
Auprès de la statue, où la marre se noie, Dans la clairière sombre tout au fond du sous-bois, Tu cours tout essoufflé provoquant mille bruits, Fuyant les beaux rivages de ton beau paradis.
Soudain, le bleu pastel de l'azur se confond, Puis le soir prend le rouge des tous derniers rayons. Sur les genêts piquants et les pins endormis, La lumière du jour doucement s'évanouie.
Les astres du ciel noir se reflètent dans l'eau, Et puis les roches grises, surgissent dans le halo De la lune ronde et froide, qui renvoie sur la terre, Une clarté blafarde qui fait des ombres austères. Alors ta statue, ce fantôme effrayant, Ressemble à un dragon, un monstre grimaçant.
Je sais que peu de gens connaissent la légende, De la statue de pierre qui court dans la lande : Tu disais que le soir, quand les arbres vacillent, Et que sous le vent d'ouest ils perdent leurs ramilles, La statue se transforme, en un très court instant, En femme magnifique au regard troublant.
Tu as toujours couru après une chimère, Désiré ardemment comme ultime prière, Qu'elle reste ainsi debout et retienne ta main Pour ne plus avoir peur et suivre ton chemin.
Cuga
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