Ce texte est ma réponse au défi de notre ami Kjtiti du 5 mars :
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Cher ami,
Je t’appelle ainsi car nous aurions pu le devenir si je n’étais pas devenu la victime émissaire de tes démons qui te saisissent au quotidien, qui m’ont cassé et qui auraient pu me briser.
Je t’ai connu alors que tu étais directeur de clinique. En ces temps-là , nos relations furent épisodiques et teintées d’une coloration d’affabilité distante mais sûre. J’accompagnais les démarches de changement des établissements de santé dont tu étais la tête pensante. Avec mon aide, tu trouvas ton compte à glaner quelques succès pour ta seule gloire et la pérennité de tes intérêts égoïstes mais tant éphémères. Devant ces réussites, je me disais que peut importait cela pourvu que les patientes et les patients y gagnent en sécurité et en satisfaction.
Et puis un jour, en janvier 2007, tu rejoignis le siège social comme cadre dirigeant et je finis, par la suite, par t’être rattaché. Très tôt j’ai admiré ton intelligence pragmatique dans l’analyse stratégique que tu faisais des quelques établissements de santé en difficulté dans le groupe, et tout autant ta capacité à faire une analyse psychologique fine de quelques dirigeants de cliniques. Tu as un talent indéniable pour savoir retourner l’opinion de tes dirigeants en ta faveur et emporter leur adhésion à tes idées.
J’ai reconnu et je reconnais encore ton talent d’orateur qui s’accompagne parfois d’une prédisposition à travestir la vérité, voire moi-même à mentir, avec un aplomb qui ferait passer des mensonges pour des vérités premières. Je demeure ébaubi devant ton incapacité à reconnaître l’un de tes mensonges ou l’un de tes torts. In fine, tu es un grand comédien. Au plus profond de mon être, j’ai très envie souvent de t’appeler « Monsieur bling bling », tant les idées peuvent scintiller dans l’instant avec toi puis s’effacer dans le vent de leur oubli. Tu peux être plusieurs personnalités à la fois, faisant varier sans cesse ta palette d’émotions.
Au gré du temps qui passait, pendant la période de notre collaboration, j’ai pu relever ton manque de sollicitude et d’état d’âme à l’égard d’un adversaire supposé ou d’un collaborateur méprisé, qui m’a dérouté et me déroute encore. Certaines fois également, j’ai pu mesurer ton sens du calcul à dessein de vouloir paraître le meilleur et ton indifférence aux actions qui ne pointaient pas dans le sens de tes intérêts particuliers. A contrario , tu te sens obligé de te passionner pour les idées d’un dirigeant, de ton dirigeant, imbibé du seul désir d’être « les doigts sur la couture du pantalon », obéissant aux ordres quels qu’en puissent être le bien fondé et la justesse. Le sourire me vient aux lèvres quand il m’est apparu que tu pouvais avoir un coup de cœur et porter aux nues, un jour, un dirigeant ou un collaborateur que tu démoliras le lendemain.
Qu’un collaborateur ou un collègue puisse interférer dans ta relation narcissique avec ton cadre dirigeant crée chez toi de la colère, habillé en mépris ou traduite en rage agressive. Il en résulte alors une déception qui te conduit au désir de revanche.
Tu aimes instrumentaliser les être humains qui travaillent avec toi, souffler le froid puis le chaud pour en tirer, avec force, tous les avantages possibles pour toi.
Derrière ton comportement policé et courtois, se cache un être jaloux de ses confrères ou des ses proches et vengeur. Tes actes, qui peuvent avoir parfois un but généreux, se révèlent être les esclaves de ton seul désir de vouloir être aimé et adulé de toutes et de tous.
Avec moi comme avec tant d’autres, tu souhaites que l’on se sente coupable et que l’on se prive de toute velléité d’indépendance. Tu cherches de manière continue à nous humilier, à nous convaincre d’un échec là où il n’y en a pas, à nous rappeler parfois que nous sommes peu de choses à l’égard d’un dirigeant qui compterait plus que nous au point que nous devrions disparaître. Et dans ta volonté d’emprise, tu aimes aller toujours plus loin, à tel point que tu veuilles intensément détruire notre liberté d’agir en nous imposant de terribles contraintes répétées. Et avec la même détermination, tu aimes t’approprier les idées des autres, privés ainsi de leur capacité à défendre leur propriété intellectuelle en raison de l’écran de fumée que tu crées entre eux et les dirigeants de l’entreprise. Tu ne peux te passer de celles et ceux qui travaillent avec toi mais ils ne sont pour toi que le reflet de toi-même. Leurs qualités doivent être les tiennes. Tu aimes les dominer et les installer dans une incapacité à réagir devant tes instincts de conquérant des âmes et des intelligences. Tu as le talent, parfois, de pouvoir entraîner quelques unes de tes victimes dans un comportement mimétique, les poussant à vouloir en blâmer d’autres, dans une attitude mythomaniaque comparable à la tienne. Leurs souffrances en deviennent alors doubles.
N’y a-t-il pas là dans toutes ces petitesses l’expression d’une jalousie sournoise ? Tu es resté un enfant gâté à qui tout est dû. Aujourd’hui, je suis convaincu que tu n’as pas coupé le cordon ombilical qui te lie à ta mère.
J’ai enfin appris que tu n’aimes pas qu’une victime te résiste et je t’ai résisté en te dénonçant. Depuis cette date, un néant s’est installé entre nous, un vide sidéral. Je sens que tu meures d’envie parfois de te venger mais je crois que tu sens ma détermination à te faire une guerre totale, si de nouveaux harcèlements devaient se reproduire. Tu en deviens alors prudent à juste titre. Ta prudence peut te conduire à la dissimulation. Ton courage de fond de caisse n’éclot que lorsque tu es sûr de gagner. Je souris à l’idée du contraste galactique entre l’amour dont tu as tant besoin, émanant de toi mais surtout des autres et du dégoût que tu peux inspirer chez quelques uns et de la patience vigilante chez quelques autres.
Toi l’homme enfant, je veux te laisser et je ne veux plus te voir. La seule thérapeutique à ton égard est une indifférence ferme et sereine et un désir intense d’oubli. Je pars donc de cette entreprise à qui j’ai tant donné et dont j’ai beaucoup reçu. Je te laisse à tes démons qui de toi, finiront par avoir raison, te laissant seul dans un grand abandon. Cette lettre est un trait que je tire sur les quelques années de tristesse et de souffrances que j’ai connues. J’ouvre maintenant une nouvelle porte : celle de la sagesse, du désir de richesse et de partage, loin, très loin de tes démons.
Que puis-je te souhaiter ? Malgré tout, je te souhaite de trouver le chemin de la vraie estime de toi-même. Prend le avant qu’il ne soit trop tard !
Sois assuré de ce qui aurait pu être entre nous : une amitié sincère et bienveillante.
Jacques Hosotte
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