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Accueil >> xnews >> La cité en délire. - Poèmes confirmés - Textes
Poèmes confirmés : La cité en délire.
Publié par Bacchus le 15-07-2012 17:20:00 ( 1480 lectures ) Articles du même auteur




Tout au fil des saisons, des jours, dans mon quartier,
Il valait mieux , parfois, ne pas se promener...
Des choses surprenantes, évênements bizarres,
S'y produisaient souvent, sans avis, par hasard.
Nous devenions blasés, et puis le temps passant,
Je me les remémore, le soir, en rêvassant.

C'était l'après-midi, assis sous la tonnelle,
Famille réunie, la journée était belle;
Pour une fois le calme était sur la cité.
Nous avions peu de temps pour bien en profiter.
Un sinistre hurlement monta dans le silence,
Il s'approcha de nous à très vive cadence
Et nous vimes passer, en un fugace instant
Ce cortège étonnant et bien réel, pourtant :
La mère était en tête et galopait, nu-pieds.
Son mari la suivait, paraissant occupé
A tenir son couteau dressé, prêt à servir
En gagnant du terrain, pour mieux y parvenir.
Mais il avait aussi un souci plus pressant
Là, juste derrière lui, un danger oppressant !
Il était talonné par sa fille en colère,
Une hache levée, pour défendre sa mère.
Elle hurlait en courant et en combinaison...
puis ils ont disparu, sans donner leur raison.
L'affaire était finie, le calme revenu.
Nous n'avons jamais su ce qu'il est advenu.

La Croix-bleue m'a offert de savoureux moments
Lorsque chacun venait y conter ses tourments.
J'entendais, ces soirs-là, les choses les plus drôles
Et les pires excés justifiés par l'alcool.
On accusait toujours l'ami qui faisait boire,
Et la soirée virait au pugilat de foire.

Nénesse-le manchot, notre assassin locale,
Avant d'être arrêté, pour garder le moral,
Avait peint son plancher en un rouge vermeil
Qui l'aidait, paraît-il, à trouver le sommeil.
Il avait simplement tué, à la grenade !
Un étranger aisé, durant sa promenade..

Il y avait aussi des moment amusants;
Par exemple, ce couple, âgé et déplaisant,
Qui ne voyait personne et ne parlait jamais.
Lui s'appelait Nono, c'est tout ce qu'on savait.
Nous jouions, un été, sous leur fenêtre ouverte.
Moment silencieux, dans la cité inerte;
Lorsque l'on entendit criés ces quelques mots :
" A qui c'est-y qu'elles sont, les coucouilles à Nono ? "

Un autre jour encore, profitant de nos roses,
Nous étions là, assis, mais par un temps morose.
Nous avons vu venir vers nous, d'un pas pressant,
Une dame couverte entièrement de sang.
Nous la connaissions bien. Comme à son habitude,
Elle s'arrêta, polie, avec sollicitude,
Nous demandant comment allait notre santé
Pendant que, sur le sol, son sang se répandait.
Puis elle nous expliqua que son homme, en colère,
Venait, en se servant d'une bassine en fer,
De lui ouvrir le crâne et qu'elle avait besoin
D'aller en pharmacie, pour avoir quelques soins.
Elle nous a salué avec civilité
Et elle a disparu au fond de la cité.

Souvent il arrivait, au sortir de l'école,
De voir le pugilat, entre deux femmes folles
Qui, après avoir bu ensemble tout le jour,
Réglaient, en se battant, leurs histoires d'amour.
Mes premières leçons, mes cours d'anatomie,
c'est durant ces combats entre ces deux amies
Que je les ai reçu, du fond du caniveau
Où trainaient leurs appâts de bien piêtre niveau.

Nous étions des enfants, tout nous semblait normal.
Nous apprenions ainsi et le bien et le mal,
Et nous avons compris, dans notre chère cité,
Ce qu'il est bon de faire, ou alors, d'éviter.
On nous disait méchants et irrécupérables,
Nous étions condamnés avant d'être coupables
Si certains l'ont été, par la loi du destin,
D'autres, tout comme moi, ont suivi leur chemin.








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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 15-07-2012 19:53  Mis à jour: 15-07-2012 19:53
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
 Re: La cité en délire.
C'est absolument génial. Dis moi a chaque respiration te viens un alexandrin ?
Le côté surréaliste, la puissance qui se dégage de cette ambiance, qui ne dois pas être trop loin de la réalité est magnifique. Cette atmosphère, quand on rapproche tous ses excès en un seul, me ramène à un film que j'aime par dessus tout (avec les Monty python, sacré Graal)
"c'est affreux sales et méchants" de Ettore Scola, en 1976. Si tu ne l'a jamais vu, c'est à voir au plus vite.
Bravo et Merci
Bacchus
Posté le: 15-07-2012 20:35  Mis à jour: 15-07-2012 20:35
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: La cité en délire.
Si j'ai vu ' Affreux, sales et méchants ? ' Oh oui, plusieurs fois ! et à chaque fois, je fais comme E.T., avec de l'émotion dans la voix, je m'écrie " MAISON ! "
C'était le même cadre et les mêmes gens, avec la gentillesse et la vacherie qui va avec.
Tout n'est pas racontable, alors, j'édulcore.
Loriane
Posté le: 15-07-2012 20:49  Mis à jour: 15-07-2012 20:49
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
 Re: La cité en délire.
Ma grande passion pour "affreux, sales et méchants" vient de ce que moi aussi, j'ai envie de dire "maison", les personnages me ramènent à des personnes réelles. Le décor de la pauvreté aussi.
cuga
Posté le: 18-07-2012 00:45  Mis à jour: 18-07-2012 00:45
Plume d'Or
Inscrit le: 05-04-2012
De:
Contributions: 78
 Re: La cité en délire.
J'adore aussi cet univers "glauque" ( à dose homéopathique ), je dirai "Félinien" pour certains personnages.
Tu sais admirablement "dessiner" l'atmosphère ( je dis dessiner car je peins également et j'y vois des tableaux ). J'ai également des souvenirs de la même veine, malheureusement jamais couchés sur le papier
( cela me donne des idées - il y a matière ).
"Affreux, sales et méchants" est un film qui m'a marqué vraiment, même si je l'ai découvert assez tard - 1980 si ma mémoire est bonne, je n'étais pas en France quand il est sorti )
C'est terriblement efficace et puis en alexandrins en plus
c'est un régal .....
Merci pour ce bon moment qui fait resurgir ( et je pense
que je ne suis pas le seul ) mes propres souvenirs.

Cuga
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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