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Nouvelles confirmées
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Aller simple pour l'oubli
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Publié par
Donaldo75
le
07-02-2016 20:31:10
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Aller simple pour l'oubli
La Mer du Nord s’étendait à perte de vue, calme et sombre. Tom s’assit sur la rambarde et souffla enfin. Les deux dernières semaines avaient été agitées. Il commençait à ressentir la fatigue liée au manque de sommeil, au stress et à la culpabilité. Dans son esprit, ce qui lui arrivait était entièrement de sa faute car il avait manqué de vigilance. Désormais, toutes les personnes de son entourage pensaient qu’il était un criminel, comme l’affirmait la police européenne. Il n’avait plus beaucoup d’options à disposition. Se disculper semblait impossible.
Tom se remémora les circonstances de la sombre affaire qui assombrissait son futur. Son passé était en miettes, sa tranquille existence patiemment construite sous le sceau de la discrétion et du non-dit se transformait en une fuite chaotique à travers un continent effrayé par les autres. Il était un de ces autres. Il le savait depuis sa plus tendre enfance. Dans la France du vingt-et-unième siècle, il s’était réveillé un matin avec la certitude qu’il était différent, que cette réalité lui poserait des problèmes. Il n’avait que six ans lors de cette découverte, mais déjà il savait qu’il n’avait pas touché le gros lot.
A cette époque, le pays des Lumières n’était plus que l’ombre de lui-même. La gauche modérée avait pris le pouvoir aux conservateurs mais n’avait pas réussi à sortir la nation d’une profonde crise identitaire, vieille d’une vingtaine d’années. Les populistes de tous crins aboyaient, stigmatisant l’étranger, le basané ou le barbu en facteurs pathogènes d’une longue maladie appelée la décadence. Leurs rugissements envahissaient l’espace médiatique, contaminaient la sphère politique au point de convaincre des notables de rejoindre le rang des hurleurs et d’appeler le peuple à couper des têtes, à commencer par celles du gouvernement. Dans ce contexte peu propice à l’amour de son prochain, il ne faisait pas bon naître différent, encore moins si les signes de cet écart à la moyenne s’avéraient trop flagrants.
Tom avait eu la chance de voir le jour dans une famille blanche, chrétienne et soudée. Blonds aux yeux bleus tous les deux, ses parents formaient un couple d’instituteurs qui éduquaient leur fils unique dans le respect des valeurs républicaines. Résidant dans la région de Bourg-en-Bresse, ils côtoyaient essentiellement des gens simples et sans histoire. Marjorie, sa mère, avait eu du mal à enfanter ; la naissance de Tom avait constitué un miracle de la médecine. Corentin, son père, l’avait soutenu lors des différents traitements expérimentaux d’aide à la procréation, se soumettant sans rechigner aux différents protocoles d’insémination alors qu’il savait sa semence fertile, le défaut de fabrication incombant à la génétique de son épouse. Finalement, ils avaient réussi à assurer une descendance. Leur bébé était devenu un cadeau inespéré, la réponse à leurs prières.
Tom avait grandi dans une maison, à la campagne, entouré et chéri par ses parents. Il ressemblait à son père, promettant de devenir un grand gaillard, bâti dans le roc et doté d’un caractère sociable. Sa scolarité montrait des dispositions pour la logique et les mathématiques mais rien ne le prédisposait à une carrière de génie. Il se détachait naturellement des petits paysans de sa classe de maternelle, pour la simple raison que ses propres parents étaient enseignants et stimulaient, à ce titre, son intelligence naissante.
Au cours de sa sixième année, alors qu’il apprenait à lire et à écrire, Tom avait découvert ses dons surnaturels. Heureusement pour lui, cette expérience s’était déroulée en dehors de toute présence adulte, tandis qu’il jouait tranquillement dans sa chambre, un samedi après-midi. Il essayait un nouveau jouet offert par une vieille tante : il s’agissait d’un ordinateur pour enfants, originalement destiné à des plus âgés que lui, mais la cousine de Marjorie l’avait déclaré plus intelligent que la moyenne. Il pouvait s’en tirer sans l’aide des grands. Le petit garçon avait souri par politesse puis s’était tourné vers les autres cadeaux, essentiellement composés de petites voitures électriques et de jeux de construction. Ernestine avait haussé les épaules et clamé à qui voulait l’entendre que Tom utiliserait cette machine à apprendre, parce qu’il n’était pas comme la majorité des garçonnets de sa génération.
En repensant à cet épisode de son enfance, Tom se dit qu’Ernestine devait forcément savoir. Elle avait seulement voulu qu’il s’en rende compte par lui-même, sans aide extérieure. Il se souvint alors de son premier exploit. Il avait remisé l’ordinateur dans un coin de sa chambre car il avait mieux à faire. La course de voitures qu’il tentait d’organiser lui paraissait plus amusante. Pourtant, une voix intérieure ne cessait de lui rappeler la présence de la machine à apprendre. Elle le défiait de dompter cette curieuse boite en plastique et de montrer à sa tante qu’il méritait mieux qu’un haussement d’épaules. Il avait déployé le jouet éducatif puis allumé l’écran. Devant lui, s’étaient affichés des phrases et des dessins expliquant le fonctionnement du jeu. Il avait répondu sans difficulté aux premières questions et avait intégré la logique de l’appareil. Finalement, dans son esprit de garçonnet, il se trouvait en face d’un instituteur électronique.
Au bout de trente minutes, Tom s’était lassé et avait cherché une autre façon d’utiliser l’ordinateur. L’interface graphique ne lui avait pas plu, avec ses motifs et ses illustrations scolaires, aussi avait-il décidé de la modifier. Évidemment, il ne disposait d’aucune compétence en programmation. Il ne savait même pas qu’un dispositif électronique comportait un simulacre de cerveau composé d’instructions logiques. Il avait alors procédé comme n’importe quel enfant de son âge : il s’était concentré, les yeux fermés, pour ordonner à l’écran d’afficher des dinosaures. Quand il avait rouvert son œil droit, il n’avait même pas été surpris de voir deux magnifiques tyrannosaures gambader sur la console. Il avait alors commandé à l’écran de faire apparaître un troupeau de stégosaures, histoire de pimenter l’affaire. La machine avait obéi. Il en avait déduit qu’il pouvait engager un combat entre les prédateurs et les herbivores, dans un monde qu’il contrôlait en toute impunité et sans télécommande.
Tom avait ainsi passé le reste de la journée à fabriquer un univers numérique, sur un engin initialement prévu pour l’apprentissage, par la seule force de sa pensée. Quand ses parents étaient venus le chercher pour le repas du soir, il avait gardé le secret sur ce don, afin de ne pas se faire gronder. Curieux de nature, il avait poussé plus loin ses expérimentations. Il avait commencé avec des jouets électriques qu’il pouvait désormais déclencher sans les allumer, puis avec la télévision et enfin avec les machines du quotidien quand elles l’amusaient et que personne ne se trouvait à proximité.
En cours élémentaire, le directeur de son école avait proposé aux parents d’élèves la possibilité pour leurs enfants de découvrir l’informatique, à l’heure de l’étude, le mardi et le jeudi. Tom s’était déclaré intéressé par ce programme et avait assisté à toutes les sessions. Il en avait retiré une profonde connaissance des ordinateurs, pas sur un plan purement théorique mais au niveau émotionnel, comme s’il pouvait sentir ce qui se passait dans ces machines au-delà des limites de leur système d’exploitation.
Les années suivantes s’étaient déroulées sur le même schéma. A la fin de l’enseignement primaire aucun dispositif électronique n’échappait à son contrôle ; Tom était prêt à passer à une échelle supérieure, celle du vivant. La société en décida autrement.
Tom vit défiler les images de ce soir de mai qui avait marqué le début des ennuis pour tous ceux qui dépassaient le cadre ou ne rentraient pas dans des cases. La France avait inauguré une longue série de victoires populistes, désignant un président de la république réfractaire au changement et persuadé qu’avant c’était mieux. Au début, sa vie n’avait pas véritablement changé. Il continuait à s’amuser avec ses capacités hors normes, se faisant la main sur le règne végétal et quelques invertébrés. Il avait, par exemple, provoquée une invasion de mouches dans la classe de biologie parce que son professeur avait eu la mauvaise idée de le punir pour cause de bavardage répété. Il savait qu’il prenait un risque calculé dans le cas improbable où l’enseignant aurait établi un rapport de cause à effet entre la punition et la mini-catastrophe écologique.
Les années de collège s’étaient déroulées dans l’insouciance propre à l’adolescence. Tom n’avait pas encore mesuré l’orientation paranoïaque que prenait la société française. Ses parents s’étaient chargés un soir de le mettre au courant, lors d’une discussion apriori anodine, au coin du feu. — Maman, avait-il demandé à sa mère, penses-tu qu’on sera capable, un jour, de contrôler la matière par la pensée, comme dans le film X-Men ? — Oui, je le pense, avait répondu Marjorie, mais nous sommes actuellement dans la même situation que dans le film. La société n’est pas prête à accepter un tel pouvoir, s’il reste individuel. — Mais ça va arriver ? J’ai lu que nous n’utilisions qu’une petite partie de notre cerveau. — L’être humain évolue rapidement. Une partie de la population va développer des capacités actuellement considérées impossibles. Ces pionniers seront le début d’une nouvelle version de l’homo sapiens, comme l’homme de Cro-Magnon vis-à -vis des Néandertaliens. — Ce serait super d’avoir des pouvoirs comme ça, non ?
A ce moment-là , sa mère avait changé de ton et son père s’était mêlé à la conversation. Tom s’était senti observé à la loupe. — Tu as treize ans. Tu es en quatrième, avait commencé Corentin. Il est peut-être temps pour nous de te prévenir de ce qui se passe actuellement dans le monde et particulièrement en Europe. — Je regarde la télévision et je suis bon en histoire, avait répliqué l’adolescent, un peu vexé de la remarque de son père. Je ne suis plus un gamin si c’est ce que tu veux dire, Papa.
A ce moment-là , dans une volonté de débrancher un possible conflit entre les deux mâles de la famille, Marjorie avait passé les mains dans les cheveux de son fils et lui avait tenu le langage de la vérité. — Je vais te parler comme à un adulte parce que tu en seras bientôt un. Notre pays est actuellement en crise. Il se replie sur lui-même. Notre président cherche des boucs-émissaires, oppose les Français entre eux, revient en arrière sur beaucoup d’acquis démocratiques et habille sa politique d’une apparence patriotique qui cache en réalité un fascisme non assumé. Le résultat est facile à prévoir : il commence par accuser ceux qui n’ont pas la bonne couleur ou la bonne religion, puis il s’attaquera aux personnes qui ne pensent pas comme lui et il finira par interdire l’originalité, la créativité et les idées nouvelles. Que peut-on attendre de lui, s’il découvre qu’en plus, il existe des individus aux capacités supérieures ? — Il les mettra en prison, avait répondu Tom. — Au mieux, avait répliqué sa mère. Je te laisse imaginer le pire, puisque tu es calé en histoire.
Tom avait entendu ce que sa petite voix intérieure lui répétait en boucle depuis des mois. Il voulait néanmoins vérifier une de ses intuitions, ce qui l’avait poussé à se jeter à l’eau avec la question de confiance. — M’aimeriez-vous tous les deux, si j’étais un X-Man ? La réaction de ses parents avait dépassé ses espérances. Corentin l’avait serré dans ses bras et Marjorie avait éclaté en sanglots.
Tom continua de sonder sa mémoire. Les souvenirs de son passé resurgirent en vagues continues. Il eut du mal à réprimer un sentiment de tristesse. Les années de lycée avaient été très discrètes. Il avait fait bon usage des conseils de ses parents. Il s’était appliqué à cacher ses aptitudes particulières, tout en les développant au maximum. Contrôler des dispositifs électroniques était devenu une seconde nature ; de plus, il avait perfectionné sa technique sur les éléments vivants. A la fin de ses études secondaires, il avait tellement progressé qu’il pouvait ressentir les émotions des êtres humains, en une sorte de tableau mental dont il devinait les tons et les reliefs, sans pour autant les modeler à sa guise. Toutefois, il se servait de ce don pour anticiper les réactions de ses interlocuteurs et agir en conséquence.
Tom avait laissé sa famille dans l’ignorance. Il se doutait que sa mère soupçonnait quelque chose à son sujet, une différence avec les autres jeunes mais il réussissait toujours à éviter les discussions embarrassantes qu’il voyait venir à des kilomètres. Son intelligence aurait pu lui permettre d’intégrer les meilleures écoles, mais il avait adopté une stratégie basée sur le camouflage et les faux-semblants. Son choix s’était porté sur l’université de Lyon où il avait suivi un cursus en économie afin de préparer un diplôme d’expertise comptable. La suite s’était déroulée sans problème. Muni du précieux sésame universitaire, il avait rejoint, dans la capitale des Gaules, un cabinet de taille moyenne et gravi les échelons d’une carrière classique dans une profession réglementée par l’État.
Du côté de la vie personnelle, il avait entamé une relation sérieuse avec une jeune Lyonnaise rencontrée sur le campus lors de ses années d’études. Le couple s’était installé après trois ans d’ardente fréquentation ; Isabelle travaillait en tant qu’ingénieur commercial pour une entreprise du bâtiment et son ambition mesurée convenait parfaitement à Tom.
La situation dans le pays ne s’était pas améliorée. Les gouvernants populistes avaient réussi à habiller leur doctrine ultra-conservatrice de respectabilité. Ils avaient érigé la crainte de l’autre, du différent, en principe national, grâce à une propagande efficace et des médias muselés. La notion de différence avait fortement évoluée. La couleur de peau, la religion, la sexualité ou les goûts artistiques ne constituaient plus les seuls critères de segmentation ou de classement des individus. Une découverte scientifique de premier ordre avait compliqué la donne, générant de la paranoïa supplémentaire : pendant que Tom usait ses pantalons sur les bancs de la faculté, des chercheurs américains avaient mis en lumière l’existence d’une nouvelle race d’homo sapiens, capable d’utiliser des zones du cortex cérébral jusque-là inactives. Les premiers cobayes humains avaient été étudiés sous toutes les coutures et traités comme de vulgaires rats de laboratoire. La plupart d’entre-eux ne savaient même pas qu’ils possédaient des capacités hors normes. Ils souffraient le plus souvent d’hallucinations ou de migraines que les médecins avaient d’abord attribuées à des crises psychotiques.
Les Américains n’avaient pas pu cacher ces recherches. Ils avaient alors usé d’une vieille ficelle pour garder le contrôle de la situation, publiant des études en les orientant sous l’angle de la menace que constituait, selon eux, cette engeance déviante. Les grandes nations avaient plongé dans le piège. Elles s’étaient mises à traquer les comportements suspicieux, sur la base de ces données scientifiques. Sous l’excuse de la science, la Russie, la Chine et la France avaient créé des brigades spéciales et un protocole particulier pour traiter le problème. Les premières arrestations arbitraires avaient défrayé la chronique, en particulier en Europe où l’Allemagne, le Royaume-Uni et les pays scandinaves considéraient la position française comme extrême ; les journalistes de ces pays n’hésitaient pas à la comparer aux heures sombres du vingtième siècle.
Tom n’avait jamais parlé de ses aptitudes surnaturelles à Isabelle. Il avait confiance en elle, mais ne voulait pas la mettre en danger. Moins elle en savait, meilleure était sa sécurité. Il avait alors planifié d’émigrer en Australie, un pays où les droits de l’homme étaient encore respectés ; il travaillait patiemment Isabelle sur ce souhait de vivre aux antipodes, prétextant une situation économique moins précaire et une qualité de vie plus élevée. Sa fiancée commençait à considérer l’option avec attention, au point de prendre des cours d’anglais deux fois par semaine. Pour Tom, le salut se rapprochait, mais il restait néanmoins vigilant.
Tom arrêta la séquence flash-back et décida de se rendre à l’hôtel le plus proche. Il avait choisi la ville de Delfzijl à l’extrême nord des Pays-Bas, parce qu’elle était loin de tout, mal desservie par les routes et le chemin de fer, en perte de vitesse et une destination trop improbable, selon la police, pour un fugitif français. Tom trouva un petit établissement familial, un peu à l’écart du centre, tenu par un couple de sexagénaires. Il réserva une chambre au nom de Corentin Delahaye, en hommage à son père et parce que ce patronyme sonnait bien en néerlandais.
Corentin Delahaye était censé travailler pour une firme technologique d’Amsterdam, appelée Triton Software BV, en tant que concepteur informatique. Tom avait pris le contrôle du réseau d’ordinateurs en charge des cartes d’identité et s’était fabriqué le paquet d’identifiants indispensables pour réellement exister à l’ère numérique. « Voilà un des avantages de mon don. » s’était-il dit en piratant la banque de données. Il s’était ensuite rendu dans les administrations régionales pour matérialiser ces informations virtuelles en papier plastifié. Le tour de magie avait été accompli en une journée, dans la ville d’Amsterdam. Il en avait profité pour ouvrir un compte courant dans la banque royale. Il avait ensuite pris le train à destination de la province de Groningen, là où personne ne le chercherait.
L’autre avantage de ses aptitudes surnaturelles résidait dans la facilité à intégrer des connaissances d’un support électronique à son cerveau, à l’instar du téléchargement d’informations d’une clé magnétique sur un disque dur. Tom avait ingurgité, dès le passage en Belgique, le vocabulaire et la grammaire néerlandaise, comme s’il avait avalé des tonnes de livres. Le résultat était impressionnant : il parlait dorénavant le néerlandais sans hésiter, même si ses interlocuteurs se demandaient d’où il pouvait bien venir, à cause de son accent et de certaines tournures de phrase abandonnées depuis longtemps. Ses logeurs, les Jensen, étaient restés discrets. Ils ne lui avaient posé aucune question.
Une fois entré dans sa chambre, Tom commanda un dîner puis s’allongea sur le lit sans même défaire ses valises. Il avait besoin de reprendre ses esprits après autant d’émotions. Le jeune homme relança la séquence flash-back et se focalisa sur le grain de sable qui avait fait capoter son plan australien.
Isabelle et Tom avaient rempli les formulaires d’émigration. Les deux années précédentes, ils avaient visité l’Australie à trois reprises, comme conseillé par les agences de migration. Le couple représentait la cible privilégiée des autorités de Sidney : diplômés de l’enseignement supérieur, hautement qualifiés, jeunes et sans enfants, leur capacité d’intégration avait été jugée maximale par le logiciel de qualification. Certes, Tom avait un peu forcé certains résultats en s’introduisant dans le moteur de calcul, mais ses corrections avaient été chirurgicales. Personne ne s’était douté qu’il avait réévalué les résultats d’Isabelle aux tests d’anglais et quelques paramètres médicaux le concernant. Le résultat semblant acquis, ils avaient tous deux démissionné de leur emploi respectif. Leurs économies leur auraient permis de patienter les quelques semaines nécessaires pour trouver un job sur un marché du travail en pleine croissance.
« Qu’est-ce qui avait cloché ? » se demandait encore Tom. La réponse tenait en un mot : l’administration. Malgré le discours libéral des gouvernants populistes, les effectifs administratifs étaient restés pléthoriques. Ils avaient seulement été réaffectés à des activités plus importantes en termes de sécurité nationale et de défense de la nation contre l’ennemi invisible. Les budgets amputés avaient servi à créer de nouveaux services dédiés à surveiller les administrés, à séparer le grain de l’ivraie, le bon travailleur du resquilleur et surtout à passer le message étatique : « Nous veillons sur vous. ».
Pour sortir du territoire en dehors de l’espace Schengen, il fallait accumuler les coups de tampons sur une multitude de formulaires en papier. Tom ne pouvait pas accélérer la procédure. Ils avaient patienté longtemps, dans l’attente d’un réveil de la fourmilière administrative puis Isabelle avait cru bon d’escalader auprès de relations de son père afin de débloquer une situation kafkaïenne. Ce fut l’erreur originale. Un obscur fonctionnaire, perdu dans les méandres de la machine d’état avait trouvé cet empressement suspect. Il avait lancé des vérifications et des contre-vérifications au dossier déjà bien fourni du couple lyonnais.
Tout avait alors basculé le jour où Tom avait été convoqué à la préfecture de police à Lyon. L’injonction faisait état d’un point de contrôle avant accord. Le jeune homme ne s’était pas méfié. Une fois dans la salle d’attente, il avait constaté que les forces de sécurité étaient renforcées et qu’ils étaient peu nombreux convoqués le même jour. Il avait alors sondé ses voisins et senti un climat de peur et d’angoisse. Il avait également investigué dans les autres cerveaux, ceux des policiers et des agents administratifs. Le sentiment était homogène : la suspicion et la haine de l’ennemi invisible. Pour terminer, Tom avait pénétré le système informatique local. Il s’était aperçu qu’il était détaché du réseau, cloisonné, comme si les autorités avaient voulu le protéger d’un quelconque piratage. Le peu qu’il en avait retiré ne lui avait pas remonté le moral car il indiquait que sa convocation répondait à une pure logique de dénonciation calomnieuse et que son dossier se situait en haut de la pile.
Tom était rentré dans la salle d’interrogatoire, le terme n’étant pas usurpé, à l’appel de son nom. Après le récapitulatif de son dossier et les explications du processus administratif, le fonctionnaire en charge de son dossier avait lancé la séance de questions. — Pourquoi voulez-vous émigrer en Australie ? — J’ai toujours souhaité vivre une expérience internationale. Je pense qu’elle nous apporterait, à ma fiancée et moi-même, le plus indispensable pour progresser dans notre carrière professionnelle. — Croyez-vous vraiment qu’on en apprend plus à l’étranger qu’en France ? — Plus non, mais aujourd’hui l’économie est globale. Il est bon de savoir travailler avec d’autres cultures que la notre. — Dans ce cas-là , pourquoi ne pas aller aux États-Unis ? L’Australie est un nain comparé à la France. — Ce pays m’a toujours attiré. Nous l’avons visité. Depuis, ce sentiment s’est renforcé. — N’y a-t-il pas d’autres raisons qui vous poussent à quitter la France ? — Nous ne quittons pas la France, nous allons en Australie. — C’est la même chose. Inutile de jouer sur les mots. Nous savons que vous désirez fuir la patrie. — Ce n’est pas vrai, nous ne fuyons pas. D’ailleurs, nous avons toute notre famille et nos amis en France. — Vous critiquez la politique du gouvernement. — Jamais nous n’avons parlé politique avec qui que ce soit. — Nous avons des témoignages accablants. Vous, vos parents et vos amis sont des opposants connus de nos services. — Qui vous a dit ça ? C’est complètement faux. — Vous n’imaginez quand même pas que nous allons vous fournir le nom des vrais patriotes qui aujourd’hui permettent à la Nation de retrouver ses valeurs ? — Si ce n’est pas possible, j’ai le droit de savoir ce dont il retourne. Dans le détail. — Vous n’avez aucun droit. Sachez qu’en ce moment même, votre appartement est perquisitionné. Nous trouverons bien des preuves de votre trahison.
Le seul souvenir de cet interrogatoire provoqua la colère de Tom. Il faillit griller le circuit électrique de sa chambre mais heureusement il réussit à contrôler ses émotions. Les dégâts se résumèrent à quelques ampoules et un radiateur auxiliaire. Il fallait préciser, à sa décharge, que la suite des événements avait confirmé ses craintes initiales. La séance de question avait duré plusieurs heures, avec des arguments identiques du côté de l’accusation, tournés de moult façons différentes dans le but évident d’amener Tom à se contredire. Au bout de la journée, il avait été déféré au parquet sans plus d’explication que la procédure officielle envers les renégats.
Isabelle avait également fait les frais de cette dénonciation. Elle avait échappé de peu à la garde à vue, grâce aux relations de son père. Tom n’avait pas eu autant de chance. Il s’était retrouvé incarcéré dans la soirée à la prison de Corbas, un établissement pénitentiaire surpeuplé. Il avait passé la nuit dans une cellule minuscule, avec deux autres détenus prénommés Mohamed et Ali. — Qu’est-ce que tu fais ici, avait demandé Mohamed, toi le petit blanc propre sur lui ? — Je ne sais pas. — Tu es comme nous, innocent, avait ironisé Ali. — Vous êtes enfermés depuis longtemps ? — J’attends mon passage devant le tribunal. Depuis six mois, avait répondu Ali. — Pareil pour moi, avait dit Mohamed.
Tom avait sondé leur esprit pour éviter une éventuelle agression. Il n’avait détecté que de la détresse et de l’incompréhension, mâtinés de fatalisme. — Avez-vous un avocat ? — Le mien sort juste de l’Université, avait précisé Ali. — Le mien me croit coupable, avait soupiré Mohamed. — Qu’est-ce qu’on vous reproche ? — De s’appeler Ali et Mohamed, avait répondu Ali. — De toutes façons, on est des islamistes, des Arabes voleurs de poules et des terroristes, avait répliqué Mohamed. On sortira d’ici dans cinquante ans ou les pieds devant. — C’est ce que dit votre avocat ? — C’est ce que nous dit sa tête, chuchota Ali. Le mien a peur de son ombre. Quand on cause, il n’arrête pas de se retourner comme si on l’écoutait à travers les murs. — Le mien dit « les autres » au sujet des Arabes, raconta Mohamed. Il ne me regarde pas dans les yeux. J’ai chaque fois l’impression qu’il va gerber après. J’ai demandé un nouvel avocat mais on m’a dit non. Les matons se marrent à chaque fois que ce con amène son gros cul de facho.
Tom eut une pensée attendrie pour Ali et Mohamed. Ses deux compagnons de cellule l’avaient soutenu comme un frère pendant les dix jours passés au centre de détention. Il avait beaucoup appris sur les mesquineries administratives subies par les étrangers, l’intolérance quotidienne et le harcèlement policier. Les récits de ses codétenus avaient été enrichis d’anecdotes salées de la part des autres prévenus lors de discussions mémorables pendant la promenade. Plus le temps passait, plus il avait envie de quitter un pays qu’il ne reconnaissait plus, qui stigmatisait l’immigré au nom d’un patriotisme de pacotille et au mépris des valeurs démocratiques de liberté, d’égalité et de fraternité.
La procédure judiciaire n’avait pas calmé ses envies de départ. Les rares séances de parloir avec Isabelle avaient confirmé sa situation difficile, ne laissant plus de doute sur la suite des événements. Son avocat, étonnamment moins laxiste que ceux d’Ali et Mohamed, ne s’était pas embarrassé de précautions oratoires pour lui expliquer à quel point il était dans la panade : on l’avait dénoncé, au travail et dans son voisinage, sur des griefs mineurs que la police avait habillés des mots de trahison et de complot contre la Nation. Isabelle avait subi des pressions de son employeur. Ce dernier lui avait conseillé de quitter son fiancé, de se désolidariser de lui et d’invoquer la confiance propre à un couple quand l’un des deux cache des activités illicites à son honnête moitié.
Tom avait alors échafaudé un plan mais il ne pouvait pas l’expliquer dans les détails à Isabelle, au risque d’être percé à jour par des oreilles indiscrètes. Il en avait lancé la première étape, lors d’une entrevue avec Isabelle. — Isabelle, je pense que tu dois te préserver. Les accusations contre moi sont fausses mais je ne peux pas le prouver pour l’instant. Les apparences tronquées jouent en ma défaveur. Je ne maîtrise rien. — Je crois en toi, Tom. Je me battrai jusqu’au bout pour établir ton innocence. — Justement, je te demande d’abandonner l’idée et de te recentrer sur tes propres intérêts. Il est inutile que nous soyons condamnés tous les deux parce que tu as bousculé l’administration. — Qu’attends-tu de ma part ? — Je sais que c’est difficile à entendre mais je souhaite que tu prennes de la distance. Dis leur que tu as mûrement réfléchi, que tu ne me connaissais peut-être pas si bien, que tu te poses des questions, que tu as décidé de me quitter. — En faisant cela je te tire une balle dans le dos. — Vu de leur fenêtre, oui. C’est ce qu’ils veulent. Mon dossier est tellement chargé que tu ne rajoutes pas grand-chose contre moi. Par contre, tu te sauves car ils vont concentrer leurs efforts sur une seule personne au lieu de s’acharner sur notre couple. — Je ne te reverrai plus, si je fais ça. — Tu ne me reverrais pas si nous étions condamnés tous les deux. Ce serait pire, parce que nous serions séparés pendant des années, chacun dans une prison aussi infâme que celle-ci, enfermés avec de vrais criminels et d’autres innocents, sans espoir de réhabilitation et surtout livrés au bon vouloir d’une justice arbitraire. — Tu te sacrifies pour moi. — Je le fais pour notre couple. Il te faut croire en moi, t’éloigner le plus possible de ce monde irréel, de cet univers kafkaïen dans lequel nous vivons. Si je sais que tu es à l’abri, n’importe où sur la planète, je me sentirais mieux. Je pourrais m’organiser. Le reste ne sera qu’une question de temps.
Tom ne put réprimer une larme en revoyant le visage accablé d’Isabelle ce jour-là . Il avait sondé son esprit afin de s’assurer qu’elle serait assez forte pour recevoir le message. Son don ne lui permettait cependant pas d’influencer le choix d’un être humain. Il avait donc parié sur la personnalité positive et combattante de sa fiancée. Il ne faudrait pas qu’elle s’écroule avant que la seconde partie de son plan ne devienne réalité ; alors, elle comprendrait le sens caché de ses paroles au parloir et agirait en conséquence.
Isabelle avait obéi à ses instructions. Elle avait mandaté son avocat pour signifier à celui de Tom qu’elle ne souhaitait plus le voir et qu’elle déposerait au tribunal dans ce sens. Isabelle avait ajouté, un détail pour l’accusation mais une garantie pour le plan de Tom, qu’elle avait l’intention de déménager loin de son passé lyonnais, qu’elle ne souhaitait pas que son ancien fiancé connaisse sa destination ou puisse la retrouver dans un futur proche ou lointain. Tom avait alors pu continuer sans craindre des complications pour Isabelle. Ainsi avait-il respecté la procédure judiciaire sans combattre inutilement, dans un semblant de fatalisme.
Tom se mit à rire en pensant à sa dernière comparution au tribunal. Il avait parfaitement joué le rôle du condamné d’avance, du prévenu battu par le système policier. Il s’était présenté à la cour de justice la tête sur le billot en attente d’une décapitation libératrice. Son avocat avait essayé de lui remonter le moral en lui répétant qu’il écoperait de dix ans avec remise de peine s’il se conduisait en détenu modèle. Tom avait acquiescé avec la moue de l’agneau en face du berger.
Les débats s’étaient déroulés de manière impersonnelle. Tom était l’un des nombreux justiciables prévus ce jour-là . La machine administrative était suffisamment bien huilée pour traiter des dizaines de cas en une seule journée. Après une délibération rapide d’un jury de patriotes certifiés conformes, le juge avait déclaré la sentence. — Vous êtes condamnés à vingt-cinq ans de réclusion sans possibilité de sursis. Votre avocat vous expliquera les formalités d’appel si vous décidez de contester le jugement de vos pairs.
Tom n’avait pas souhaité commenter la décision. Il avait serré la main de son avocat et s’était dirigé vers la sortie, accompagné de deux gardiens de la paix. Ensuite, tout était allé très vite. Les lampes du palais de justice avaient grésillé puis la lumière s’était éteinte dans tout le bâtiment. Les deux gardes n’avaient même pas paniqué quand l’ensemble des appareils électriques s’étaient mis à exploser dans un feu d’artifice digne du quatorze juillet. Ils avaient seulement ordonné à Tom de franchir la porte au plus vite pour ne pas se blesser. Il avait alors obéi. La porte automatique s’était anormalement refermée après son passage, laissant ses surveillants coincés à l’intérieur. Il avait profité de l’obscurité et de la confusion pour se diriger vers la sortie de secours, sondant les esprits alentour pour cartographier les lieux, puis s’était débarrassé facilement du dispositif électronique supposé tracer ses moindres pas. Le palais de justice avait pris feu rapidement, provoquant un mouvement de foule dans les rues environnantes et sur le quai de la Saône. Il avait marché comme si de rien n’était, en direction de la place Bellecour où il avait piraté un distributeur de billets pour s’acheter de nouveaux vêtements et un titre de transport puis avait emprunté le métro en direction de la gare de Perrache. Il avait enfin pris un train à destination de Bruxelles et s’était réfugié dans un hôtel familial du quartier d’Anderlecht.
Tom arrêta le retour en arrière et se projeta un peu dans l’avenir. Il n’était plus un fugitif mais bien un homme nouveau, appelé Corentin Delahaye, capable de vivre une existence nouvelle dans un pays encore démocratique. La question restait toujours la même, et ce depuis deux semaines : où ? Tom ne pourrait jamais retrouver Isabelle, malgré le beau mensonge enrubanné d’amour qu’il lui avait servi au parloir. S’il tentait la moindre communication avec son ancienne fiancée, il risquait de compromettre leur sécurité à tous les deux. Isabelle n’était pas stupide. Il y avait fort à parier qu’elle devinerait le sens caché des derniers mots de Tom. Elle déciderait alors de refaire sa vie loin de la folie ambiante de la République Française.
Tom jugea qu’il avait besoin de prendre l’air. Il se leva et prit la direction du bar de la pension Jensen. « Une bonne bière me fera du bien » se dit-il en arrivant au zinc. La serveuse n’était autre que la fille des propriétaires, une dénommée Pauline, bâtie comme une basketteuse russe et d’une blondeur scandinave. Il n’y avait pas foule au bar. Tom engagea la conversation avec la jeune femme. — C’est désert, ce soir, amorça-t-il. — Nous avons peu de monde en ce moment. — Est-ce habituel ? — Non. En fait, tout le monde regarde la télévision depuis l’annonce de début de soirée. — Quelle annonce ? — Vous n’avez pas allumé votre poste en arrivant ? — J’étais trop fatigué. Je me suis endormi sur mon lit. — C’est peut-être mieux ainsi. — Pourquoi ? — La France a réussi à persuader l’Union Européenne de durcir les conditions de passage aux frontières. Schengen n’existe plus. — Que dit la reine ? — Tout le pays attend son allocution mais il y a peu de chance qu’elle résiste. Les Allemands et les Anglais se sont déjà couchés devant les demandes françaises. Personne en Europe n’ose claquer le beignet à la plus grande puissance militaire du continent. Surtout depuis que les Américains, les Chinois et les Russes la soutiennent officiellement. — Comment ont réagi les clients ? — Mal. Ce n’est qu’un début. Bientôt, on va nous imposer de monter des stalags, de déporter les immigrés et de ficher les citoyens. Comme en France. — Je ne savais pas qu’en France ils faisaient ça. — Ils font pire encore. Dénoncer son voisin est un sport national chez eux. On raconte même qu’ils ont droit à des primes en fonction du nombre de personnes qu’ils envoient en prison. — Comment savez-vous tout ça ? — Je suis étudiante en droit à l’Université de Groningen. Là -bas, nous sommes beaucoup à penser qu’il ne faut pas rester au milieu de ces fous. — Vous comptez partir ? — Oui. — Dans quel pays ? — Je ne peux pas vous le dire. On ne se connaît pas. — Je m’appelle Corentin Delahaye. Je suis concepteur en informatique à Amsterdam. Ce qui se passe ne me plaît pas. J’avais l’intention d’émigrer quelque part loin de cette merde, sans véritablement savoir où. — Qu’est-ce qui me dit que vous n’êtes pas de la police ? — Croyez-vous réellement qu’elle viendrait d’abord dans ce trou perdu, au milieu de nulle part ? — Non. Elle s’occuperait d’abord des étudiants des grandes villes du Randstad. — Buvons une bière ensemble et discutons. Je vous en prie, Pauline. — La première tournée est pour toi, Corentin. Et ne prend pas ce oui pour la permission de me draguer. — Je ferais de mon mieux.
Vers minuit, Tom revint dans sa chambre. Il avait suffisamment sondé Pauline pour savoir qu’elle l’aiderait à quitter le continent européen. Elle l’avait immédiatement adopté. Ils avaient passé le reste de la soirée à discuter de comment il pourrait les aider grâce à ses compétences en informatique et à sa bonne volonté. Dorénavant, il avait la réponse à sa question : la bande de jeunes dissidents comptait s’installer en Nouvelle Zélande pour créer une communauté néerlandaise, aidée par de nombreux contacts au pays des kiwis. Leur plan n’en était pas aux prémices, loin de là . Ils avaient senti venir le coup, celui de la radicalisation des étudiants du nord de l’Europe en réaction à la peste brune venue de la France. « Contre ce genre de fléau, il n’existe pas de vaccin. Seule la quarantaine fonctionne. » lui avait fièrement déclaré Pauline. Tom ne pouvait qu’approuver cette maxime. Il laissa définitivement la place à Corentin Delahaye.
FIN
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Auteur |
Commentaire en débat |
Istenozot |
Posté le: 08-02-2016 13:15 Mis à jour: 08-02-2016 13:15 |
Plume d'Or
Inscrit le: 18-02-2015
De: Dijon
Contributions: 2303
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Re: Aller simple pour l'oubli
Cher Donald,
Je te lis toujours avec bonheur. Tu sais nous entraîner dans tes intrigues et nous prendre l'esprit qui trépigne aux élans de l'ambiance et du suspens de tes textes.
Dans cette nouvelle, tu nous fais des clins d'oeil à un passé bien triste de la France : la collaboration. Tu nous rappelles aussi que l'âme et l'intelligence humaine, devant les peurs, peuvent se réfugier aisément dans la recherche de boucs émissaires. Et tu sais nous le rappeler dans une histoire humaine d'être attachants : Tom, Isabelle et Pauline.
On a beau vouloir dire non devant ces ombres de l'âme humaine, tu sais, avec talent, nous y ramener sans nous y contraindre. C'est là que se trouve une part de ton talent.
Merci encore pour la valeur de ce texte. Ce texte, comme tant d'autres, mériterait d'être publié. Bien d'autres que moi sauraient les apprécier.
Amitiés de Bourgogne.
Jacques
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