POÈTE GUEUX
Il ne te manque que la lune Au crépuscule, qui se réveille sous l’ombre Des ailes d’une libellule et le bleu azur pour contempler tes désirs ardents.
La fresque dans le ciel te ressemble Dans son cadre d’argent et d’or Couvert d’une mousse de mer amère. Là -bas dans le firmament une étoile, Mon idole vaporeuse.
Et ici, ma pire ennemie La solitude dure et coriace comme la douleur ancestrale, dans un grâle oubliée au fond d’un caveau de mémoire. Tant désirer afin de prolonger notre amour foudroyé par le temps porté par notre souvenir.
Et c’est ainsi que s’acoquinaient la terre et le ciel créant un arc en ciel. Réunissant les fleuves dans leurs ferveurs.
Nous avons tué les deux dans une arquebusade, Les autres se sont échappés à travers la rivière Portant des brindilles de flammes, Tenant dans leurs mains les flambeaux de la nuit parsemés d’étoiles anéanties par notre amour.
Toi, le soleil. Moi, la terre soumise à tes pieds je fertilise nos désirs comme un champ de blé qui chante sous les vents venants de notre île de plaisir.
Toi la femme au caractère frivole
Moi slave, vagabond, qui racontais sans rire les exploits de nos arabesques détraquées.
Les graves de mon âme Roulent sous les vagues. Le ressac mon charme. À l’horizon, Goéland, mon idole, vole. Mon désir d’adolescent.
L’imagination touche le fond Je rebondis et je m’évanouis dans le chuchotement de mon cœur Mirage comme une image en noir et blanc Et au loin dans les couleurs, le soleil fête son anniversaire.
Et moi, mon dernier pas vers l’exile dans lequel les brindilles se plient sous chaque souffle cotonneux sous la lune brune et nue. Dans tes bras une île déserte Mon rêve en couleur étendu, le temps est long.
Graves fins comme le sable blanc De mes pieds nus je marche Sur un cimetière de coquillages. Les pieds en sang J’aime le temps et le vent. Dans mes entrailles coulent tous les fleuves. Et dans mon corps mutilé Le plaisir si grand. J’arriverai à te dorloter de mes strophes fiévreuses.
Zoran Savic
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