Barbe blues ; ce n'est vraiment pas ma fête...
Rasades éventées, cheminées verglacées, Sourdent au fil des murs brisant mes escalades. Je vous hurle des chants sacrés pour effacer Mes guirlandes déchues sur vos lettres malades.
Des traces de traîneaux estompées sur la plaine, Des cadeaux en monceaux solitaires écartés, Impriment ma mémoire au demeurant si vaine Et bornent les chemins de ma fragilité.
De mes gants trop usés à battre des tempos D'offrandes éboulées par mes allers-retours, Surgissent des paquets écorchés fleur de peau, Sous les déchirements de papiers sans atours.
La réverbération aux reflets si soudains, Une ire réfléchit sur mes polarisantes. Je lisse le versant de rancœur, de dédain, Raidi sous mes moustaches un poil électrisantes.
Sur mes lèvres gelées de mille et un cristaux, Blanchis et scintillants d'un glacier en ombelle, Cent bivouacs étincellent autour de mon manteau, Dévissant de leurs pentes en ma barbe rebelle.
Ici, où mes raquettes embrasent la poudreuse De mes désillusions par des nœuds de sanglots, Bloqué-là , je m'encorde aux traînées ténébreuses Tissées aux toits neigeux effleurant les bouleaux.
Ma silhouette a pris l'allure tourmentée Des sapins frémissant sous leurs frondaisons blanches. L'air digne mesuré, le souffle rétracté, Je relève le chef dépassant l'avalanche.
Par cette relation des rennes à cet instant, Qui savent aux fils des cieux ne pas rester si mornes, Là encore, je ris, invaincu, résistant, Jaune, de cette nuit inique enfin sans borne...
Cavalier
By Raymond Briggs
|