Le ciel semble vibrer, sous un mur de chaleur
Et les arbres penchés, pour se mirer dans l'eau,
Jettent dans le courant leur verdoyant halo
Agité par le vent nuançant sa couleur.
Le cours d'eau paressant, aussi clair qu'à sa source,
Chante, telle une flûte, au hasard des galets,
Faisant danser parfois, dans un joyeux ballet
Quelques truites d'argent semblant faire une course.
De gros rochers luisants, patinés par le temps,
Parsèment ses deux berges et dessinent son cours
Où se sont déposés, égayant son parcours,
Des buissons de fougères ondulant sous le vent.
Du maquis s'étendant jusqu'au pied des montagnes,
Arrivent des parfums d'épices et de fleurs
Emmêlant au milieu d'entêtantes odeurs,
Celles de quelques pins, que le vent accompagne.
J'ai mis ma chaise-longue à l'ombre d'un buisson,
Mon livre plus souvent posé sur ma poitrine,
Et je reste, serein, regardant la vitrine
Que la nature donne, étalée à foison.
Pourtant, de temps en temps, repoussant ma paresse,
Je fais les quelques pas me séparant du flot,
Et, prenant bien mon temps, je m'avance dans l'eau
Afin que tout mon corps en sente la caresse.
Nageant vers un rocher, je fais quelques plongeons,
Me promène sous l'eau toute emplie de lumière,
Puis me laisse sêcher sur un tapis de pierres
Avant de regagner mon nid, dans les ajoncs.
Je lis encore un peu, je rêvasse et somnole,
Sirote lentement une boisson glacée,
Et ne voyant jamais que le temps a passé,
Je suis souvent surpris que la jounée s'envole.
Mon matèriel en main, mesurant mon allure,
Je rejoins le chemin où je me suis garé
Et je repars serein, tout souci éffacé,
Revivre en société, dans mon coin de nature.