Réponse au défi d'Athéna :
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Nous sommes le vingt-quatre décembre 2015, ma femme Sophie attrape le cadeau posé au pied du sapin orné de guirlandes lumineuses et de boules en plastique bon marché. Le présent arbore une forme de boîte à chaussures et son poids est modeste. Je vois ma chérie la secouer avec précaution en demandant :
– Ça casse ? – Non. – C’est super léger ! – C’est pourtant un cadeau de taille. – Hein ? Tu as mis un bijou dans une boîte à godasses pour me tromper ? – Non. Ouvre au lieu de tergiverser.
Avec un empressement flagrant, Sophie arrache le joli nœud rose et retire le papier fleuri. Elle ouvre et retire une enveloppe. Ses yeux s’arrondissent de surprise et se plissent ensuite de méfiance.
– Tu me donnes des billets ou un chèque ? J’ai passé l’âge d’avoir mon « dimanche ». – Ouvre-la et lis le message.
Elle trouve une carte où il est écrit « Va ouvrir la porte, ton cadeau est sur le seuil. »
– Mais tu es fou ! On va me le voler ! – Cela ne risque pas, t’inquiète !
Sur ses talons aiguilles, elle se rue vers l’entrée et ouvre la porte. Je l’entends pousser un petit cri de saisissement puis « Oh, mon Dieu ! C’est pas possible ! » Elle se jette au cou de l’homme posté sur notre pas de porte, l’embrasse sur les deux joues (heureusement pas ailleurs) puis lui attrape le bras en le tirant à l’intérieur. Dans le salon, elle le pousse dans un fauteuil et se pose devant lui sur un tabouret. Après quelques secondes d’un silence pesant, Sophie se lance :
– Je n’y crois pas. Vous… ici… chez moi ! Comment est-ce possible ?
Là , je coupe la parole à notre invité surprise.
– Hé bien, c’est tout simple. Il était en panne avec sa Porsche sur le bord de la route. Je me suis arrêté pour l’aider. – Tu sais changer une roue ? – Je suis un homme, un vrai ! Bref, je l’ai aidé et il m’a demandé comme il pouvait me remercier. J’ai tout de suite pensé à ton cadeau de Noël. – C’est magique de vous rencontrer. Je suis votre plus grande fan ! – Votre mari m’a expliqué.
Et encore… je ne lui ai pas tout dit ! Notre vidéothèque ne contient que les films issus de sa filmographie et c’est sa voix suave qui rythme chacun de nos ébats amoureux. Le mur de notre chambre est décoré de posters, de billets de concerts, de couvertures de magazines avec son sourire Colgate. J’ai menti à Sophie aussi, secret professionnel oblige. En fait, il est un jour venu me consulter dans mon cabinet car les psy pour stars n’avaient pas pu l’aider. Il m’avait confié sa phobie des fans en furie qui scandaient son nom et lui jetaient leurs sous-vêtements pleins de transpiration. Il en était devenu agoraphobe, plutôt gênant pour un chanteur. Cela faisait quelques mois que l’on travaillait là -dessus et je le sentais prêt au test ultime ; celui de la confrontation avec Sophie, fan hystérique s’il en est, face à son idole. Je faisais alors d’une pierre deux coups ; un patient guéri et une femme comblée.
Finalement, je les ai laissés discuter pendant que je préparais le repas de fête. J’avais prévu les quantités en conséquence et j’ai pu constater qu’il avait bon appétit le bougre ! Lorsqu’il est parti, mon épouse était songeuse.
– Finalement, il n’est pas si beau et en plus il n’est pas bricoleur. – Le maquillage fait tout ! On ne peut pas être doué en comédie, avoir une belle voix et être Mac Gyver. – Et puis j’ai trouvé qu’il avait mauvaise haleine. – En même temps, après deux douzaines d’escargots à l’ail… Bref, il t’a plu mon cadeau ? – Non… – Ah bon ?! – Je me suis rendu compte que c’était toi qui me rendais heureuse. Finalement, c’est toi mon plus beau cadeau de Noël. Au fait, tu n’as pas ouvert le tien. J’ai vite fait de retirer le papier de la dernière boîte sous le sapin. – Un parfum ! Fairplay de Cerruti… ce ne serait celui vanté par notre invité ? – Bon d’accord, mon cadeau ne peut concurrencer le tien. Mais je n’ai pas le numéro personnel de Demi Moore. – Pas grave, tu n’as qu’à te raser la tête et faire de la poterie en exécutant un striptease et ce sera parfait ! – Chiche !
Ce soir-là , nous nous sommes lovés dans le silence sans que la sempiternelle chanson « Elle a les yeux revolver » couvre nos cris rauques. Ah, Marc Lavoine, je t’ai enfin volé la vedette !
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