En redescendant à pied par le chemin du Cougne, vers les dernières maisons devenues silencieuses, je l’aperçus qui montait. Il avait dans les pattes la fatigue de plusieurs vies. Son corps maigre lui faisait une grosse tête. Ce pouvait être un chat, un vieux chat brun roux. Sur le point de nous croiser, nous nous sommes arrêtés. J’ai vu dans ses yeux la pièce sombre d’une maison, maison de fond d’impasse où s’étiole le halo d’un lampadaire lointain. Dans le coin le plus sombre de la pièce, assisse, une vielle femme avec seulement sa respiration lointaine. L’obscurité des yeux du chat me fixa. Son poil était terne, désordonné et sale. Une vielle peluche évidée de ses entrailles de son. Ou était ce un chat mort, un chat mort dépaillé? Sans doute un de ces chats bruns, sans yeux ni entrailles, qui errent en quête d’hommes plein d’enfance apeurée. Je repris à marcher puis me retournai, il me regardait toujours. A peine quelques pas que le vent me souffla à la face une pleine bouffée de vie.
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