Un sage, qui avait tout vu, La noirceur, la clarté, En toute chose, advenues, Cherchait à transmettre La vérité toute nue : " Qui vivra, verra ! "
Et l'aveugle, marchant à vue, Ne vit pas ce qu'il voulut lui dire Et vécut à courte vue
Et le sourd, cherchant à avoir l'oreille du sage, N'entendit rien à ce qu'il voulut lui dire, N'entendit rien, à perte de vue
Et le cul-de-jatte, Cherchant de ces mots, le fondement, Ne trouva que béance, à peine entrevue
Et le manchot, N'ayant pas le bras assez long, Du sage, ne put espérer une entrevue
Et moi, qui ai tout, Souvent aveugle et souvent sourd Saurais-je tendre vers cette vérité Que tout s'éclaire avec le temps.
Et le sage dit : patience !
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