Réponse au défi d'Istenozot :
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Cette nuit est particulière, c’est la grande prêtresse qui me l’a dit. Je dois passer cette épreuve avec succès pour participer au prochain Sabbat. J’avance lentement dans la clairière éclairée par la lumière blafarde de la pleine lune. Mes pas semblent amortis par de la ouate. Les odeurs exaltées de la nature flattent mes narines. Mes cheveux défaits flottent dans la brise nocturne. Ma robe à volants effleure les brins d’herbe humides. Un hululement arrête ma marche. Je cherche du regard l’origine de ce cri. Dans un chêne centenaire, un Grand Duc me scrute de ses yeux jaunes et brillants. Mes pas me portent vers lui. C’est alors qu’à mon plus grand étonnement, ce dernier prend la parole : – Bonsoir Véronique. Cela fait longtemps que j’attends ta venue en ces lieux. – C’est fou ! Un hibou qui parle ! – Pourtant, chaque jour à la télévision, tu ne t’étonnes plus de tous ces singes savants qui prennent la parole ! – Tu n’es pas très gentils avec nos politiciens. – Trève de bavardages. J’ai un cadeau pour toi ! – Waouw ! Mon homme ne m’en a jamais offert un seul en vingt ans de mariage. Et le premier hibou venu a un présent à mon intention. – Ah… si je t’avais croisée avant… Bref, prends ce bâton à ma gauche. – Un bâton ? C’est un bien maigre cadeau. Je m’attendais à mieux que cela. – Mais il est magique ! – Prendre le bâton magique d’un Grand Duc ? Ça sonne comme la réplique d’un film porno ! – Ne crains rien et prends-le vigoureusement.
Je tends la main vers l’objet désigné du bec. Dès que mes doigts se posent sur le bout de bois, il se transforme en baguette magique. Celle-ci s’illumine et projette des étoiles bleutées. Je la pointe vers les grenouilles qui paressent au bord de l’étang et elles se mettent à cracher une fine pluie chaude. Prise de bouffées de chaleur, je me défais de ma robe. Je pointe ensuite la baguette vers le sol qui devient aussi douillet qu’un lit. Avec volupté, j’effectue des roulades à terre. D’un délicat mouvement de poignet, je fais sortir des elfes cachés dans les hautes herbes. Ils se mettent alors à me confectionner un habit en tressant des roseaux. Je l’enfile et me mets à esquisser quelques pas de danse. C’est alors qu’un bel inconnu apparaît devant moi. Il me tend la main. Je l’enlace et l’embrasse fougueusement. Nous finissons par nous coucher sur un coussin de nénuphars en fleurs. Très vite, le sommeil me gagne et je ferme les yeux en pensant : « Je suis une vraie sorcière maintenant ! ».
Des secousses sont imprimées avec insistance sur mon bras droit. J’ouvre les yeux et me trouve face à l’air ahuri de Thierry.
– Ça ya est ? Tu es réveillée ?
Je remarque que je suis totalement nue, recouverte par une fine couverture en polaire, en plein milieu de la clairière à côté de la maison. Seule la lune apporte un peu de clarté à cette scène nocturne. Thierry me tend ma robe de nuit. En retirant la couverture, je constate que mon corps est couvert d’herbe, de débris végétaux et de déjections animales. Un arbrisseau est à mes côtés, il a apparemment été arraché et git, les racines à l’air.
– Mais que m’est-il arrivé ? – C’est comme ça quand on se déshabille pour aller se rouler par terre dans la forêt en pleine nuit. Quelque chose me gêne au niveau des fesses. Je retire une tige de roseau.
– Qu’est-ce qui m’est arrivé ?
Cette nuit, tu t’es soudainement levée. Je t’ai suivie jusque dans la clairière. Tu as commencé à délirer face à ce chêne. Tu lui as arraché un morceau de branche. J’ai pris de l’eau dans l’étang pour t’arroser afin que tu te réveilles. Cela n’a pas fonctionné. Tu t’es déshabillée. Puis tu t’es roulée dans l’herbe et tu as finalement coincé un morceau de roseau entre tes fesses. Je t’ai vue danser puis arracher ce pauvre arbrisseau avant de t’endormir. Tu peux m’expliquer ? – J’ai rêvé qu’un hibou me donnait une baguette magique, que la clairière était un lit géant, que des elfes me donnaient une robe tressées de roseaux et que j’embrassais un bellâtre. D’ailleurs, j’ai un drôle de goût en bouche. – Normal ! Tu as sucé les feuilles de cet arbuste pendant une demi-heure. – Tu crois que je suis somnambule ? – Non, mais il faut que tu arrêtes de préparer les champignons que tu cueilles en forêt. Tu comprends pourquoi cela fait longtemps que je ne les mange plus ! Allez, on va replanter ton prince charmant et tu vas prendre une bonne douche.
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