Le feu, ce feu qui ravage tout sur son passage, lorsqu’il se déchaîne, lorsqu’il ne sait se maîtriser et que personne ne le peut. Brûlant, étouffant, destructeur, à chacun il fait peur. Lorsque le vent l’attise, ses effets augmentent et il devient l’ennemi public numéro un, celui qu’il faut faire cesser. Coups de pelle pour calmer le rebelle, jets de terre pour l’étouffer, trombes d’eau pour le réduire et l’anéantir, tous les moyens sont bons pour en venir à bout. Ce feu qui dérange, qui consume les idées dans un terrible autodafé, ce feu difficile à apprivoiser lui barrait le chemin de la tranquillité.
Il se sentait brûlant, fiévreux, et cherchait à tout prix comment sortir de cette fournaise. Son corps souffrait, son cœur se desséchait, son esprit divaguait, son âme commençait à s’échapper.
Il marchait, marchait, sans but précis, mais dans l’espoir de trouver une solution pour échapper à son anxiété. Sa peau brûlait de plus en plus, les traits de son visage s’étiraient sous la douleur, tant et si bien que ses rides se mirent à durcir, empêchant toute apparition de bonheur. Il se sentait devenir une masse informe et incandescente. Il lui fallait à tout prix sortir de cette fournaise, de ce cauchemar.
A force de marcher, il finit par s’éloigner du feu et commença à se sentir respirer. Il avança jusqu’à un jardin luxuriant. Des fleurs multicolores balançaient leurs tiges fièrement et agitaient leurs pétales. Il se demanda comment un tel jardin pouvait exister et se pencha pour respirer leur parfum. Il se sentit bien et s’assit tranquillement au milieu des fleurs.
Un vent léger parcourait ses cheveux, les faisant onduler. Il se sentait revivre et apprécia même les rayons du soleil qui lui chauffaient légèrement le corps. Ce qu’il ressentit n’avait plus rien à voir avec la chaleur étouffante et angoissante du feu qui avait tenté de le consumer. Bien au contraire, cette sensation se mêlait à la tranquillité de la terre, à la fraîcheur de l’eau qui irriguait les fleurs.
Tout son corps appréciait la vie qui se dégageait autour de lui et en lui. Sa peau reprit sa plasticité. Son visage se détendit et il se mit à sourire. Ce n’était plus le sourire forcé, figé, qu’il arborait en société, mais un jaillissement de joie et de bonheur qui inonda tout son être. Et tout comme le jardinier qui avait pris du temps pour cultiver ce magnifique jardin, il comprit qu’il avait lui aussi mis du temps pour cultiver son sourire. Il l’avait enfin trouvé et il lui fallait maintenant l’entretenir. C’est ainsi qu’il saurait, tout comme les fleurs, distribuer du bonheur autour de lui.
Il se leva, repartit, son sourire grandissant illuminait tout sur son passage et attira les êtres vivants sur la terre, hommes, femmes, enfants, animaux. Même les étoiles répondaient à son sourire la nuit.
Il avait compris pour toujours quel sens il donnerait à sa vie. En lui et autour de lui, il vivait cette maxime :
« Il faut cultiver ... son sourire. »
Danièle Berry, le 22 juillet 2015
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