Réponse au défi d'Emma :
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Comme de nombreuses petites filles, je rêvais d’être admise à un concours de beauté. Je n’y étais pourtant pas vraiment destinée en raison de mes problèmes dentaires et de mon acné juvénile envahissante. Mais l’Eau Précieuse et l’orthodontie ont résolu ces petits tracas et mon corps s’est transformé, arborant des formes qui m’ouvraient soudainement ces portes. Tout débuta par le concours de Miss Mouscron. Afin de m’assurer de passer à l’étape suivante, j’utilisai quelques astuces. Ainsi, je repérai la candidate la plus sérieuse, celle avec le minois le plus agréable, les fesses les plus rebondies et une éloquence sans accent local. Je ne prenais pas en considération la fille boulotte du bourgmestre ni le sosie de Jennifer Lopez qui bégayait. Une certaine Sharon me faisait de l’ombre. Qu’à cela ne tienne ! J’incorporai quelques grains de sable fin dans son fond de teint qu’elle utilisait à outrance. Une application un peu trop prononcée lors de la finale eut raison de son teint rose et la transforma en rougeaude, laissant penser à un penchant pour le banc solaire ou le caberluche du coin. J’arrivai ainsi sans encombre au niveau provincial, celui de Miss Hainaut. La concurrence s’y fit plus rude et les candidates sérieuses plus nombreuses. Il me fallut rivaliser d’ingéniosité. Je prélevai quelques lentes de poux dans les cheveux de ma petite sœur pour aller les déposer délicatement sur les brosses de mes rivales Miss Tournai, Miss Mons et Miss Ath. Leurs tics de grattage ne manquèrent pas d’intriguer le jury qui, après une rapide enquête, les élimina afin d’éviter la contamination massive, me laissant ainsi champ libre. Arborant fièrement mon écharpe de Miss Hainaut, j’attaquai le niveau régional où je briguai la couronne de Miss Wallonie. Je pris alors un malin plaisir à remplacer dans les frigos les yaourts allégés par ceux au lait entier, en conservant bien évidemment les étiquettes alléguant un zéro pour cent de matières grasses. Certaines candidates ne se nourrissant que de cela, je vis, non sans malice, certaines formes s’arrondir. Du vinaigre dans les flacons de parfum, de la gouache dans le mascara ou encore quelques hauts talons sabotés, je fis ainsi quelques ravages. Finalement, je me retrouvai face à Brenda. Elle avait de sérieux atouts physiques et un QI dépassant la centaine. Peu avant son discours décisif, celui qui devait nous départager, elle se remit du rouge à lèvres sans remarquer que j’y avais déposé une fine pellicule de colle forte. Incapable de prononcer un mot, elle ne perdit pas ses moyens et se mit à discourir en langue des signes, le tout traduit par son père. Mon apologie de la paix dans le monde ne me permit pas de vaincre. Brenda remporta tous les suffrages, les honneurs et surtout la couronne tant convoitée. Comble de l’ironie, et sûrement pour mettre en avant le côté fairplay du concours, on m’obligea à prendre la parole afin de féliciter ma rivale. La gorge encore serrée par ma défaite, j’empoignai le micro.
« Mesdames, Messieurs, Membres du Jury, je félicite Brenda pour sa victoire même si je ne comprends pas votre choix ! Par ce concours, vous souhaitez promouvoir la beauté des femmes wallonnes, et pour cela, vous prenez une étrangère ! »
Là , je vis des regards étonnés qui me scrutaient.
« Brenda est française ! Certes, elle a une belle chienne, des jolies crolles et a opté pour la nationalité belge à sa majorité mais ses parents ne portent pas les valeurs de notre pays. Son régime est exempt de waterzooi, de vol-au-vent, de chicons au gratin, de carbonnades et autres moules frites. Elle ne comprend pas un mot de wallon, n’a jamais embrassé un Gilles de Binche ou arracher un poil du Doudou de Mons. Vous avez opté pour la fille de la famille Bélier mais pas celle de la famille Lambert ou Dumont. Vous n’avez pas vu en moi la candidate idéale, celle labellisée Bleu Blanc Belge. Non peut-être ! Le mal est fait, vous êtes seuls juges. Cette année encore, les flamands nous voleront la vedette et aucune wallonne ne portera les couleurs de la Belgique. Clette !»
Je sortis de scène sous de timides applaudissements. Je me jurai alors que cette Brenda ne l’emporterait pas au paradis. Des photos d’elle, nue, apparaîtront bientôt sur le web. Je sais que ce n’est pas plus apprécié en Belgique qu’en France. Ils regretteront alors de ne pas m’avoir choisie… moi Isabelle Vandeputte !
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