Je n’aime pas les vieux, j’ai dix ans, il est vrai, Je les sens trop présents, pourtant dans l'éphémère, Leurs bras m’enveloppant de leur odeur amère Pour de rituels câlins… leur tendresse m’effraie.
Je regarde les vieux, j’ai vingt ans, il est temps… Je devine parfois et j'en ressens déjà Qu'au prix d'une mémoire offerte à petit pas, Ce qu’ils sont… ce qu’ils font, s'efface dans l'instant.
Je reconnais les vieux… quarante ans pour si peu… C'est d’abord un retour sur l’enfance oubliée, En des ombres glissées… une image esquissée, Et je sais qu’à cette heure, vieillir n’est pas un jeu.
J’aime à présent les vieux… et l'horloge ronronne… Je voudrais, me berçant aux paroles de Brel, Qu’ils soient de l’âme humaine une part d’immortel, Celle de mon passé… en leur cœur… qui résonne.
Et je vieillis envieux… en vieux du temps perdu, En ces longues années, tant de cailloux semés, Des sentiers balisés… pour ne pas m’égarer… Jusqu’à cet enfant sage… qui me fuit apeuré…
L’innocence est infâme, les vieux l’ont toujours
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