Bien qu'habitant en Corse, près d'Ajaccio, je regardais dernièrement l'émission Thalassa qui parlait d'Ajaccio, justement. C'est toujours amusant de comparer le point de vue des visiteurs à celui des résidents, lorsqu'il est question de porter un jugement sur une région. Je confirme donc, si le besoin en était : c'est une très belle région . Je mettrais un bémol sur l'idée reçue qu'il y fait toujours beau : j'ai tout de même arrêté le chauffage en début juin, comme l'année derniére. Quand il pleut, cela fait plus penser à la mousson qu'au fin crachin Normand. En ce moment, oui, nous crevons de chaleur, et il est bien possible que nous soyons sans pluie durant trois ou quatre mois.Normalement, les premiers orages devraient survenir après le quinze aôut. Toujours selon Thalassa, la population esr heureuse et insouciante, comme si le soleil était nourrissant. Derrière les façades décrépies, dans les ruelles les plus sombres, il y a de nombreuses familles qui, comme partout, ont beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Soyez persuadés que la joyeuse population qui passe son temps sur les ports, à astiquer les boiseries de leurs voiliers, est, en très grande partie, constituée de continentaux et d'étrangers. Mais c'est vrai qu'ils donnent une joyeuse animation à la ville, quand ils sont là . Par contre, je me suis beaucoup amusé lorsque le commentateur de l'émission a donné son avis sur l'appellation des iles Sanguinaires ! Il est exact que l'origine de cette appellation à fait couler autant d'encre que de salive. La plus ahurissante que j'ai pu entendre à bien été celle donnée par Thalassa ! d'après le commentateur, ce nom viendrait du fait qu'il y ait eu une épidémie de choléra et que cela ,créant une ambiance lugubre et malsaine, pouvait entrainer une vision sanglante de l'environnement. ..Comme on le dit dans un jeu de recherche d'objet, il était tiède. Y'avait une vague approche. Une autre version entendue serait que des naufrageurs allumaient, durant les soirs de tempète, des feux pour guider les navires en perdition, afin qu'ils viennent se briser sur les rochers. L'idée est certainement sanguinaire mais très mal située : ce genre d'évênements se situait plus au sud de l'ile, dans le détroit de Bonifacio. Une autre version, concernant l'appellation des Sanguinaires, mérite d'être retenue. Le golfe d'Ajaccio, avant de porter ce nom, s'appelait le golfe de Sagonara, Le petit village de Sagone étant,, je présume, antèrieur à la création du port d'Ajaccio. Ce qui me fait douter de cette origine, c'est que, si cela avait été la véritable raison de l'appellation, le nom n'aurait pas changé en 'Sanguinaires', les Corses n'ayant aucune raison de modifier une langue à laquelle ils tiennent particulièrement. La version qui plait beaucoup et qui est très largement répandue par les guides touristiques, dès la descente des cars, devant les Sanguinaires, est celle qui cadre le mieux avec ce que les touristes en attendent : Le coucher de soleil, sur les roches des iles, ferait apparaitre des couleurs rougeoyantes sur les rochers...Moi, je veux bien. J'y suis allé des dizaines de fois et je n'ai jamais rien vu qui soit différent de ce que l'on peut voir sur cette côte occidentale, de St Florent à Bonifacio. Dans les calanches de Piana, là , d'accord ! Les rochers aux formes bizarres et découpées sont de couleur plutôt rouge et, indiscutablement, les couchers de soleil y sont magnifiques. Ce lieu mériterait de s'appeler ' les Sanguinaires , si sa propre appellation ne lui suffisait pas .
A mon très humble avis, voici la véritable raison de l'appellation de 'Sanguinaires' pour ce lieu touristique : En 1656, il y eu, à Ajaccio, venant d'Italie, une grande épidémie de peste (et non de lêpre !). Elle fit des ravages considérables dans la ville et un quartier porte encore le nom de Lazaret, près d'Aspretto, à la sortie d'Ajaccio. Un autre lazaret fut construit sur la plus grande des iles situées à l'entrée de l'anse d'Ajaccio. C'est l'ile où se trouve actuellement le phare. Si vous allez sur google earth voir cette ile, vous remarquerez de suite les traces d'une ancienne construction, sur le versant est, derrière le phare. Ce sont les traces d'un mur d'enceinte, à cinq pans. C'était ici que l'on mettait en quarantaine les malades que l'on voulait écarter de la ville. On mettait là les pestiférés. Vous savez comment on appelait les pestiférés ? : les " sangs noirs " et oui...ou bien, en langue Corse, les " sangui neri "... Mais ce n'est que mon point de vue, et j'admet que touristiquement parlant, ça manque de charme.
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