Le vin de la belle Touraine Est une boisson pour les gueux, Les seigneurs, les rois et les reines Ont le palais fort trop précieux, Pour bien en apprécier la peine, Que met le vigneron pouilleux.
C’est le nectar des besogneux, Ceux qui se lèvent potron-minet Pour, sur les pampres généreux, Compter les gouttes de rosée Qui feront vin, pour le bon dieu Ou piquette pour le curé.
Hélios à certes rayonné, Au bel été, de tous ses feux , Caressant de ses rais zélés Les treilles et ses grains généreux. Belle vendange s’augurait Sauf, la venue de temps fâcheux.
Dame Ondée, espiègle et mutine, Déçue de n’être point conviée Aux délices d’été, rumine, Puis jette ses eaux abhorrées, Sur le raisin or de la vigne, Dés que Septembre est annoncé.
Les vignerons, aux dos meurtris, Feront fi des affres du temps, S’amusant du bruit de la pluie Qui clapote en rythmant leurs chants, Car la Végétale ambroisie Sera vendangée en chantant.
Dans les bras du bonhomme Hiver, Douce Touraine se blottie, Mais dans les caves centenaires S’entend un tendre gazouillis : Le jus de la treille nous espère L’an prochain un vin fort exquis.
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