Enveloppé par une nuée de demoiselles et de libellules, sous le rouge mauve du ciel qui se couche; là où s' agglutinent les carouges épaulettes, vogue le marin parmi l' écume et les aigrettes.

Debout sur sa proue, au levé des brumes du petit matin flou; aux battements d' ailes des anophèles, il se perd dans les flots, loin du son du clocher des loups.

Le piège se resserre, quand s' emmêlent dans les airs tout comme s' emmêle la laine de mohair, les chants des divinités des mers.
Quand aux confins des eaux il s' égare, il entend à l' horizon: les complaintes des lamantins, démons marins, qui l' appellent en leurs seins.

Emporté par le chant des sirènes qui l' attire au dehors, envoûtant à tribord, charmant à bâbord, le marin désespère de rentrer au port.

C' est la voix d' or de sa femme qui l' attend au large près de la barge et des prés-salés, qui l' attire et l' enivre.
C' est une déesse: frêle comme la vie, belle comme l' oubli.
Son chant divin, celui de la tendresse et des demains, ramène enfin le marin à son destin.