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Nouvelles confirmées : Odyssée
Publié par Loriane le 22-06-2012 19:10:00 ( 1489 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



L'heure du départ étais venue, je le sentais, le moment approchait à grande vitesse, et pas question cette fois-ci que je sois en retard.
Il était juste temps car je faisais partie des dernières voyageuses qui quittaient ses petites habitudes pour changer d'univers.
Je me préparais donc; on peut dire que je me préparais depuis des mois; et que je le faisais avec soin et excitation.
Nous étions si nombreux pour ce départ, une multitude d'entre nous s'interrogeait, se posait mille questions, ce saut vers un horizon nouveau était sujet à bien des bavardages, des questionnements sans fin, tout en faisant mes préparatifs je me rappelais une de mes voisines, une superbe rousse, mais combien agaçante ! qui ne cessait de me répéter qu'elle participerait au voyage avant le mien, se croyait-elle pistonnée ? encore une privilégiée ! Sa suffisance me faisait frissonner d'agacement, aussi je l'ignorais souverainement.
Je me sentais fin prête, je me faisais intérieurement une chek-list pour m'assurer de ne rien oublier.
J'avais abandonné ma robe marron, pour me revêtir d'une magnifique tenue rouge, j'avais beaucoup aimé le vert mais cette couleur ne se portait plus, c'était passé de mode, je savais que le pourpre me mettait en valeur et que j'étais plus belle que jamais.
Je m'allongeais, je m'étirais, me lissais, ma jolie toilette ne devait avoir aucun mauvais plis, pas le moindre accroc.
Le ciel était gris, mouvant, il était fait d'eau, l'air froid avait pris le pouvoir, on entendait les soupirs des masses de nuages qui roulaient ensemble ou en se contrariant, c'était selon l'humeur des vents
Le bleu s'était retiré et brillait timidement de temps à autre, ce bleu ne se sentait pas d'actualité et était visiblement démoralisé, il la jouait discret, supplanté qu'il était par les sombres grisailles du beau chagrin.
Mes préparatifs terminés, fin prête, je m'installais pour le départ et attendais.
L'attente me rendait fébrile et je tremblais, le moindre flux me secouait, le temps passait sous un ciel agité.
Nous guettions chaque signe, chaque sensation, et, soudain nous voici partis.
Ce fut d'abord un bruit très violent puis le choc, cet ébranlement auquel je m'étais bien préparé, que j'attendais, pourtant me surpris et je me sentis projetée sans douceur.
Et voilà nous volions, l'air maintenant nous portaient , je ressentis le terrible arrachement, je n'en avais pas l'expérience et j'en fus donc très étonnée.
Durant de longues minutes je me suis sentie planer, je regardais avec curiosité les toits des maisons, les cheminées, les rues les arbres presque nus.
J'étais en état de grâce, légère et environnée d'oiseaux, je ressentais mon trouble quand tout mon être flottait dans l'azur.
Je montais, je descendais, je faisais de larges voltes, élégantes, j'épousais pour un temps un courant sorti d'un nuage, puis j'en épousais un autre, je faisais la ronde des amours célestes.
Une secousse plus brutale que les autres, me porta d'un seul jet au dessus du sol détrempé, je me voyais frôler, au ras de la surface d' un lac immense, je tournoyais un instant qui parut sans fin au dessus des vaguelettes, la peur d'être noyée dans cette eau miroir, me saisit, mais la bise capricieuse nous reprit soudain pour nous emporter haut très haut, si haut que les maisons disparaissaient sous les masses d'eau lourde des nuées moutonneuses et épaisses.
La descente qui suivit fut longue, très longue et douce, en très longs paliers successifs, en un coquin jeu de va et vient, un silencieux balancement, comme le marin tire des bords, je traversais l'océan, je survolais des églises à bulbes colorés, des champs de fleurs logées au chaud sous de grands tunnels transparents, des prairies vertes où les troupeaux allaient ruminant lentement entre les champignons de rosée, j'évitais avec adresse les clochers d'église et leur flèche aiguë.
Je dégustais mon odyssée fuyant les chemins de terre lourde dont la glaise collante semblait être un dangereux piège, j'allais légère et gracieuse de villages en villages, de sentes en sentiers, d'une haie de noisetiers à l'autre. Je me frottais coquette au tronc rugueux des pommiers, des cerisiers dévêtus, je me roulais, m'enroulais et repartais.
Sous le souffle je compris que la fatigue commençait à m'envahir, je me sentais faiblir. J'étais bientôt près du sol, je m'étais trop approchée des habitations et je fus dirigée vers une très large ouverture de verre, elle était entrebâillée et je fus rapidement aspirée malgré moi par un tourbillon qui me plaqua sur un immense plancher de bois.
Malgré mon désenchantement et ma contrariété je pris le temps de regarder autour de moi.
A peine au sol, je découvris une pièce immense, bien haute de plafond, des murs couverts de rayonnages qui portaient une multitude de livres.
La lumière du lieu était douce et chaleureuse, nous étions dans un monde merveilleux, il y avait un grand tapis précieux et doux, des quantités de petits éclairages et surtout ces trésors inestimables que sont tous ces livres, promesses de beauté, de rêves, de voyage, de savoir,
Nous étions quelques unes malheureuses rassemblées ici, échouées sous le poids et les caprices de l'air furieux. Pauvres maladroites que nous étions, nous avons un bon moment couru en rond, tournoyé vite, très vite, soumises aux puissants tourbillons d'air, enfin tout s'est apaisé, nous tournions maintenant lentement, puis nous avons fait une ronde plus large, calme comme un joli ballet de couleurs.
Mais ce plaisir idyllique se trouva violenté par un autre excès du vent mauvais qui nous prit toutes sans ménagement et nous traîna irrésistiblement, cruel qu'il était, vers la porte du jardin.
Je vis, alors mes congénères se blottir les unes contre les autres sur un haut tas, une pauvre pyramide molle et mouillée.
C'est à ce moment que je sentis une main ferme et forte me saisir, des doigts me caressaient, ils me défripèrent, lentement avec précaution et amour, et avec soin ils me posaient délicatement entre deux pages d'un livre, à côté d'une mauve et d'un bouton d'or.
Un long sommeil d 'éternité sombre m'attendait et le livre se referma.

Loriane Lydia Maleville

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
saulot
Posté le: 23-06-2012 13:49  Mis à jour: 23-06-2012 13:49
Plume d'Or
Inscrit le: 23-06-2012
De:
Contributions: 445
 Re: Odyssée
C'est très bien écrit, autrement si j'ai bien compris cela raconte l'histoire d'une fleur ou d'une plante qui fait un long vol.
Loriane
Posté le: 23-06-2012 14:05  Mis à jour: 23-06-2012 14:05
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
 Re: Odyssée
Vi, c'est une feuille d'automne. une feuille d'érable because toute rouge
Tu avais deviné ?
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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