Le vin que j'aime boire, enflamme ma pensée De rimes et de vers dont la forme encensée, Déclare à mon génie : tu naquis en tonneau, Tu grandis, et fus mis en bouteille au château.
J'aime le vin qui perle, haut sur la haute branche, Au sortir de Vénus, au détour de sa hanche. Le bon vin qui enivre et ravive l'espoir Qui se meurt à l'heure où, se meurt aussi le soir.
J'aime boire le vin, le sang de Celui qui, Le versant sur sa Croix, en pleurant, m'a conquis, Et, par les sombres nuits, tristes nuits de Décembre, Revient me consoler de son sourire tendre.
J'aime l'ivresse d'or dont me pare le vin, Et sa rime d'argent qui rime avec divin. J'aime le vin, c'est tout. Je suis sans parti-pris. Rouge ou blanc, ou rosé, moi, je suis toujours gris.
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