Mon ouïe persistera à sonder le silence, Ma vue s’émoussera à scruter chaque artère, Mon corps, abandonné, se souvient d’un « hier ». Suis-je donc condamné à cette vaine errance ? Chaque éclat de ta voix n’est que pour me guider. Chaque rire est empreint d’énergies redoutables, Propices à débouter les assauts des notables. Chacun de tes silences berce le nouveau né. Point n’est besoin de mots pour ton âme épouser. Chaque cellule, en moi, résonnera de toi, Imprimée de ton sang, de ta force, de ta joie. Ton regard, par le mien, continue de vibrer. Oh, que ne donnerais-je pour pouvoir te serrer, Sur ton cœur, déposer mes angoisses mortelles, Me ressourcer, enfin, de ta douceur si belle Et sans plus de tracas, un instant, oublier. Pourrai-je ressentir les joies de ta présence, Alors que, racornie de t’avoir trop cherchée, Ma peau ne ressent plus la tiédeur du baiser ? Mon être tout entier sombre d’indifférence. Ce que tu m’as donné, est à ma descendance. Je me dois d’en léguer l’intégrale fierté. Nous ne sommes qu’un maillon de cette hérédité. C’est donc l’heure pour moi, de quitter mon enfance. Tu me pousses, bienveillante, vers d’autres bras amants. Appréhender la vie en se riant de tout, Je le ferai, bien sûr, et cela, jusqu’au bout, Simplement, quelquefois,… tu me manques, maman.
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