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Nouvelles confirmées : Exercices de style
Publié par dumont011 le 29-07-2015 17:10:00 ( 1349 lectures ) Articles du même auteur




1- Quenois:
Ce n'était ni un homme, ni une femme, mais un hermaphrodite. Ce n'était ni le jour, ni la nuit, mais le crépuscule. Ce n'était ni un bordel, ni une église, mais un café. Ce n'était ni une insulte, ni un compliment, mais une raillerie.

2 – Jallounesque:
Comme on peut l'imaginer, la société arabe, profondément patriarcale, voit en toute aspiration de la femme à l'émancipation, un outrage aux bonnes moeurs et aux conventions! Ainsi l'autre jour, alors que la soirée commençante exhalait le doux parfum de jasmin, le très vénéré Imam de cette jolie bourgade qui exhibait sa blancheur sur cette paradisiaque colline surplombant la mer, et après avoir fini la prière du coucher, s'en allait chez lui de son pas pieux. Il passa par ce pittoresque café et vit sur la terrasse ce garçon manqué boire un thé à la menthe et fumer son narguilé! Cela lui déplut! Une femme dans un café! Et au serveur qui l'invitait à se reposer un brin et savourer gratuitement un petit thé, il dit refusant:
" Je crains qu'on ne me reproche de m'adonner à des pratiques de femmelettes!"

3 – Maupassien:
La nuit s'approchait inévitable, impérieuse, majestueuse. La diligence sautait sur la route cahoteuse avec des grincements sinistres qui accentuèrent encore plus le désagrément du voyage. Ce fut donc avec beaucoup de soulagement, que les quelques voyageurs qui se serraient à l'intérieur virent se dessiner dans l'obscurité grandissante la silhouette d'une auberge comme un trois mâts émergeant du brouillard. Et ces sinistrés de la route, ces robinsons de la campagne, ces passagers à qui la diligence avait donné le mal de mer s'ancrèrent sur la terrasse, pleins de béatitude.
L'aubergiste, une femme imposante, vint d'une voix hommasse leur souhaiter la bienvenue.
- Ça promet, dit le militaire, qui se prenait pour un homme d'esprit, à la voisine qu'il n'avait cessé de courtiser tout le long du voyage.

4 – Beckettin:
(Café – arbre – la lune se met à monter dans le ciel)
Herma –
Si on partait?
Phrodite – On ne peut pas!
Herma – Pourquoi?
Phrodite – On attend qu'on nous serve notre café!
Herma – Ah! (Temps)J'ai peur! (Phrodite ne répond pas; il somnole debout) Tu dors? (va le secouer.)
Phrodite (manque de tomber) – Que se passe-t-il? Qu'est-ce que tu as?
Herma – J'ai peur!
Phrodite – De quoi?
Herma – de ma nature, de mon physique.Je ne sais si je suis un homme ou une femme!
Phrodite – Bah! L’aubergiste te le dira. (Temps)Quand il arrivera. (Temps)Il sait tout!
Curé (rentre chevauchant un homme aveugle) – Ah! Ah! Pauvres brebis! Quelle innocence!

5 – Buckowskain:
J'étais pété. J'avais roulé toute l'après-midi tout en buvant au goulot un mauvais vin, et réussi à échapper à tous les pièges et radars de ces satanés flics. J'étais dans ce bar, face à la mer et aux mouettes. Une mulâtre vint poser son gros cul non loin de moi. Jésus! Dieu tout puissant! Quel châssis! (Je ne sais pas ce que dieu vient toujours faire dans ce genre de situation.) Je ne pouvais pas arrêter de reluquer ses jambes. J'avais un gros bâton entre les miennes. Au bout d'un moment, elle se leva et vint dans ma direction avec un sourire narquois. J'ai regardé derrière moi, il n'y avait personne d'assis. Bon dieu! C'est à moi qu'elle sourit, me dis-je.
- Alors pépé, dit-elle, tu veux de la cochonnerie? Avec moi tu seras comblé; je possède ce que les deux sexes cherchent…

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
EXEM
Posté le: 29-07-2015 18:13  Mis à jour: 29-07-2015 18:13
Plume d'Or
Inscrit le: 23-10-2013
De:
Contributions: 1480
 Re: Exercices de style
J'ai toujours constaté la nature romantique de Dumont, et la plume qui l'aide à nous la dévoiler. Aujourd'hui, devant cet exercice, je découvre qu'il possède une culture incroyable. Cela me rend humble et c'est avec grande amitié que je le félicite pour ce texte que j'ai non seulement lu, mais admiré tout du long.
emma
Posté le: 29-07-2015 18:48  Mis à jour: 29-07-2015 18:48
Modérateur
Inscrit le: 02-02-2012
De: Paris
Contributions: 1494
 Re: Exercices de style
hé hé !

J'ai jamais compris où Beckett voulait en venir et avec le décodeur dumont : ben c'est pas mieux, j'comprends toujours pas !

Mais bon ! c'est pas grave ! le tout est de belle facture et l'on retrouve bien l'héritage des grands maitres et comme dit le dicton : tout grand art commence par le pastis... heu ! je veux dire le pastiche !
Istenozot
Posté le: 29-07-2015 20:51  Mis à jour: 29-07-2015 20:51
Plume d'Or
Inscrit le: 18-02-2015
De: Dijon
Contributions: 2303
 Re: Exercices de style
Cher Houcine,

Que puis-je ajouter aux commentaires d'Emma et d'Exem que je partage.

Ton texte est plus vrai que vrai.
Son côté décalé est surprenant. A chaque ligne, l'on se demande si l'on est ici ou ailleurs, si l'on est ou l'on est pas, finalement, un hermaphrodite de la pensée!

Quelle culture et quel talent mon ami!

Amitiés de Beaulieu.

Jacques
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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